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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Vendredi 6 février 2015

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 7 du 12 février 2015)

La nuit obscure de Jean-Baptiste

Un homme, Jean, et une route, qui est celle de Jésus, indiquée par Jean-Baptiste, mais qui est aussi la nôtre, sur laquelle nous sommes tous appelés au moment de l’épreuve. C’est la figure de Jean, «le grand Jean: selon Jésus “l’homme le plus grand né d’une femme”». Le Pape François a analysé sa figure: «Ce qui sortait de sa bouche était juste. Son cœur était juste». Il était si grand que «Jésus dira aussi de lui que “c’est Elie qui est de retour, pour nettoyer la maison, pour préparer le chemin”». Et Jean «était conscient que son devoir était seulement d’annoncer: annoncer la proximité du Messie». C’est alors que le Pape a introduit le concept de route, car «Jean est le précurseur: précurseur non seulement de l'entrée du Seigneur dans la vie publique, mais de toute la vie du Seigneur». Jean-Baptiste «précède le Seigneur sur son chemin; il rend témoignage du Seigneur non seulement en le montrant — “C’est celui-ci!”— mais aussi en conduisant sa vie jusqu’à la fin, comme l’a conduite le Seigneur». Et, finissant sa vie «par le martyre», il a été «le précurseur de la vie et de la mort de Jésus Christ». Le Pape a continué à réfléchir sur ces routes parallèles, le long desquelles «le grand» endure «tant d’épreuves et devient petit, petit, petit, petit jusqu'au mépris». Jean, comme Jésus, «s’anéantit, connaît la route de l’anéantissement. Telle est «la vie de Jean: diminuer devant le Christ, pour que le Christ grandisse». C’est «la vie du serviteur qui fait place, qui ouvre la route pour que le Seigneur vienne». La vie de Jean «n’a pas été facile»: en effet, «quand Jésus a commencé sa vie publique», il était «proche des Esséniens, c’est-à-dire de ceux qui observaient la loi, mais aussi les prières, les pénitences». Ainsi, à un certain moment, pendant la période où il était en prison, «il a enduré l’épreuve de l’obscurité, de l’obscurité dans son âme». Et cette scène «émeut: le grand, le plus grand envoie deux disciples trouver Jésus pour lui demander: “Jean te demande: est-ce toi ou je me suis trompé et nous devons en attendre un autre?”». Sur la route de Jean est donc apparue «l'obscurité de l’erreur, l’obscurité d’une vie brûlée dans l’erreur. Et cela a été une croix pour lui». A la question de Jean, «Jésus répond par les paroles d’Isaïe»: Jean-Baptiste «comprend, mais son cœur reste dans l’obscurité». Malgré cela, il se prête à la requête du roi, «qui avait plaisir à l’entendre, qui avait plaisir à vivre une vie adultère», et «il était presque devenu un prédicateur de cour, de ce roi perplexe». Mais «il s’humiliait» parce qu’il «pensait convertir cet homme». Jean finit ainsi sa vie «sous l’autorité d’un roi médiocre, ivrogne et corrompu, suite au caprice d’une danseuse et à la haine vengeresse d’une adultère». Ainsi «finit le grand, l'homme le plus grand né d’une femme». «Quand je lis ce passage, je m’émeus» a dit le Pape en ajoutant une considération utile à la vie spirituelle de chaque chrétien: «Je pense à deux choses: premièrement, je pense à nos martyrs, aux martyrs de notre époque, ces hommes et ces femmes, ces enfants qui sont persécutés, haïs, chassés de leur maisons, torturés, massacrés». Cela «n’est pas une chose du passé: cela arrive aujourd’hui. Nos martyrs, qui finissent leur vie sous l’autorité corrompue de personnes qui haïssent Jésus Christ». C'est pourquoi «cela nous fera du bien de penser à nos martyrs. Aujourd'hui, nous pensons à Paolo Miki, mais cela a eu lieu en 1600. Pensons à ceux d’aujourd’hui, en 2015». Le Pape a ajouté que ce passage le pousse aussi à réfléchir sur lui-même: «Moi aussi j’aurai une fin. Nous finirons tous. Personne n’a une vie “achetée”. Nous aussi, bon gré mal gré, nous avançons sur la route de l’anéantissement existentiel de la vie». Et cela le pousse «à prier pour que cet anéantissement ressemble le plus possible à Jésus Christ, à son anéantissement».



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