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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Jeudi 5 mars 2015

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 11 du 12 mars 2015)

Sans nom

Être mondains signifie perdre son nom au point d’avoir les yeux de l’âme « obscurcis », anesthésiés, au point de ne plus voir les personnes qui sont autour de nous. C’est contre ce « péché » qu’il faut être en garde. « La liturgie quadragésimale d’aujourd’hui nous propose deux histoires, deux jugements et trois noms ». Les « deux histoires » sont celles de la parabole du riche et du mendiant Lazare, racontée par Luc (16, 19-31). En particulier, la première histoire est « celle de l’homme riche, qui se revêtait de pourpre et de lin fin » et qui « s’occupait bien de lui-même », au point qu’« il faisait chaque jour brillante chair ». Il y a ensuite « la deuxième histoire, celle de Lazare », le pauvre mendiant qui est devant la porte du riche. Comment est-il possible que cet homme ne s’aperçoive pas que devant sa maison se tenait Lazare, pauvre et affamé ? En revanche, « quand le riche sortait de chez lui, peut-être que la voiture avec laquelle il sortait avait les vitres teintées, pour ne pas voir l’extérieur  ». Mais « certainement, son âme, les yeux de son âme étaient obscurcis pour ne pas voir ». En fin de compte, « le riche n’était pas méchant, il était malade : malade de mondanité ». Et « la mondanité transforme les âmes, fait perdre la conscience de la réalité : elles vivent dans un monde artificiel, fait par elles ». La mondanité « anesthésie l’âme ». Et « pour cela, cet homme mondain n’était pas capable de voir la réalité ». C’est pourquoi, « la deuxième histoire est claire » : il y a de nombreuses personnes qui vivent une vie difficile », mais « si j’ai le cœur mondain, je ne comprendrai jamais cela ». Du reste, « avec le cœur mondain », on ne peut comprendre « la nécessité et le besoin des autres ». « Ce sont les deux histoires ». Au contraire « les deux jugements » sont « une malédiction et une bénédiction ». Dans la première lecture, tirée de Jérémie (17, 5-10), on lit : « Maudit l'homme qui se confie en l'homme, qui fait de la chair son appui et dont le cœur s'écarte de Yahvé ! ». Mais cela est précisément le profil du « mondain que nous avons vu » dans l’homme riche. Dans le texte de Jérémie, il y a également la bénédiction: « Béni l'homme qui se confie en Yahvé et dont Yahvé est la foi. Il ressemble à un arbre planté au bord des eaux », tandis que l’autre est « comme un chardon dans la steppe ». Puis, voici « le jugement final: le cœur est plus perfide que tout et difficilement guérit: cet homme avait le cœur malade, si attaché à cette façon de vivre mondaine qu’il pouvait difficilement guérir  ». Après les « deux histoires  » et les « deux jugements », ont été reproposés également « les trois noms » suggérés par l’Évangile : « ce sont celui du pauvre, Lazare, celui d’Abraham et celui de Moïse ». Avec une clé de lecture supplémentaire : le riche « n’avait pas de nom, parce que les mondains perdent leur nom ». Ils ne sont qu’un élément « de la multitude aisée qui n’a besoin de rien ». En revanche, ceux qui ont un nom sont « Abraham, notre père, Lazare, l’homme qui lutte pour être bon et pauvre et porte tant de douleurs, et Moïse, celui qui nous donne la loi ». « Dans l’Église tout est clair, Jésus a parlé clairement: voici la voie ». Mais « il y a, à la fin, une parole de consolation : quand ce pauvre homme mondain, dans les tourments, demande d’envoyer Lazare avec un peu d’eau pour l’aider », Abraham, qui est la figure de Dieu le Père, répond : « Mon Fils, souviens-toi... ». Donc, « les mondains ont perdu leur nom » et « nous aussi, si nous avons le cœur mondain, nous avons perdu notre nom ». Mais « nous ne sommes pas orphelins. Jusqu’à la fin, jusqu’au dernier moment, il y a l’assurance que nous avons un Père qui nous attend. Confions-nous à lui ».

 



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