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RENCONTRE AVEC LE CLERGÉ DU DIOCÈSE DE ROME

DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI

Salle des Bénédictions
Jeudi 2 mars 2006

 

Je prends la parole immédiatement, sinon mon monologue risque de devenir trop long, si j'attends la fin de toutes les interventions. Je voudrais avant tout exprimer ma joie d'être ici avec vous, chers prêtres de Rome. C'est une joie réelle:  celle de voir tant de bons pasteurs au service du "Bon Pasteur" ici, au premier Siège de la chrétienté, dans l'Eglise qui "préside à la charité" et qui doit être le modèle des autres Eglises locales. Merci pour votre service!

Nous avons l'exemple lumineux de dom Andrea, qui nous indique ce que signifie "être" prêtre jusqu'au bout:  mourir pour le Christ au moment de la prière et ainsi, témoigner, d'un côté, de l'intériorité de sa propre vie dans le Christ et, de l'autre, donner son témoignage pour les hommes dans un lieu réellement "panpériphérique" du monde, entouré de la haine et du fanatisme des autres. Il s'agit d'un témoignage qui inspire chacun à suivre le Christ, à donner sa vie pour les autres et à trouver, précisément ainsi, la Vie.

En ce qui concerne la première intervention, je voudrais avant tout adresser un grand merci pour cette merveilleuse poésie! On trouve également des poètes et des artistes dans l'Eglise de Rome, parmi les prêtres de Rome, et j'aurai encore la possibilité de méditer et d'intérioriser ces belles paroles et de garder à l'esprit le fait que cette "fenêtre" est toujours "ouverte". Sans doute est-ce l'occasion de rappeler l'héritage fondamental du grand Pape Jean-Paul II, pour continuer d'assimiler toujours plus cet héritage.

Hier, nous sommes entrés en Carême. La liturgie d'aujourd'hui nous offre une profonde indication de la signification essentielle du Carême:  il s'agit d'un indicateur sur le chemin de notre vie. C'est pourquoi il me semble - je parle  en me référant au Pape Jean-Paul II - que nous devons insister un peu sur la première Lecture de la journée d'aujourd'hui. Le grand discours de Moïse au seuil de la Terre Sainte, après un pèlerinage de quarante ans dans le désert, est un résumé de toute la Torah, de toute la Loi. Nous trouvons ici l'essentiel non seulement pour le peuple juif, mais également pour nous. Cet élément essentiel est la parole de Dieu:  "Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction; choisis donc la vie" (Dt 30, 19). Cette parole fondamentale du Carême est également la parole fondamentale de l'héritage de notre grand Pape Jean-Paul II:  choisir la vie. Telle est notre vocation sacerdotale:  choisir nous aussi la vie et aider les autres à choisir la vie. Il s'agit de renouveler pendant le Carême notre "option fondamentale", pour ainsi dire, l'option pour la vie.

Mais une question se pose immédiatement:  comment choisit-on la vie? Comment fait-on? En réfléchissant, il m'est venu à l'esprit que la grande défection du christianisme qu'a vécue l'Occident au cours des cent dernières années a été réalisée précisément au nom de l'option pour la vie. Il a été dit - je pense à Nietzsche, mais également à tant d'autres - que le christianisme est une option contre la vie. A travers la Croix, à travers tous les commandements, à travers tous les "Non" qu'il nous propose, il nous ferme la porte de la vie. Mais nous, nous voulons avoir la vie, et nous choisissons, nous optons, finalement, pour la vie en nous libérant de la Croix, en nous libérant de tous ces commandements et de tous ces "non". Nous voulons avoir la vie en abondance, rien d'autre que la vie. Ici vient immédiatement en mémoire la parole de l'Evangile d'aujourd'hui:  "Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera" (Lc 9, 24). Tel est le paradoxe que nous devons avant tout garder en mémoire dans l'option pour la vie. Ce n'est pas en nous arrogeant la vie pour nous-mêmes, mais seulement en donnant la vie, ce n'est pas en la possédant et en la prenant, mais en la donnant, que nous pouvons la trouver. Tel est le sens ultime de la Croix:  ne pas garder pour soi, mais donner la vie.

Ainsi, Nouveau et Ancien Testament vont de pair. Dans la première Lecture du Deutéronome, la réponse de Dieu est:  "Si tu écoutes les commandements de Yahvé ton Dieu, que je te prescris aujourd'hui, et que tu aimes Yahvé ton Dieu, que tu marches dans ses voies, que tu gardes ses commandements, ses lois et ses coutumes, tu vivras" (30, 16). A première vue, cela ne nous plaît pas, mais telle est la voie:  l'option pour la vie et l'option pour Dieu sont identiques. Le Seigneur le dit dans l'Evangile de saint Jean:  "La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent" (Jn 17, 3). La vie humaine est une relation. Ce n'est qu'au sein d'une relation, et non pas fermés sur nous-mêmes, que nous pouvons avoir la vie. Et la relation fondamentale est la relation avec le Créateur, sinon les autres relations sont fragiles. Choisir Dieu, donc:  tel est l'essentiel. Un monde vide de Dieu, un monde qui a oublié Dieu, perd la vie et tombe dans une culture de la mort. Choisir la vie, faire le choix de la vie, signifie donc avant tout choisir l'option-relation avec Dieu. Mais ici, naît aussitôt la question:  avec quel Dieu? Ici, à nouveau, l'Evangile nous vient en aide:  avec ce Dieu qui nous a montré son visage dans le Christ, avec le Dieu qui a vaincu la haine sur la Croix, c'est-à-dire dans l'amour jusqu'à la fin. Ainsi, en choisissant ce Dieu, nous choisissons la vie.

