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VOYAGE APOSTOLIQUE À PARIS ET LISIEUX
(30 MAI - 2 JUIN 1980)

DISCOURS DE JEAN-PAUL II
AUX ÉVÊQUES DE FRANCE

Paris
Dimanche, 1er juin 1980

 

1. Dieu soit loué de nous avoir donné le temps de nous rencontrer un peu longuement dans le cadre de cette brève visite! J’attache une grande importance à cette rencontre. Pour des raisons de “collégialité”. Nous savons que la collégialité a un double caractère: elle est “effective”, mais elle est aussi “affective”. Et cela est profondément conforme à son origine, qu’elle a trouvée autour du Christ dans la communion des “Douze”.

Nous vivons donc un moment important de notre communion épiscopale, les Évêques de France autour de l’Évêque de Rome qui, cette fois, est leur hôte, alors qu’il les a reçus d’autres fois en diverses occasions, par exemple au cours des visites “ad limina”, spécialement en 1977 où Paul VI a fait avec vous le point sur un grand nombre de questions, d’une façon qui demeure très valable aujourd’hui. Il nous faut rendre grâce à Dieu de ce que Vatican II ait entrepris, confirmé et rénové la doctrine sur la collégialité de l’épiscopat, comme l’expression vivante et authentique du collège que, par l’institution du Christ, les Apôtres ont constitué avec Pierre à leur tête. Et nous rendons grâce aussi à Dieu de pouvoir, sur cette route, mieux accomplir notre mission: rendre témoignage à l’Évangile, et servir l’Église et aussi le monde contemporain, auquel nous avons été envoyés avec toute l’Église.

Je vous remercie vivement de m’avoir invité, d’avoir mis au point, avec un grand soin, les détails de cette pastorale, d’avoir mis en œuvre tant de préparatifs, d’avoir sensibilisé le peuple chrétien au sens de ma venue, d’avoir manifesté empressement et ouverture qui sont des attitudes si importantes pour notre mission de pasteurs et de docteurs de la foi. Je rends spécialement hommage au Cardinal Marty qui nous reçoit dans le séminaire de sa province; au Cardinal Etchegaray, Président de la Conférence épiscopale, au Cardinal Renard, primat des Gaules, au Cardinal Gouyon et au Cardinal Guyot; mais il faudrait que je nomme chaque évêque, et cela n’est pas possible. J’ai eu l’honneur de rencontrer un certain nombre d’entre vous et de collaborer avec eux dans le passé: d’abord dans les sessions du Concile, bien sûr, mais aussi dans les diverses Synodes, au Conseil des Conférences épiscopales d’Europe, ou en d’autres occasions, dont je garde un heureux souvenir. Cela nous permet de travailler de plain-pied ensemble, même si je viens désormais avec une responsabilité particulière.

2. La mission de l’Église, qui se réalise continuellement dans la perspective eschatologique, est en même temps pleinement historique. Cela se rattache au devoir de lire les “signes des temps”, qui a été si profondément pris en compte par Vatican II. Avec une grande perspicacité, le Concile a également défini quelle est la mission de l’Église dans l’étape actuelle de l’histoire. Notre tâche commune demeure donc l’acceptation et la réalisation de Vatican II, selon son contenu authentique.

Ce faisant, nous sommes guidés par la foi: c’est notre raison d’agir principale et fondamentale.

Nous croyons que le Christ, par l’Esprit Saint, était avec les Pères conciliaires, que le Concile contient, dans son magistère, ce que l’Espritdit à l’Église”, et qu’il le dit en même temps dans une pleine harmonie avec la Tradition et selon les exigences posées par les “signes des temps”. Cette foi est fondée sur la promesse du Christ: “Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde”[1] ; sur cette foi se fonde aussi notre conviction qu’il nous faut “réaliser le Concile” tel qu’il est, et non comme certains voudraient le voir et le comprendre.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que, dans cette étape “post conciliaire”, se soient aussi développées, avec une assez grande intensité, certaines interprétations de Vatican II qui ne correspondent pas à son magistère authentique. Il s’agit ici de deux tendances bien connues: le “progressisme” et l’“intégrisme”. Les uns sont toujours impatients d’adapter même le contenu de la foi, l’éthique chrétienne, la liturgie, l’organisation ecclésiale aux changements des mentalités, aux requêtes du “monde”, sans tenir compte suffisamment, non seulement du sens commun des fidèles, qui sont désorientés, mais de l’essentiel de la foi, déjà définie, des racines de l’Église, de son expérience séculaire, des normes nécessaires à sa fidélité, à son unité, à son universalité.

