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JEAN PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 16 mai 2001

 

Lecture:  1 Co 9, 16-17.19.22b-23

1. Il y a une semaine s'est achevé mon pèlerinage sur les traces de saint Paul, qui m'a conduit en Grèce, en Syrie et à Malte. Je suis heureux de m'arrêter aujourd'hui avec vous sur cet événement, qui constitue la dernière partie de l'itinéraire jubilaire à travers les principaux lieux liés à l'histoire du salut. Je suis reconnaissant à tous ceux qui m'ont suivi par la prière au cours de cet inoubliable "retour aux sources", où puiser la fraîcheur de l'expérience chrétienne à ses débuts.

Je renouvelle mes sentiments de cordiale reconnaissance au Président de la République grecque, M. Kostas Stephanopoulos, pour m'avoir invité à visiter la Grèce. Je remercie le Président de la République arabe syrienne, Monsieur Bashar El-Assad, et le Président de la République de Malte, M. Guido De Marco, qui m'ont accueilli si courtoisement à Damas et à La Valette.

Partout, j'ai voulu témoigner aux Eglises orthodoxes l'affection et l'estime de l'Eglise catholique, dans le désir que la mémoire des fautes passées contre la communion soit pleinement purifiée et qu'elle laisse place à la réconciliation et à la fraternité. En outre, j'ai eu l'occasion de réaffirmer l'ouverture sincère avec laquelle l'Eglise s'adresse aux croyants de l'Islam, auxquels nous unit l'adoration du Dieu unique.

Je ressens comme une grâce particulière d'avoir pu rencontrer, surtout dans leurs domaines de mission, les Evêques catholiques de Grèce, de Syrie, de Malte, et, avec eux, les prêtres, les religieux et les religieuses et de nombreux fidèles laïcs. Sur les traces de saint Paul, le Successeur de Pierre a pu réconforter et encourager ces communautés, en les exhortant à la fidélité et, dans le même temps, à l'ouverture et à la charité fraternelle.


2. Sur l'Aréopage d'Athènes ont retenti les célèbres paroles du discours de Paul, rapportées dans les Actes des Apôtres. Elles ont été lues en grec et en anglais, ce qui en soi a déjà été suggestif:  en effet, la langue grecque était la plus courante dans le bassin méditerranéen au début du premier millénaire, comme pourrait aujourd'hui être considérée la langue anglaise au niveau mondial. La "bonne nouvelle" du Christ, Révélateur de Dieu et Sauveur du monde hier, aujourd'hui et à jamais, est destinée à tous les hommes et à toutes les femmes de la terre, selon son mandat explicite.

En ce début de troisième millénaire, l'Aréopage d'Athènes est devenu, dans un certain sens, l'"aréopage du monde", à partir duquel le message chrétien du salut est reproposé à tous ceux qui cherchent Dieu et sont emplis de crainte en accueillant son mystère infini de vérité et d'amour. A travers la lecture de la "Déclaration commune" que, au terme d'une rencontre fraternelle, j'ai signée avec Sa Béatitude Christódoulos, Archevêque d'Athènes et de toute la Grèce, il a été adressé en particulier un appel aux populations du continent européen à ne pas oublier leurs racines chrétiennes.

Le discours  de  Paul à  l'Aréopage constitue un modèle d'inculturation et, comme tel, il conserve intacte son actualité. C'est pourquoi, je l'ai reproposé au cours de la Célébration eucharistique avec la communauté catholique en Grèce, en rappelant l'admirable exemple des saints Frères Cyrille et Méthode, originaires de Salonique. En s'inspirant avec fidélité et créativité à ce modèle, ces derniers n'hésitèrent pas à diffuser l'Evangile parmi les peuples slaves.


3. Après la Grèce, je me suis rendu en Syrie, là où, sur la route de Damas, le Christ ressuscité apparut à Saul de Tarse, le transformant de féroce persécuteur en apôtre inlassable de l'Evangile. Il s'est agi d'un retour aux origines - comme pour Abraham -, d'une remontée à l'appel, à la vocation. C'est à cela que j'ai pensé en visitant le Mémorial de saint Paul. L'histoire de Dieu avec les hommes part toujours d'un appel, qui invite à s'oublier soi-même, ainsi que ses propres certitudes, pour s'acheminer vers une terre nouvelle, en se plaçant entre les mains de Celui qui appelle. Il en a été ainsi pour Abraham, Moïse, Marie, Pierre et les autres Apôtres. Il en a été également ainsi pour Paul.

La Syrie est aujourd'hui un pays habité en majorité par des musulmans, qui croient en un Dieu unique et qui cherchent à se soumettre à Lui à l'exemple d'Abraham, auquel ils font volontiers référence (cf. Nostra aetate, n. 3). Le dialogue interreligieux avec l'Islam devient toujours plus important et nécessaire, au début du troisième millénaire. C'est pourquoi il a été vraiment encourageant de constater l'accueil chaleureux qui m'a été réservé par les autorités civiles et le Grand Mufti, qui m'a accompagné lors de la visite historique à la Grande Mosquée des Omeyyades, où se trouve le Mémorial de saint Jean-Baptiste, également très vénéré par les musulmans.