Le Pape Jean-Paul II nous a donné la grande Encyclique Evangelium vitae. Dans celle-ci - qui est en quelque sorte un tour d'horizon des problèmes de la culture actuelle, de ses espérances et de ses dangers - il apparaît de façon visible qu'une société qui oublie Dieu, qui exclut Dieu, précisément pour avoir la vie, tombe dans une culture de la mort. C'est précisément en voulant avoir la vie que l'on dit "non" à l'enfant, car il ôte quelque chose à ma vie; on dit "non" à l'avenir, pour avoir tout le présent; on dit "non" tant à la vie qui naît qu'à la vie qui souffre, qui va vers la mort. Cette apparente culture de la vie devient l'anti-culture de la mort, dans laquelle Dieu est absent, dans laquelle est absent le Dieu qui n'ordonne pas la haine, mais qui vainc la haine. Ici, nous faisons le choix véritable de la vie. Tout est alors lié:  l'option la plus profonde pour le Christ crucifié avec l'option la plus totale pour la vie, du premier au dernier moment.

Cela me semble, d'une certaine façon, également le centre de notre pastorale:  aider à faire un véritable choix pour la vie, renouveler la relation avec Dieu comme la relation qui nous donne la vie et nous indique la voie vers la vie. Et ainsi, aimer à nouveau le Christ qui, de l'Etre le plus inconnu auquel nous n'arrivions pas et qui demeurait énigmatique, est devenu un Dieu connu, un Dieu au visage humain, un Dieu qui est amour. Nous gardons précisément à l'esprit ce point fondamental pour la vie et nous considérons que dans ce programme est présent tout l'Evangile, de l'Ancien au Nouveau Testament, qui a comme centre le Christ. Le Carême, pour nous aussi, devrait être un temps pour renouveler notre connaissance de Dieu, notre amitié avec Jésus, pour être ainsi capables de guider les autres de façon convaincante à l'option pour la vie, qui est avant tout une option pour Dieu. Il faut qu'il nous apparaisse clairement qu'en choisissant le Christ, nous n'avons pas choisi la négation de la vie, mais nous avons réellement choisi la vie en abondance.

L'option chrétienne est, au fond, très simple:  il s'agit de l'option du "oui" à la vie. Mais ce "oui" ne se réalise qu'avec un Dieu qui n'est pas inconnu, avec un Dieu au visage humain. Il se réalise en suivant ce Dieu dans la communion de l'amour. Ce que j'ai dit jusqu'à présent veut être une façon de renouveler notre souvenir à l'égard du grand Pape Jean-Paul II.

Venons-en à présent à la deuxième intervention, si sympathique, à propos des mères de famille. Je dirais qu'à présent, je n'ai pas de grands programmes, de paroles que vous puissiez transmettre aux mères. Dites simplement:  le Pape vous remercie! Il vous remercie, car vous avez donné la vie, car vous voulez aider cette vie qui croît et vous voulez ainsi construire un monde humain, contribuant à un avenir humain. Et vous le faites non seulement en donnant la vie biologique, mais en communiquant le centre de la vie, en voulant faire connaître Jésus, en introduisant vos enfants à la connaissance de Jésus, à l'amitié avec Jésus. Tel est le fondement de toute catéchèse. Il faut donc remercier les mères, surtout car elles ont eu le courage de donner la vie. Et il faut prier les mères de compléter ce don de la vie par le don de l'amitié avec Jésus.