Ils ont la hantise d’“avancer”, mais vers quel “progrès” en définitive? Les autres - revalant de tels abus que nous sommes bien évidemment les premiers à réprouver et à corriger - se durcissent en s’enfermant dans une période donnée de l’Église, à un stade donné de formulation théologique ou d’expression liturgique dont ils font un absolu, sans pénétrer suffisamment le sens profond, sans considérer la totalité de l’histoire et son développement légitime, en craignant les questions nouvelles, sans admettre en définitive que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre aujourd’hui dans l’Église, avec ses Pasteurs unis au Successeur de Pierre.

Ces faits ne sont pas étonnants. si l’on pense aux phénomènes analogues dans l’histoire de l’Église.

Mais il est d’autant plus nécessaire de concentrer toutes les forces sur l’interprétations juste, c’est à dire authentique, du magistère conciliaire, comme le fondement indispensable de l’auto-réalisation ultérieure de l’Église, pour laquelle ce magistère est la source des inspirations et des orientations justes. Les deux tendances extrêmes que je signalais entretiennent non seulement une opposition, mais une division fâcheuse et préjudiciable, comme si elles s’attisaient mutuellement au point de créer un malaise pour tous, voire un scandale, et de dépenser dans ce soupçon et cette critique réciproques tant d’énergies qui seraient si utiles à un véritable renouveau.

Il faut espérer que les uns et les autres, qui ne manquent pas de générosité ni de foi, apprennent humblement, avec leurs Pasteurs, à surmonter cette opposition entre frères, pour accepter l’interprétation authentique du Concile - car c’est là la question de fond - et pour faire face ensemble à la mission de l’Église, dans la diversité de leur sensibilité pastorale.

Certes la grande majorité des chrétiens de votre pays sont prêts à manifester leur fidélité et leur disponibilité à suivre l’Église; ils ne partagent pas ces positions extrêmes et abusives, mais un certain nombre flottent entre les deux ou en sont troublés; et le problème est aussi qu’ils risquent de devenir indifférents et de s’éloigner de la foi. L’heure vous impose d’être plus que jamais les artisans de l’unité, en veillant à la fois aux questions de fond qui sont en jeu et aux difficultés psychologiques qui empêchent la vie ecclésiale dans la vérité et dans la charité.

3. J’en viens maintenant à une autre question fondamentale: pourquoi, dans l’étape actuelle de la mission de l’Église, une concentration particulière sur l’homme est-elle nécessaire? J’ai développé cela dans l’encyclique “Redemptor Hominis”, en essayant de mettre en évidence le fait que cet accent anthropologique a une racine christologique profonde et forte.

Les causes en sont diverses. Il y a des causes visibles et perceptibles, selon les variations multiples qui dépendent par exemple du milieu, du pays, de la nation, de l’histoire, de la culture. Il existe donc certainement un ensemble spécifique de causes qui sont caractéristiques de la réalité “française” de l’Église dans le monde de ce temps. Vous êtes les mieux placés pour les connaître et les comprendre. Si je me permets d’aborder ce sujet, je le fais avec la conviction que le problème - vu l’état actuel de la civilisation d’une part, et les menaces qui pèsent sur l’humanité d’autre part - a une dimension à la fois fondamentale et universelle. Dans cette dimension universelle et en même temps locale, l’Église doit par conséquent affronter la problématique commune de l’homme comme une partie intégrante de sa mission évangélique.

