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MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II
AU CARDINAL CARLO MARIA MARTINI, ARCHEVÊQUE DE MILAN,
À L'OCCASION DE L’ASSEMBLÉE ŒCUMÉNIQUE DE BÂLE

 

 

A Monsieur le Cardinal Carlo Maria Martini
Archevêque de Milan
Président du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe

Le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE) et la Conférence des Eglises Européennes (CEC), réunis à Bâle en une grande Assemblée œcuménique, entendent consacrer leur réflexion au thème de la paix et de la justice et à leur promotion, grâce à un engagement spécifiquement chrétien.

Vos travaux se déroulent providentiellement dans la semaine de la Pentecôte qui évoque la descente du Saint-Esprit sur l’Eglise naissante, la constitue comme Eglise et l’envoie en mission. J’y vois un premier signe de l’importance de cette Assemblée. Elle réunit, pour la première fois, des chrétiens venus de tous les horizons de l’Europe, de l’Est comme de l’Ouest, du Nord comme du Sud, et cela sous la mouvance de Celui qui a été envoyé pour nous «introduire dans la vérité tout entière»  et pour nous révéler «les profondeurs de Dieu».  Lui seul, en effet, peut être à l’origine d’une telle démarche; Lui seul peut être à la fois la source et le garant de son succès.

En se tournant ainsi vers l’Esprit Saint et, par lui, vers la très sainte et indivisible Trinité, les Eglises d’Europe veulent montrer, à elles-mêmes et au monde, d’ù provient la conception de la paix en faveur de laquelle elles entendent s’engager, et de la justice qui en est l’inséparable condition.

Il est certain qu’il ne peut s’agir de n’importe quelle paix ni de n’importe quelle justice. Bien au contraire, comme le dit le titre si significatif de votre Assemblée, il s’agit de «la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence»  et de «la justice de Dieu» qui nous a été révélée dans l’Evangile.  Plus encore, la paix et la justice s’identifient avec le Christ, Verbe de Dieu fait homme, qui en porte les noms: le Christ «notre paix»;  Lui que Dieu a fait «notre justice». 

Voilà pourquoi l’Assemblée de Bâle ne peut mûrir que dans la prière les engagements communs qui en découleront. Comment ne pas évoquer ici les heures inoubliables d’assise, la commune supplication des chrétiens et la méditation des autres croyants? Je me réjouis de l’importance que l’Assemblée de Bâle accordera à la prière et je voudrais vous assurer que je serai uni à vous pendant cette semaine de grâce.

Le moment que vous avez choisi pour cette Assemblée de «la paix dans la justice» semble aussi particulièrement favorable. Des développements positifs survenus dans certains pays permettent de regarder l’avenir de cette Europe, si éprouvée par les guerres et les divisions, avec plus de confiance. Ne sont-ils pas une réponse de Dieu à la prière des hommes de bonne volonté?

L’heure pourrait être arrivée pour un témoignage solennel de tous les chrétiens réunis en faveur d’une vraie paix, celle que «seuls» Dieu et son Christ «peuvent donner»,  parce qu’elle implique avant tout le désarmement des cœurs et des esprits, et l’engagement pour une «justice supérieure». 

A ce point de vue, la responsabilité des chrétiens et des Eglises en Europe apparaît décisive. En effet, il existe une contribution spécifiquement chrétienne à «la paix dans la justice» que nous sommes toujours tenus d’offrir, mais plus particulièrement encore dans une occasion comme celle-ci. Une contribution qui soit, bien sûr, conforme aux racines chrétiennes de ce continent et à sa vraie vocation. Les pactes et les négociations politiques sont des moyens nécessaires pour arriver à la paix, et notre reconnaissance est grande envers ceux qui s’y consacrent avec conviction, persévérance et générosité. Mais, pour être durablement fructueux, ils ont besoin d’une âme. Pour nous, c’est une inspiration chrétienne qui peut la leur fournir par une référence intrinsèque à Dieu, Créateur, Sauveur et Sanctificateur, et à la dignité de tout homme et de toute femme, créés à son image.

En tant que disciples du Christ, nous sommes convaincus que c’est à ce niveau seulement que les plaies encore ouvertes dans notre Europe, à l’Est comme à l’Ouest, au Nord comme au Sud, trouveront leur vrai remède et leur guérison définitive. Je pense aux diverses formes de discrimination, au manque d’hospitalité, à la misère qui gît devant nos portes, au mépris de la vie humaine, depuis ses premiers moments jusqu’a ses derniers instants.

Je pense aussi à la destruction de la nature, au gaspillage des ressources, à ces villes qui risquent de devenir presque inhabitables.

En réalité, tous ces aspects de la vie et de l’environnement de la société humaine ne font qu’un: l’homme avec son univers, face à Dieu qui l’en fait responsable. Il n’y a que Dieu qui puisse le mettre à la hauteur de sa tâche. Il n’y a que Dieu qui puisse lui inspirer les engagements nécessaires et cohérents pour l’accomplir.

C’est bien cela que votre Assemblée de Bâle cherche à mettre en lumière. C’est à cela que l’on peut en mesurer l’enjeu.

L’Esprit Saint vous en donner la grâce et la force. Je prie avec vous pour que vous soient accordées sa présence et son aide. Et j’invoque sur tous les participants la Bénédiction de Dieu Tout-Puissant, Père, Fils et Saint-Esprit.

Du Vatican, le 11 mai 1989.  

IOANNES PAULUS PP. II

 

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