La troisième intervention était du recteur de l'église Sainte-Anastasie. Je voudrais dire ici, entre parenthèses, que l'église Sainte-Anasthasie m'était déjà chère avant d'y rendre visite, car c'était l'église titulaire de notre cher Cardinal de Faulhaber. Il nous a toujours dit qu'à Rome, il avait une église, celle de Sainte-Anasthasie. Nous nous sommes toujours rencontrés avec cette communauté à l'occasion de la deuxième Messe de Noël, consacrée à la "station" de sainte Anasthasie. Les historiens disent que c'est là que le Pape devait rendre visite au gouverneur byzantin, qui y avait son siège. L'église nous fait penser également à cette sainte, et également à l'"Anastasis":  à Noël, nous pensons également à la Résurrection. Je ne savais pas, et je suis content d'en avoir été informé, qu'à présent, cette église est le siège de l'"Adoration perpétuelle"; il s'agit donc d'un point central de la vie de foi à Rome. Je place avec confiance entre les mains du Cardinal-Vicaire cette proposition de créer, dans les cinq secteurs du diocèse de Rome, cinq lieux d'adoration perpétuelle. Je voudrais simplement dire que je rends grâce à Dieu, car après le Concile, après une période où le sens de l'adoration eucharistique manquait quelque peu, a été redécouverte la joie de cette adoration partout dans l'Eglise, comme nous l'avons vu et entendu au cours du Synode sur l'Eucharistie. Certes, à travers la Constitution conciliaire sur la Liturgie, a été redécouverte surtout toute la richesse de l'Eucharistie célébrée, dans laquelle se réalise le testament du Seigneur:  Il se donne à nous et nous répondons en nous donnant à Lui. Mais à présent, nous avons redécouvert que cet aspect central que nous a donné le Seigneur en pouvant célébrer son sacrifice et entrer ainsi en communion sacramentelle, presque corporelle, avec Lui, perd de sa profondeur et également de sa richesse humaine s'il manque l'Adoration, comme acte découlant de  la communion reçue:  l'adoration consiste à entrer, au plus profond de notre coeur, en communion avec le Seigneur, qui est présent de façon corporelle dans l'Eucharistie. Dans l'Ostensoir, il se donne toujours entre nos mains, et nous invite à nous unir à sa Présence, à son Corps ressuscité.

A présent, venons-en à la quatrième question. Si j'ai bien compris, mais je n'en suis pas sûr, c'était la suivante:  "Comment parvenir à une foi vivante, à une foi réellement catholique, à une foi concrète, vive et efficace?". La foi, en ultime analyse, est un don. La première condition consiste donc à se laisser donner quelque chose, ne pas être auto-suffisants, ne pas tout faire tout seul, car cela n'est pas possible, mais nous ouvrir dans la conscience que le Seigneur donne réellement. Il me semble que ce geste d'ouverture est également le premier geste de la prière:  être ouvert à la présence du Seigneur et à son don. Il s'agit également du premier pas en vue de recevoir une chose que nous ne faisons pas nous-mêmes et que nous ne pouvons avoir si nous avons l'intention de la réaliser nous-mêmes. Ce geste d'ouverture, de prière - donne-moi la foi, Seigneur! - doit être réalisé de tout notre être. Nous devons entrer dans cette disponibilité d'accepter ce don et de laisser ce don imprégner notre pensée, nos sentiments, notre volonté. Il me semble très important ici de souligner un point essentiel:  personne ne croit seul par lui-même. Nous croyons toujours dans et avec l'Eglise. Le credo est toujours un acte partagé, qui nous introduit dans une communion de chemin, de vie, de parole, de pensée. Nous n'"accomplissons" pas la foi, car c'est avant tout Dieu qui la donne. Mais nous ne l'"accomplissons" pas également au sens où elle ne doit pas être inventée par nous. Nous devons nous laisser entraîner, pour ainsi dire, dans la communion de la foi, de l'Eglise. Croire est un acte catholique en soi. C'est une participation à cette grande certitude, qui est présente dans le sujet vivant de l'Eglise. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons également comprendre l'Ecriture Sainte dans la diversité d'une lecture qui se développe depuis mille ans. Il s'agit d'une Ecriture, car c'est l'élément, l'expression de l'unique sujet - le Peuple de Dieu - qui, au cours de son pèlerinage, est toujours le même sujet. Naturellement, il s'agit d'un sujet qui ne parle pas en soi, mais c'est un sujet créé par Dieu - l'expression classique est "inspiré" -, un sujet qui reçoit, puis qui traduit et transmet cette parole. Cette synergie est très importante. Nous savons que le Coran, selon la foi islamique, est une parole donnée oralement par Dieu, sans médiation humaine. Le Prophète n'y est pour rien. Il l'a uniquement écrite et transmise. C'est la pure parole de Dieu. Tandis que pour nous, Dieu entre en communion avec nous, il nous fait coopérer, il crée ce sujet et c'est dans ce sujet que croît et se développe sa parole. Cette part humaine est essentielle, et nous donne également la possibilité de voir que les paroles individuelles ne deviennent réellement Parole de Dieu que dans l'unité de toute l'Ecriture dans le sujet vivant du Peuple de Dieu. Le premier élément est donc le don de Dieu; le second est la participation dans la foi du peuple en pèlerinage, la communion dans la Sainte Eglise, qui, pour sa part, reçoit le Verbe de Dieu, qui est le Corps du Christ, animé par la Parole vivante, par le Logos divin. Nous devons approfondir, jour après jour, notre communion avec la Sainte Eglise et ainsi avec la Parole de Dieu. Il ne s'agit pas de deux choses opposées, de telle sorte que je puisse dire:  je préfère l'Eglise ou je préfère la Parole de Dieu. Ce n'est que de façon unie que l'on fait partie de l'Eglise, que l'on devient membre de l'Eglise, que l'on vit de la Parole de Dieu, qui est la force de vie de l'Eglise. Et celui qui vit de la Parole de Dieu ne peut la vivre que parce qu'elle est vivante et vitale dans l'Eglise vivante.

La cinquième intervention concernait Pie XII. Merci pour cette intervention. C'était le Pape de ma jeunesse. Nous l'avons tous vénéré. Comme il a été dit à juste titre, il a beaucoup aimé le peuple allemand, il l'a défendu également au cours de la grande catastrophe après la guerre. Et je dois ajouter qu'avant d'être Nonce à Berlin, il était Nonce à Munich, car au début, Berlin n'avait pas encore de représentation pontificale. Il était même très proche de nous. Cela me semble une occasion propice d'exprimer ma gratitude à tous les grands Papes du siècle dernier. Le siècle s'est ouvert avec saint Pie X, puis Benoît XV, puis Pie XI, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul I et Jean-Paul II. Il me semble que cela représente un don spécial dans un siècle aussi difficile, avec deux Guerres mondiales, avec deux idéologies destructrices:  le fascisme-nazisme et le communisme. C'est précisément au cours de ce siècle, qui s'est opposé à la foi de l'Eglise, que le Seigneur nous a donné une chaîne de grands Papes, et ainsi, un héritage spirituel qui a confirmé, dirais-je, historiquement la vérité du primat du Successeur de Pierre.

L'intervention suivante consacrée à la famille provenait du curé de Santa Silvia. Ici, je ne peux qu'être entièrement d'accord. Dans les visites "ad limina" également, je parle toujours avec les Evêques de la famille, menacée, de diverses façons, dans le monde. Elle est menacée en Afrique, car on rencontre des difficultés à passer du "mariage coutumier" au "mariage religieux" par peur de sa dimension définitive.

Alors qu'en Occident, la peur de l'enfant est motivée par la crainte de perdre quelque chose de la vie, là-bas, c'est le contraire:  jusqu'à ce qu'il soit prouvé que la femme aura également des enfants, on ne peut oser le mariage définitif. C'est pourquoi le nombre de mariages religieux demeure relativement bas, et de nombreux "bons" chrétiens aussi, tout en ayant une très grande volonté d'être chrétiens, ne franchissent pas ce dernier pas. Le mariage est menacé également en Amérique latine pour d'autres raisons, et il est fortement menacé, comme nous le savons, en Occident. C'est pourquoi nous devons d'autant plus aider, en tant qu'Eglise, les familles qui représentent la cellule fondamentale de toute société saine. Ce n'est qu'ainsi que peut se créer dans la famille une communion des générations, dans laquelle la mémoire du passé vit dans le présent et s'ouvre à l'avenir. Ainsi, la vie se poursuit, se développe et va réellement de l'avant. Aucun véritable progrès n'est possible sans cette continuité de vie, et, de même, sans l'élément religieux. Sans la confiance en Dieu, sans la confiance dans le Christ qui nous donne également la capacité de la foi et de la vie, la  famille  ne peut survivre. Nous le voyons aujourd'hui. Seule la foi dans le Christ et seul le partage de la foi de l'Eglise sauve la famille et, d'autre part, ce n'est que si la famille est sauvée que l'Eglise peut vivre. Présentement, je ne possède pas la recette pour y parvenir. Mais il me semble que nous devons toujours le garder à l'esprit. C'est pourquoi nous devons faire tout ce qui est possible pour sauvegarder la famille:  cercles familiaux, catéchèses familiales, enseigner la prière en famille. Cela me semble très important:  là où l'on prie ensemble, là où est présent le Seigneur, est présente cette force qui peut également rompre la "sclérocardie", la dureté du coeur qui, selon le Seigneur, est le véritable motif du divorce. Rien d'autre, si ce n'est la présence du Seigneur, ne nous aide à vivre réellement ce qui était voulu dès le début par le Créateur et renouvelé par le Rédempteur. Enseigner la prière familiale et ainsi, inviter à la prière avec l'Eglise. Et trouver ensuite toutes les autres façons.
Je réponds à présent au vice-curé de Saint-Jérôme - je constate également qu'il est très jeune - qui nous parle de ce qu'accomplissent les femmes dans l'Eglise, également pour les prêtres. Je ne peux que souligner que je suis toujours très impressionné, dans le premier Canon, le Canon romain, par la prière spéciale pour les prêtres:  "Nobis quoque peccatoribus". Voilà, dans cette humble réalité des prêtres, nous, précisément en tant que pécheurs, nous prions le Seigneur pour qu'il nous aide à être ses serviteurs. Dans cette prière pour les prêtres, et seulement dans celle-ci, apparaissent sept femmes qui entourent le prêtre. Celles-ci se présentent précisément comme les femmes croyantes qui nous aident sur notre chemin. Chacun a certainement vécu cette expérience. Et ainsi, l'Eglise a une grande dette de reconnaissance à l'égard des femmes. Et vous avez justement souligné que, au niveau charismatique, les femmes font beaucoup, j'oserais dire, pour le gouvernement de l'Eglise, à commencer par les religieuses, par les soeurs des grands Pères de l'Eglise, comme saint Ambroise, jusqu'aux grands noms du moyen-âge - sainte Hildegarde, sainte Catherine de Sienne, puis sainte Thérèse d'Avila - et jusqu'à Mère Teresa. Je dirais que ce secteur charismatique se distingue assurément du secteur ministériel au sens strict du terme, mais il s'agit d'une participation véritable et profonde au gouvernement de l'Eglise. Comment pourrait-on imaginer le gouvernement de l'Eglise sans cette contribution, qui devient parfois très visible, comme lorsque sainte Hildegarde critique les Evêques ou lorsque sainte Brigitte et sainte Catherine de Sienne lancent des admonestations et obtiennent le retour des Papes à Rome? Il s'agit toujours d'un facteur déterminant, sans lequel l'Eglise ne peut pas vivre. Toutefois, vous dites à juste titre:  nous voulons voir de manière plus visible, également de façon ministérielle, les femmes dans le gouvernement de l'Eglise. Disons que la question est la suivante. Le ministère sacerdotal du Seigneur est, comme nous le savons, réservé aux hommes, dans la mesure où le ministère sacerdotal est un gouvernement au sens profond qui, en définitive, est le Sacrement qui gouverne l'Eglise. Voilà le point décisif. Ce n'est pas l'homme qui fait quelque chose, mais le prêtre fidèle à sa mission qui gouverne, dans le sens où il est le Sacrement; c'est-à-dire, qu'à travers le Sacrement, c'est le Christ lui-même qui gouverne, que ce soit à travers l'Eucharistie ou les autres Sacrements, et ainsi le Christ préside toujours. Toutefois, il est juste de se demander si, dans le service ministériel aussi - malgré le fait que le Sacrement et le charisme sont ici la voie unique par laquelle se réalise l'Eglise -, on ne peut pas offrir plus de postes, plus de positions de responsabilité aux femmes.