A Damas, mon pèlerinage a pris un caractère profondément oecuménique, en particulier grâce à la visite que j'ai eu la joie d'accomplir dans leurs cathédrales respectives à Sa  Béatitude Ignace IV, Patriarche grec-orthodoxe, et à Sa Sainteté Mar Ignatius Zakka I, Patriarche syro-orthodoxe. Dans la cathédrale historique de la Dormition de la Vierge Marie, nous avons ensuite célébré une solennelle Rencontre de prière. Avec une profonde émotion, j'ai ainsi vu se réaliser l'un des objectifs principaux de mon pèlerinage jubilaire, c'est-à-dire celui de "nous rassembler sur les lieux de notre origine commune, pour témoigner le Christ, notre unité" (cf. Ut unum sint, n. 23) et confirmer notre engagement réciproque vers le rétablissement de la pleine communion" (Lettre sur le pèlerinage aux lieux liés à l'histoire du salut, n. 11).


4. En Syrie, je ne pouvais pas ne pas adresser à Dieu une prière particulière pour la paix au Moyen-Orient, également et malheureusement poussé par la situation actuelle dramatique, qui devient toujours plus préoccupante. Je me suis rendu sur les hauteurs du Golan, dans l'église de Kuneitra, à demi détruite par la guerre, d'où j'ai élevé ma prière. D'une certaine manière, mon esprit est resté là-bas, et ma prière continue et ne cessera pas, tant que la vengeance ne laissera pas la place à la réconciliation et à la reconnaissance des droits réciproques.

Cette espérance se fonde sur la foi. C'est l'espérance que j'ai confiée aux jeunes de Syrie, que j'ai eu la joie de rencontrer précisément le soir avant de quitter Damas. Je garde en mon coeur la chaleur de leur salut, et je prie le Dieu de la paix, afin que les jeunes chrétiens, musulmans et juifs puissent croître ensemble comme des fils du Dieu unique.


5. La dernière étape de mon pèlerinage sur les traces de saint Paul a été l'Ile de Malte, où l'Apôtre passa trois mois, après le naufrage du navire qui le conduisait en prison à Rome (cf. Ac 27, 39-28, 10). Pour la deuxième fois, j'ai fait l'expérience de l'accueil chaleureux des Maltais et j'ai eu la joie de proclamer bienheureux deux fils de leur peuple - Dom Georges Preca, Fondateur de la Société de la Doctrine chrétienne, et Ignace Falzon, laïc catéchiste - ainsi que soeur Marie Adéodate Pisani, religieuse bénédictine.

Encore une fois, j'ai voulu indiquer la voie de la sainteté comme la voie maîtresse pour les croyants du troisième millénaire. Dans le vaste océan de l'histoire, l'Eglise ne craint pas les défis et les dangers qu'elle rencontre au cours de sa navigation, tant qu'elle garde fermement le cap sur la route de la sainteté, vers laquelle l'a orientée le grand Jubilé de l'An 2000 (cf. Novo millennio ineunte, n. 30).

Qu'il en soit ainsi pour tous, également grâce à l'intercession de Marie, à laquelle nous avons constamment recours au cours de ce mois de mai, qui lui est consacré. Que la Vierge aide chaque chrétien, chaque famille et chaque communauté à poursuivre avec un élan renouvelé son engagement de fidélité quotidienne à l'Evangile.

                                                                   * * *

Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 16 mai 2001, se trouvaient les groupes suivants, auxquels le Saint-Père s'est adressé en français: 

De France:  Groupes de pèlerins des diocèses de Paris et d'Annecy; Collège Saint-François d'Assise, de Montigny-le-Bretonneux; Lycée de Filles-Foyer de la Charité, de Châteauneuf-de-Galaure; Lycée Marmoutier, de Tours; Groupe de pèlerins de l'Ile de La Réunion.

Du Canada:  Groupe de pèlerins.

Chers Frères et Sœurs, 

Il y a une semaine s'est achevé mon pèlerinage sur les pas de saint Paul, qui m'a conduit en Grèce, en Syrie et à Malte. Je remercie vivement les Chefs d'Etat de ces pays qui m'ont cordialement accueilli.

J'ai voulu exprimer aux Eglises orthodoxes l'affection et l'estime que leur porte l'Eglise catholique, souhaitant que la mémoire des fautes passées soit pleinement purifiée et qu'elle laisse place à la réconciliation et à la fraternité. Ce fut pour moi l'occasion de réaffirmer la sincère ouverture de l'Eglise à l'égard des musulmans, auxquels nous unit la foi au Dieu unique. Mes rencontres avec les Evêques et les communautés catholiques ont été une grande grâce.Je les ai réconfortés et encouragés, les invitant à la fidélité, à l'ouverture et à la charité fraternelle. 

Dans la dramatique situation que vit le Moyen-Orient, je me suis aussi rendu sur les hauteurs du Golan, élevant une ardente prière pour la paix. Ma prière ne cessera pas tant que la vengeance n'aura pas laissé la place à la réconciliation et à la reconnaissance des droits de chacun. 

A Malte, j’ai fait mémoire du voyage de Paul vers Rome et de son naufrage, qui lui permit de découvrir l’accueil chaleureux du peuple de l’île.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes de Montigny-le-Bretonneux, de Tours et de Châteauneuf-de-Galaure. Que le Seigneur vous accorde de grandir dans son amour ! A tous je donne de grand cœur la Bénédiction apostolique.

                                                                         



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