Non seulement le message évangélique est adressé à l’homme, mais c’est un grand message messianique sur l’homme: c’est la révélation à l’homme de la vérité totale sur lui-même et sur sa vocation dans le Christ[2].

En annonçant ce message, nous sommes au centre de la réalisation de Vatican II. Et la mise en œuvre de ce message nous est d’ailleurs imposée par l’ensemble de la situation de l’homme dans le monde contemporain. Je ne voudrais pas répéter ce qui a déjà été dit dans “Gaudium et Spes” et dans “Redemptor Hominis”, auxquels il faut toujours se reporter. Toutefois, il n’est peut-être pas exagéré de dire, en ce lieu et dans ce cadre, que nous vivons une étape de tentation particulière pour l’homme.

Nous connaissons différentes étapes de cette tentation, à commencer par la première, au chapitre trois de la Genèse, jusqu’aux tentations si significatives auxquelles a été soumis le Christ lui-même: elles sont comme une synthèse de toutes les tentations nées de la triple concupiscence. La tentation actuelle cependant va plus loin (on pourrait presque dire que c’est une “méta-tentation”); elle va “au-delà” de tout ce qui, au cours de l’histoire, a constitué le thème de la tentation de l’homme, et elle manifeste en même temps, pourrait-on dire, le fond même de toute tentation. L’homme contemporain est soumis à la tentation du refus de Dieu au nom de sa propre humanité.

C’est une tentation particulièrement profonde et particulièrement menaçante du point de vue anthropologique, si l’on considère que l’homme n’a lui-même un sens que comme image et ressemblance de Dieu.

4. En tant que pasteurs de l’Église envoyés à l’homme de notre temps, nous devons être bien conscients de cette tentation, sous ses multiples aspects, non pas pour “juger l’homme”, mais pour aimer davantage encore cet homme: “aimer” veut toujours dire d’abord “comprendre”.

En même temps que cette attitude que nous pourrions appeler passive, il nous faut avoir, d’une manière d’autant plus profonde, une attitude positive, je veux dire être conscient de ce que l’homme historique est très profondément inscrit dans le mystère du Christ, être conscient de la capacité anthropologique de ce mystère, de “la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur”, selon l’expression de saint Paul[3].

Nous devons ensuite être particulièrement disposés au dialogue. Mais il faut avant tout définir sa signification principale et ses conditions fondamentales.

Selon la pensée de Paul VI, et on peut dire aussi du Concile, le “dialogue” signifie certainement l’ouverture, la capacité de comprendre un autre jusqu’aux racines mêmes: son histoire, le chemin qu’il a parcouru, les inspirations qui l’animent. Il ne signifie ni l’indifférentisme, ni en aucune façon “l’art de confondre les concepts essentiels”; or malheureusement, cet art est très souvent reconnu comme équivalant à l’attitude du “dialogue”. Et il ne signifie pas non plus “voiler” la vérité de ses convictions, de son “credo”.

Certes, le Concile requiert de l’Église à notre époque qu’elle ait une foi ouverte au dialogue, dans les diverses cercles d’interlocuteurs dont parlait Paul VI; il requiert également que sa foi soit capable de reconnaître toutes les semences de vérité où qu’elles se trouvent. Mais, pour cette raison même, il requiert de l’Église une foi très mûre, une foi très consciente de sa propre vérité, et en même temps très profondément animés par l’amour.

Tout cela est important en raison de notre mission de pasteurs de l’Église et de prédicateurs de l’Évangile.

Il faut tenir compte du fait que ces formes modernes de la tentation de l’homme prenant l’homme comme absolu atteignent aussi la communauté de l’Église, deviennent aussi des formes de sa tentation, et cherchent ainsi à la détourner de l’auto-réalisation à laquelle elle a été appelée par l’Esprit de Vérité précisément par le Concile de notre siècle.

D’une part, nous nous trouvons face à la menace de l’athéisation “systématique”, et en un certain sens “forcée” au nom du progrès de l’homme; mais d’autre part il y a ici une autre menace, intérieure à l’Église: elle consiste à vouloir, de multiples façons, “se conformer au monde” dans son aspect actuel “évolué”.

On sait combien ce désir se distingue radicalement de ce qu’a enseigné le Christ; il suffit de rappeler la comparaison évangélique du levain et celle du sel de la terre, pour mettre en garde les Apôtres contre la ressemblance avec le monde.

Il ne manque pas toutefois de pionniers ni de “prophètes” de cette orientation du “progrès” dans l’Église.

5. C’est dire l’ampleur de la tâche des pasteurs en matière de “discernement”, entre ce qui constitue un vrai “renouveau” et ce qui, sous le manteau, abrite les tendances de la “sécularisation” contemporaine et de la “laïcisation”, ou encore la tendance au “compromis” avec un système dont on ne connaît peut-être pas toutes les prémisses.

C’est dire aussi combien grande est la tâche des pasteurs pour “conserver le dépôt”, pour rester fidèle au mystère du Christ inscrit dans l’ensemble de l’histoire de l’homme et aussi pour rester fidèle à ce merveilleux “sens surnaturel de la foi” du peuple de Dieu tout entier, qui en général n’est pas l’objet de publicité dans les mass-media, et qui s’exprime cependant dans la profondeur des cœurs et des consciences avec la langue authentique de l’Esprit. Notre ministère doctrinal et pastoral doit rester surtout au service de ce sensus fidelium, comme l’a rappelé la Constitution “Lumen Gentium”[4].

A une époque où l’on parle tant du “charisme prophétique” - en n’utilisant pas toujours ce concept conformément à son sens exact - il nous faut profondément rénover et reconstruire la conscience du charisme prophétique lié au ministère épiscopal des maîtres de la foi et des “guides du troupeau”, lesquels incarnent dans la vie, selon une analogie adéquate, les paroles du Christ sur le “Bon Pasteur”.

Le Bon Pasteur se soucie du pâturage, de la nourriture des brebis. Ici, je pense tout particulièrement aux publications théologiques, répandues très vite et au loin, et dans beaucoup de milieux, et dont l’essentiel est vulgarisé dans les revues: ce sont elles qui, selon leurs qualités, leur profondeur, leur sens de l’Église, éduquent et approfondissent la foi, ou au contraire l’ébranlent ou la dissolvent par leur partialité ou leurs méthodes. Les publications françaises ont souvent eu, elles ont toujours, une portée internationale, même auprès des jeunes Églises. Votre charisme prophétique vous fait un devoir de veiller particulièrement à leur fidélité doctrinale, à leur qualité ecclésiale.

6. La question fondamentale que nous devons nous poser, nous, évêques sur lesquels pèse une responsabilité particulière en ce qui concerne la vérité de l’Évangile et la mission de l’Église, est celle de la crédibilité de cette mission et de notre service. En ce domaine, nous sommes parfois interrogés et jugés sévèrement: l’un d’entre vous n'écrivait-il pas: “Notre époque aura été dure à l’égard des évêques”? Et par ailleurs nous sommes prêts à nous juger nous-mêmes sévèrement, et à juger sévèrement la situation religieuse du pays et les résultats de notre pastorale. L’Église en France n’a pas été exempte de tels jugements: il suffit de se remémorer le célèbre livre de l’Abbé Godin: “France, pays de mission?”, ou encore l’affirmation bien connue: “L’Eglise a perdu la classe ouvrière”.

Ces jugements demandent toutefois que l’on observe une modération perspicace. Il faut aussi penser à long terme, car c’est essentiel pour notre mission. Maison ne peut pas nier que l’Église en France ait entrepris, et entreprenne, de grands efforts en vue “d’atteindre ceux qui sont loin”, surtout dans les milieux ouvriers et ruraux déchristianisés.