Je n'ai pas totalement compris les termes de la huitième intervention. En substance, j'ai compris qu'aujourd'hui, l'humanité, en marchant de Jérusalem à Jéricho, rencontre les voleurs sur son chemin. Le Bon Samaritain l'aide avec la miséricorde du Seigneur. Nous pouvons seulement souligner que, à la fin, c'est l'homme qui est tombé et qui retombe toujours à nouveau parmi les voleurs, et c'est le Christ qui nous guérit. Nous devons et nous pouvons l'aider, que ce soit dans le service de l'amour ou dans le service de la foi, qui est aussi un ministère d'amour.

Ensuite, les martyrs de l'Ouganda. Merci de cette contribution. Cela nous fait penser au continent africain, qui est la grande espérance de l'Eglise. J'ai reçu ces derniers mois une grande partie des Evêques africains en visite "ad limina". Cela a été très édifiant pour moi, et aussi réconfortant, de voir des Evêques de haut niveau théologique et culturel, des Evêques zélés, qui sont réellement animés par la joie de la foi. Nous savons que cette Eglise se trouve entre de bonnes mains, mais qu'elle souffre, car les nations ne se sont pas encore formées. En Europe, c'est précisément par l'intermédiaire du christianisme que, au-delà des ethnies qui existaient, se sont formés les grands corps des  nations,  les  grandes langues, et ainsi des communions de cultures et des espaces de paix. Même si, ensuite, ces grands espaces de paix se sont opposés entre eux et ont aussi créé une nouvelle espèce de guerre qui n'existait pas auparavant. Toutefois, en Afrique, dans de nombreuses régions, cette situation existe encore, surtout là où il y a des ethnies dominantes. Le pouvoir colonial a ensuite imposé des frontières, entre lesquelles doivent à présent se former des nations. Mais il existe encore cette difficulté à se retrouver dans un grand ensemble et à  trouver,  au-delà des ethnies, l'unité du gouvernement démocratique et également la possibilité de s'opposer aux abus coloniaux qui continuent. De plus, l'Afrique continue à être toujours l'objet d'abus de la part des grandes puissances, et de nombreux conflits n'auraient pas pris cette forme si les intérêts des grandes puissances ne se trouvaient pas derrière. J'ai pu constater aussi que l'Eglise, dans toute cette confusion, avec son unité catholique, est le grand facteur qui unit face à la dispersion. Dans de nombreuses situations, surtout après la longue guerre dans la République démocratique du Congo, l'Eglise est restée l'unique réalité qui fonctionne et qui fait continuer la vie, qui apporte l'assistance nécessaire, qui garantit la coexistence et qui aide à trouver la possibilité de réaliser un grand ensemble. C'est pourquoi, dans ces situations, l'Eglise exerce également un service venant substituer le niveau politique, en donnant la possibilité de vivre ensemble et de reconstruire la communion, après les destructions, ainsi que de reconstruire l'esprit de réconciliation, après l'explosion de la haine. De nombreuses personnes m'ont dit que, précisément dans ces situations, le Sacrement de la Pénitence est d'une grande importance comme force de réconciliation et doit également être administré dans ce sens. Je voulais, en un mot, dire que l'Afrique est un continent de grande espérance, de grande foi, de réalités ecclésiales émouvantes, de prêtres et d'évêques zélés. Mais c'est également toujours un continent qui a besoin - après les destructions que l'Europe y a causées - de notre aide fraternelle. Et celle-ci ne peut que naître de la foi, qui crée également la charité universelle au-delà des divisions humaines. Telle est notre grande responsabilité en ce temps. L'Europe a importé ses idéologies, ses intérêts, mais elle a également importé, avec la mission, le facteur de la guérison. Aujourd'hui, nous avons encore davantage la responsabilité d'avoir nous aussi une foi zélée, qui puisse être communiquée, qui veut aider les autres, qui est bien consciente que donner la foi ne signifie pas introduire une force d'aliénation, mais apporter le don véritable dont l'homme a besoin, précisément pour être aussi une créature de l'amour.

