Index   Back Top Print

[ FR ]

PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Le style du chrétien

Jeudi 13 septembre 2018

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n°041 du 11 octobre 2018)

Selon la logique du monde, «aimer ses ennemis» est une «folie». Mais c’est précisément la «folie de la croix» qui doit guider le comportement de chaque chrétien, parce que si nous voulons vivre «en fils», nous devons être «miséricordieux comme le Père» et ne pas nous laisser guider par la «logique de satan», le grand accusateur qui cherche toujours à «faire du mal à l’autre».

Le «style du chrétien» est le centre de la méditation que le Pape François a développée en rappelant que ce thème revient «de nombreuses fois dans l’Evangile», dans de nombreux passages dans lesquels le Seigneur «nous dit comment doit être la vie d’un disciple, la vie d’un chrétien».

La liturgie du jour puisait également à un passage évangélique (Lc 6, 27-38) consacré à ce thème. Il s’agit d’un passage dans lequel «le Seigneur entre dans le détail et nous en propose quatre pour vivre la vie chrétienne». Les paroles de Jésus sont claires: «A vous qui écoutez, je dis: aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous détestent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous traitent mal». Tout cela «est le style chrétien, cela est le mode de vie chrétien». On pourrait demander: «Mais si je ne fais pas ces quatre choses, je ne suis pas chrétien?». Dans ce cas également, la réponse est claire: «Oui, tu es chrétien parce que tu as reçu le baptême, mais tu ne vis pas en chrétien. Tu vis comme un païen, avec l’esprit de la mondanité». Et «ce ne sont pas des figures poétiques: c’est ce que le Seigneur veut que nous fassions. Comme cela, de façon directe». Ce sont des indications concrètes, parce qu’il «est très facile de se réunir pour dire du mal de nos ennemis ou de ceux qui sont d’un autre parti ou encore de ceux qui ne nous sont pas sympathiques. En revanche, la logique chrétienne est l’inverse».

Et il n’y a pas d’exceptions: «“Mais, Père, est-ce une chose qui doit toujours être suivie?”. Oui. “Mais c’est une folie?”. Oui. Paul le dit clairement: “la folie de la Croix”. Si toi, en tant que chrétien, tu n’est pas passionné par cette “folie de la Croix”, tu n’as pas compris ce que signifie être chrétien».

Pour confirmer ses propos, le Pape a repris le texte évangélique pour souligner la différence que Jésus lui-même fait entre chrétiens et païens: «Il utilise les termes “pécheurs”, “païens”, “pécheurs”, “mondains”». La fin de tout est donc «d’arriver à nous comporter comme des fils, des fils de notre Père, qui fait toujours le bien, qui est “miséricordieux”: tel est le mot-clé».

C’est pourquoi, «en lisant, en écoutant ces choses que Jésus dit, nous pouvons nous poser la question: est-ce que je suis miséricordieux?». Nous pouvons «entrer dans le mystère de la miséricorde» et nous demander: «Le Seigneur a-t-il fait preuve de miséricorde envers moi? Ai-je senti la miséricorde du Seigneur? Si je suis miséricordieux, je suis fils du Père». Et de même qu’on le dit parfois d’un enfant: «Mais comme il ressemble à son père!», ainsi, «seuls les miséricordieux ressemblent à Dieu le Père» parce que cela «est le style du Père».

Mais cette voie est à contre-courant, «elle n’accuse pas les autres» et «va contre l’esprit du monde». En effet, «entre nous, il y a le grand accusateur, celui qui va toujours nous accuser devant Dieu pour nous détruire. Satan: c’est lui le grand accusateur. Et lorsque j’entre dans cette logique d’accuser, de maudire,  de chercher à faire du mal à l’autre, j’entre dans la logique du grand accusateur qui est destructeur. Celui qui ne connaît pas le mot “miséricorde”, il ne le connaît pas, il ne l’a jamais vécue».

Le chemin du chrétien est donc toujours face à un tournant: d’une part, «l’invitation du Seigneur» à être miséricordieux, une invitation qui est une grâce, une grâce de filiation, pour ressembler au Père». De l’autre, il y a «le grand accusateur, satan, qui nous pousse à accuser les autres, pour les détruire». On ne peut pas «entrer dans la logique de l’accusateur», au contraire, «l’unique accusation licite que nous chrétiens ayons, est de nous accuser nous-même. Pour les autres uniquement la miséricorde, parce que nous sommes fils du Père qui est miséricordieux».

 

 



Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana