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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Comme la fleur d’amandier

Vendredi 8 juin 2018

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°028 du 12 juillet 2018)

Pour comprendre et vivre l’amour, il n’y a pas besoin de beaux discours, mais simplement des œuvres de la miséricorde — donner à manger à ceux qui ont faim, visiter les malades et ceux qui sont en prison — qui ne doivent pas être confondues avec la bienfaisance laïque, bien que méritoire. Parce que l’amour de Dieu, qui est sans limites, se manifeste dans la petitesse et dans la tendresse, on répond par les faits avant de répondre par les mots.

«Nous pouvons dire que l’Eglise célèbre aujourd’hui la solennité liturgique de l’amour de Dieu: c’est aujourd’hui la fête de l’amour». «L’apôtre Jean nous dit “ce qu’est l’amour: ce n’est pas que nous ayons aimé Dieu, mais qu’il nous a aimés le premier. Il nous attendait avec amour. Il est le premier à aimer”». Et «les prophètes comprenaient cela et ils ont utilisé le symbole de la fleur de l’amandier: c’est celle qui fleurit la première, au printemps». Dieu aussi «est ainsi: toujours le premier: il nous attend le premier, il nous aime le premier, il nous aide le premier». Et «cela est l’amour, cela est l’amour de Dieu».

La question de fond est donc «comment peut-on comprendre l’amour» et également «comment le Seigneur nous a révélé cet amour». «Ecoutons» les paroles du prophète Osée (11, 1.3-4.8-9). Le passage d’Osée témoigne que Dieu ne «manifeste pas l’amour à travers les grandes choses: il se rapetisse, il se rapetisse, il se rapetisse, avec des gestes de tendresse, de bonté». C’est un Dieu qui «se fait petit, qui s’approche et avec cette proximité, avec cette petitesse, il nous fait comprendre la grandeur de l’amour».

«Le grand doit être compris au moyen du petit». En se rappelant également que Dieu «va au-delà, il envoie son Fils, mais il ne l’envoie pas en majesté, en force, il l’envoie en chair, en chair pécheresse: “Le Fils s’humilia lui-même, il s’anéantit, il prit forme de serviteur jusqu’à la mort, à la mort sur la croix”». C’est pourquoi, «la plus grande grandeur doit être exprimée dans la petitesse la plus petite et la plus dramatique: c’est le mystère de l’amour de Dieu, de cet amour que le Seigneur nous enseigne à mettre davantage dans les faits que dans les mots».

C’est «un amour total». Et «le symbole est un cœur transpercé: ainsi, nous pouvons comprendre également le parcours du chrétien». En effet, «quand Jésus veut nous enseigner quelle doit être l’attitude du chrétien, il nous dit peu de choses, il nous fait voir ce fameux protocole selon lequel nous serons tous jugés: Matthieu 25».

Le passage de l’Evangile de Matthieu affirme: «J’ai accompli en petit l’amour de Dieu: j’ai donné à manger à celui qui a faim, j’ai donné à boire à celui qui a soif, j’ai visité celui qui était malade, celui qui était en prison». Car «les œuvres de miséricorde sont précisément la route d’amour que Jésus nous enseigne en continuité avec ce grand amour de Dieu, grand». Et c’est «avec cet amour sans limite qu’il s’est anéanti, qu’il s’est humilié en Jésus Christ, et nous devons l’exprimer ainsi». Donc, «le Seigneur ne nous demande pas de grands discours sur l’amour; il nous demande d’être des hommes et des femmes avec un grand amour ou avec un petit amour, c’est la même chose, mais qui sachent faire ces petites choses pour Jésus, pour le Père».

Dans cette perspective, «on comprend la différence entre ce qui est une œuvre de bienfaisance méritoire, laïque, et ce que sont les œuvres de miséricorde qui sont la continuité de cet amour, qui se rapetisse, qui arrive à nous, et que nous poursuivons».

«C’est aujourd’hui la solennité de l’amour de Dieu et, pour comprendre l’amour de Dieu, on doit le transmettre dans les œuvres, dans les petites œuvres de miséricorde: le transmettre ainsi, avec simplicité». Et «cela sera l’annonce de cet amour qui n’a pas de limites et qui pour cette raison a été capable de s’exprimer dans les petites choses».

 

 



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