Le dernier point était celui abordé par le vice-curé, de l'ordre des Carmes de Sainte-Thérèse d'Avila, qui nous a révélé à juste titre ses préoccupations. Un simple optimisme superficiel, qui ne tiendrait pas compte des grandes menaces à l'égard des jeunes d'aujourd'hui, des enfants, des familles, serait certainement erroné. Nous devons percevoir avec un grand réalisme ces menaces qui naissent là où Dieu est absent. Nous devons sentir toujours davantage notre responsabilité, afin que Dieu soit présent, et ainsi, l'espérance et la capacité d'avancer avec confiance vers l'avenir.

***

Après l'intervention de cinq autres prêtres, le Pape a conclu ainsi son discours: 

Je reprends à présent la parole, en commençant par l'Académie pontificale. Ce que vous avez dit sur le problème des adolescents, sur leur solitude et sur l'incompréhension de la part des adultes, trouve en nous un écho concret aujourd'hui. Il est intéressant de voir que cette jeunesse, qui cherche une très grande proximité dans les discothèques, souffre en réalité d'une grande solitude, et naturellement aussi d'incompréhension. Cela me semble, d'une certaine façon, l'expression du fait que les pères, comme on l'a dit, sont en grande partie absents de la formation de la famille. Mais les mères aussi doivent travailler en dehors du foyer. La communion entre eux est très fragile. Chacun vit dans son monde:  ce sont des îlots de la pensée, du sentiment, qui ne s'unissent pas. Le grand problème propre à notre époque - dans lequel chacun, en voulant avoir sa vie pour soi, la perd parce qu'il s'isole et isole l'autre de lui - est de retrouver la profonde communion qui, à la fin, ne peut venir que d'un fonds commun à toutes les âmes, de la présence divine qui nous unit tous. Il me semble que la condition est de surmonter la solitude et également de surmonter l'incompréhension, car celle-ci est aussi le résultat du fait que la pensée est aujourd'hui fragmentée. Chacun cherche sa façon de penser, de vivre, et il n'y a pas de communication dans une vision profonde de la vie. La jeunesse se sent exposée à de nouveaux horizons qui n'ont pas été transmis par la génération précédente, car il manque la continuité de la vision du monde, pris dans une séquence toujours plus rapide de nouvelles inventions. En dix ans ont été réalisés des changements qui, par le passé, ne s'étaient pas même produits en cent ans. C'est ainsi que se séparent réellement deux mondes. Je pense à ma jeunesse et à l'ingénuité, si je puis dire, dans laquelle nous avons vécu, dans une société entièrement agricole, par rapport à la société d'aujourd'hui. Nous voyons que le monde change toujours plus rapidement, si bien qu'il se fragmente également à cause de ces changements. C'est pourquoi, dans un moment de renouveau et de changement, l'élément de la permanence devient plus important. Je me souviens lorsque la Constitution conciliaire "Gaudium et spes" a été discutée. D'une part, il y avait la reconnaissance de l'aspect nouveau, de la nouveauté, le "oui" de l'Eglise à l'époque nouvelle avec ses innovations, le "non" au romantisme du passé, un "non" juste et nécessaire. Mais ensuite, les Pères - on en trouve également la preuve dans le texte - ont également dit que malgré cela, malgré la disponibilité nécessaire à aller de l'avant, à abandonner d'autres choses qui nous étaient chères, il existe quelque chose qui ne change pas:  c'est ce qui est humain, lié à l'état de créature. L'homme n'est pas entièrement historique. Donner à l'histoire un caractère absolutiste, au sens où l'homme ne serait toujours qu'une créature fruit d'une certaine période, ne correspond pas à la vérité. Il y a la condition de créature et celle-ci nous donne précisément la possibilité de vivre dans le changement ou de rester identiques à nous-mêmes. Il ne s'agit pas d'une réponse immédiate à ce que nous devons faire, mais il me semble que le premier pas est d'établir un diagnostic. Pourquoi cette solitude dans une société qui, d'autre part, apparaît comme une société de masse? Pourquoi cette incompréhension dans une société dans laquelle tous cherchent à se comprendre, où la communication signifie tout et où la transparence de tout à tous est la loi suprême? La réponse se trouve dans le fait que nous voyons le changement dans notre propre monde, et que nous ne vivons pas suffisamment l'élément qui nous relie tous, l'élément de notre condition de créature, qui devient accessible et qui devient réalité dans une certaine histoire:  l'histoire du Christ, qui n'est pas contre la condition de créature, mais qui restitue ce qui était voulu par le Créateur, comme le dit le Seigneur à propos du mariage. Le christianisme, précisément en soulignant l'histoire et la religion comme une donnée historique, donnée dans une histoire, à commencer par Abraham, et donc comme une foi historique, ayant ouvert sa porte à la modernité avec son sens du progrès, de la marche constante en avant, est aussi, dans le même temps, une foi qui se base sur le Créateur, qui se révèle et se rend présente dans une histoire à laquelle il donne sa continuité, et donc la possibilité de communication entre les âmes. Je pense donc, ici aussi, qu'une foi vécue en profondeur et avec toute l'ouverture à l'égard du moment actuel, mais aussi avec toute l'ouverture à l'égard de Dieu, unit les deux choses:  le respect de l'altérité et de la nouveauté, et la continuité de notre être, la communicabilité entre les personnes et les temps.