Ces efforts doivent conserver pleinement un caractère évangélique, apostolique et pastoral. Il n’est pas possible de succomber aux “défis de la politique”. Nous ne pouvons pas non plus accepter de nombreuses résolutions qui prétendent être seulement “justes”. Nous ne pouvons pas nous laisser enfermer dans visions d’ensemble qui sont en réalité unilatérales. Il est vrai que les mécanismes sociaux, et aussi leur caractéristique politique et économique, semblent confirmer ces visions d’ensemble et certains faits douloureux: “pays de mission”, “perte de la classe ouvrière”. Il semble toutefois que nous devons être prêts non seulement à l’autocritique, mais aussi à la “critique” des mécanismes eux-mêmes. L’Église doit être prête à défendre les droits des hommes au travail, dans chaque système économique et politique.

On ne peut surtout pas oublier la très grande contribution de l’Église et du catholicisme français dans le domaine missionnaire de l’Église par exemple, ou le domaine de la culture chrétienne. On ne peut pas accepter que ces chapitres soient clos! Bien plus, on ne peut accepter que, dans ces domaines, l’Église en France change la qualité de sa contribution et l’orientation qu’elle avait prise et qui mérite une crédibilité totale.

Il faudrait évidemment considérer ici toute une série de tâches élémentaires à l’intérieur de l’Église, en France même, par exemple la catéchèse, la pastorale de la famille, l’œuvre des vocations, les séminaires, l’éducation catholique, la théologie. Tout cela dans une grande synthèse de cette “crédibilité” qui est si nécessaire pour l’Église en France, comme partout d’ailleurs, et pour le bien commun de l’Église universelle.

7. Votre responsabilité s’étend en effet - comme chez les autres épiscopats, mais d’une manière diverse - au-delà de “votre” Église, au-delà de la France. Cela, vous devez l’accepter, et vous ne pouvez pas vous en affranchir. Là encore, il faut une vision vraiment universelle de l’Église et du monde, et particulièrement précise, je dirais “sans erreur”.

Vous ne pouvez pas agir seulement en fonction des circonstances qui se sont jadis présentées devant vous et qui vous sont encore offertes. Vous devez avoir un “plan de solidarité” précis et exact, à l’égard de ceux qui ont un droit particulier à compter sur votre solidarité et à l’attendre de vous. Vous devez avoir les yeux largement ouverts vers l’Occident et vers l’Orient, vers le Nord et vers le Sud. Vous devez donner le témoignage de votre solidarité à ceux qui souffrent de la faim et de l’injustice, à cause de l’héritage du colonialisme ou de la répartition défectueuse des biens matériels. Mais vous devez aussi être très sensibles à tous les dommages qui sont faits à l’esprit humain: à la conscience, aux convictions religieuses, etc.

N’oubliez pas que l’avenir de l’Évangile et de l’Église s’élabore peut-être de manière particulière là où les hommes subissent parfois, pour leur foi et pour les conséquences de la foi, des sacrifices dignes des premiers chrétiens. Vous ne pouvez pas garder le silence là-dessus face à votre société et à votre Église. Il faut en ce domaine une particulière solidarité du témoignage et de la prière commune!

Il y a là un chemin sûr pour renfoncer la crédibilité de l’Église dans votre pays, et il ne doit pas être délaissé. Vous êtes insérés en effet dans un système de vases communicants, même si, dans ce système, vous êtes indubitablement une composante particulièrement vénérable, particulièrement importante et influente. Cela crée beaucoup de devoirs! Le chemin vers l’avenir de l’Église en France - le chemin vers cette grande conversion, peut-être, dont évêques, prêtres et fidèles sentent le besoin - passe par l’acceptation de ces devoirs!

Mais face aux négations qui sont le fait de beaucoup, face aux désespoirs qui, à la suite des nombreuses vicissitudes historiques, semblent former le visage spirituel de la société contemporaine, ne vous reste-t-il pas toujours la même puissante ossature de l’Évangile et de la sainteté, qui constitue un patrimoine particulier de l’Église en France?

Le christianisme n’appartient-il pas de façon immanente au “génie de votre nation”?

La France n’est-elle pas toujours “la Fille aînée de l’Église”?


 [1] Matth. 28, 20.

 [2] Cfr. Gaudium et Spes.

 [3] Eph. 3, 18.

 [4] Cfr. Lumen Gentium, 12.

 

 

 

 

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