L'autre point était:  comment pouvons-nous vivre la vie comme un don? C'est une question que nous nous posons surtout à présent, pendant le Carême. Nous voulons renouveler l'option pour la vie qui est, comme je l'ai dit, une option non pour se posséder soi-même, mais pour se donner soi-même. Il me semble que nous ne pouvons le faire que grâce à un dialogue permanent avec le Seigneur et à un dialogue entre nous. Avec la "correctio fraterna" aussi, il est nécessaire de mûrir toujours plus face à une capacité de vivre le don de soi-même toujours insuffisante. Mais il me semble que, ici aussi, nous devons unir les deux choses. D'une part, nous devons accepter nos insuffisances avec humilité, accepter ce "Moi" qui n'est jamais parfait, mais qui tend toujours vers le Seigneur pour arriver à la communion avec le Seigneur et avec tous.

Cette humilité d'accepter également ses propres limites est très importante. Ce n'est qu'ainsi, d'autre part, que nous pouvons croître, mûrir et prier le Seigneur pour qu'il nous aide à ne pas nous  fatiguer sur le chemin, tout en acceptant avec humilité que nous ne serons jamais parfaits, en acceptant aussi l'imperfection, surtout de l'autre. En acceptant la sienne, on peut accepter plus facilement celle de l'autre, en nous laissant former et réformer, toujours à nouveau, par le Seigneur.

A présent les hôpitaux. Merci pour le salut qui vient des hôpitaux. Je ne connaissais pas la mentalité selon laquelle un prêtre se retrouve dans la situation d'exercer son ministère dans un hôpital parce qu'il a fait quelque chose de mal... J'ai toujours pensé que le service premier du prêtre est de servir les malades, les personnes qui souffrent, car le Seigneur est surtout venu pour être avec les malades. Il est venu pour partager nos souffrances et pour nous guérir. A l'occasion de leur visite "ad limina", je dis toujours aux Evêques africains que les deux piliers de notre travail sont l'éducation - c'est-à-dire la formation de l'homme, qui implique de nombreuses dimensions comme l'éducation pour apprendre, le professionnalisme, l'éducation à l'intimité de la personne - et la guérison. Le service fondamental, essentiel de l'Eglise est donc celui de guérir. C'est précisément dans les pays africains que se réalise tout cela:  l'Eglise offre la guérison. Elle présente les personnes qui aident les malades, qui aident à guérir dans le corps et dans l'âme. Il me semble donc que nous devons voir précisément dans le Seigneur, notre modèle de prêtre pour guérir, pour aider, pour assister, pour accompagner vers la guérison. Cela est fondamental pour l'engagement de l'Eglise; cela est la forme fondamentale de l'amour et cela est donc l'expression fondamentale de la foi. En conséquence, cela est aussi le point central du sacerdoce.

Je réponds ensuite au vice-curé des Saints-Patrons d'Italie, qui nous a parlé du dialogue avec les orthodoxes et du dialogue oecuménique en général. Dans la  situation mondiale actuelle, nous voyons que le dialogue est fondamental à tous les niveaux. Il est encore plus important que les chrétiens ne soient pas renfermés sur eux-mêmes, mais ouverts, et précisément dans les rapports avec les orthodoxes, je vois à quel point les relations personnelles sont fondamentales. Du point de vue de la doctrine, nous sommes en grande partie unis sur tous les points fondamentaux, toutefois, toujours dans ce domaine, il semble très difficile d'accomplir des progrès. Mais se rapprocher dans la communion, dans l'expérience commune de la vie de la foi, constitue la façon de se reconnaître réciproquement comme fils de Dieu et disciples du Christ. Telle est mon expérience depuis au moins quarante ans, presque cinquante ans:  cette expérience de partager la condition de disciples, que nous vivons finalement dans la même foi, dans la même succession apostolique, avec les mêmes sacrements et donc aussi avec la même grande tradition de prière; cette diversité et cette multiplicité des cultures religieuses, des cultures de foi est très belle. Avoir vécu cette expérience est fondamental et il me semble que la conviction de certains, d'une partie des moines du Mont Athos contre l'oecuménisme, découle aussi du fait de l'absence de cette expérience dans laquelle on voit et on se rend compte concrètement que l'autre aussi appartient au même Christ, appartient à la même communion avec le Christ dans l'Eucharistie. Cela est donc d'une grande importance:  nous devons supporter la séparation qui existe. Saint Paul dit que les schismes sont nécessaires pendant un certain temps et que le Seigneur sait pourquoi:  pour nous mettre à l'épreuve, pour nous exercer, pour nous faire mûrir, pour nous rendre plus humbles. Mais, dans le même temps, nous sommes obligés d'aller vers l'unité et aller vers l'unité est déjà une forme d'unité.

Nous répondons à présent au Père spirituel du séminaire. Le premier problème était la difficulté de la charité pastorale. D'une part, nous la vivons, mais, de l'autre, je voudrais aussi dire:  courage. L'Eglise accomplit tant grâce à Dieu, en Afrique, mais aussi à Rome et en Europe! Elle accomplit tant et de nombreuses personnes lui sont reconnaissantes, que ce soit dans le secteur de la pastorale des malades, ou de la pastorale des pauvres et des laissés-pour-compte. Continuons avec courage et cherchons à trouver ensemble les meilleures voies.

L'autre point était centré sur le fait que la formation sacerdotale entre générations, même proches, semble être un peu différente pour de nombreuses personnes, et cela complique l'engagement commun pour la transmission de la foi. J'ai noté cela lorsque j'étais Archevêque de Munich. Quand nous sommes entrés au séminaire, nous avons tous eu une spiritualité catholique commune, plus ou moins mûre. Disons que le fondement spirituel était commun. A présent, les prêtres viennent d'expériences spirituelles très différentes. J'ai constaté dans mon séminaire qu'ils vivaient dans différentes "îlots" de spiritualité qui communiquaient difficilement. Nous en rendons d'autant plus grâce au Seigneur, car il a donné de nombreux et nouveaux élans à l'Eglise et aussi de nombreuses et formes de vie spirituelle, de découverte de la richesse de la foi. Il ne faut surtout pas négliger la spiritualité catholique commune, qui s'exprime dans la Liturgie et dans la grande Tradition de la foi. Cela me semble très important. Ce point est important également par rapport au Concile. Il ne faut pas vivre - comme je l'ai dit avant Noël à la Curie romaine - l'herméneutique de la discontinuité, mais vivre l'herméneutique du renouveau, qui est la spiritualité de la continuité, du mouvement en avant dans la continuité. Cela me semble très important. Ce point est important également par rapport à la Liturgie. Je prends un exemple concret, qui m'est venu précisément aujourd'hui avec la brève méditation de ce jour. La "Statio" de ce jour, le jeudi qui suit le Mercredi des Cendres, est la saint Georges. Il y avait autrefois deux lectures sur deux saints soldats correspondant à ce saint soldat. La première parle du roi Ezéchiel qui, malade, est condamné à mort et prie le Seigneur en pleurant:  Donne-moi encore un peu de vie! Et le Seigneur est bon et lui accorde encore dix-sept ans de vie. C'est donc une belle guérison et ce soldat peut à nouveau reprendre  en  main son activité. La deuxième lecture est l'épisode de l'Evangile qui rapporte l'histoire de l'officier de Capharnaüm avec son serviteur malade. Nous avons ainsi deux motifs:  celui de la guérison et celui de la "milice" du Christ, de la grande lutte. A présent, dans la liturgie actuelle, nous avons deux lectures totalement opposées. Nous avons celle du Deutéronome:  "Choisis la vie" et celle de l'Evangile:  "Suivre le Christ et prendre la croix avec soi", qui veut dire ne pas chercher sa propre vie, mais donner la vie, et c'est une interprétation de ce que signifie "choisis la vie". Je dois dire que j'ai toujours beaucoup aimé la liturgie. J'aimais vraiment le chemin quadragésimal de l'Eglise, avec ces "églises stations" et les lectures liées à ces églises:  une géographie de la foi qui devient une géographie spirituelle du pèlerinage avec le Seigneur. Et j'avais été un peu déçu du fait que l'on nous ait enlevé ce lien entre la "station" et les lectures. Aujourd'hui, je vois que ces lectures sont vraiment très belles et expriment le programme du Carême:  choisir la vie, c'est-à-dire renouveler le "oui" du Baptême, qui est précisément le choix de la vie. Dans ce sens, il existe une intime continuité et il me semble que nous devons l'apprendre de cela, qui n'est qu'un très petit exemple entre discontinuité et continuité. Nous devons accepter la nouveauté, mais également aimer la continuité et voir le Concile dans cette optique de la continuité. Cela nous aidera également à servir de médiateurs entre les générations dans leur façon de transmettre la foi.

Pour finir, le prêtre du Vicariat de Rome a terminé par un mot que je reprends entièrement, de façon à pouvoir conclure avec celui-ci:  devenir plus simples. Cela me semble un très beau programme. Cherchons à le mettre en pratique et ainsi, nous serons plus ouverts au Seigneur et aux personnes.

Merci!

 

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