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DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II
À UNE DÉLÉGATION

D
U PATRIARCHE DIMITRIOS Ier

Lundi 30 juin 1986

Chers Frères,

“Que la grace et la paix vous soient données en abondance” , à vous, Frères envoyés par le Patriarche Dimitrios Ier pour la fête des saints Pierre et Paul! C’est une joie pour moi de vous saluer avec les mêmes paroles que saint Pierre a adressées aux premiers chrétiens du Pont, de la Galatie, de la Cappadoce, de l’Asie, de la Bythinie. Soyez les bienvenus parmi nous! Votre présence, qui accroît notre joie en ces jours de fêtes, exprime aussi notre commune volonté de rétablir la pleine unité entre nos Eglises.

En célébrant ensemble, ici et au Patriarcat œcuménique, les fêtes des saints Apôtres patrons de nos Eglises, nous donnons une impulsion toujours renouvelée au dialogue de la charité. Soutenus par la foi apostolique, nous sommes portés au seuil de la célébration eucharistique, et l’impossibilité actuelle d’une concélébration, bien loin de nous décourager, nous pousse à mettre tout en œuvre pour surmonter les divergences qui demeurent entre nous.

La communion dans la prière concentre l’attention sur l’essentiel, sur la volonté de Dieu, et renforce l’adhésion fidèle et l’obéissance sincère que nous lui devons. En même temps, cette communion dans la prière libère de certains conditionnements hérités du passé en purifiant le coeur et l’esprit des intentions qui ne sont pas cohérentes avec le dessein de Dieu sur son Eglise. Je voudrais que cette pratique de s’unir ensemble dans la prière s’étende toujours davantage là où catholiques et orthodoxes vivent les uns à coté des autres.

Certes, si nos Eglises, depuis presque un millénaire, ne concélèbrent plus l’Eucharistie, cela veut dire que les divergences ont été considérées comme graves des deux cotés. Le dialogue théologique est donc indispensable. Il devra clarifier les malentendus, discuter et résoudre les divergences, et, finalement, déclarer l’unité dans la foi. Ce dialogue théologique dont, avec le Patriarche Dimitrios, j’ai eu la joie d’annoncer l’ouverture, justement à l’occasion de la fête de saint André, frère de saint Pierre, devra accomplir sa mission jusqu’au bout en étant attentif aux inspirations du Saint-Esprit et libre des préoccupations étrangères à son but authentique. Nous le savons tous. Il s’agit d’un dialogue concret et complexe. Il engage des personnes et des situations aux expériences diverses. Il implique toujours un authentique sacrifice. Dialoguer signifie prendre en considération l’autre dans toute sa complexité théologique, pastorale, historique, culturelle, psychologique. Cela comporte aussi le risque réaliste de rencontrer des difficultés qui parfois ralentissent une marche que, tous, nous voudrions plus rapide et plus libre. Mais nous voulons marcher jusqu’au bout: jusqu’à l’autel de la concélébration. Les théologiens engagés dans le dialogue sauront certainement trouver la voie juste, en fidélité à la sainte Ecriture et à la grande tradition commune de nos Eglises. Pour cette tache si vitale pour l’Eglise du Christ, nous les encourageons et nous les soutenons de tout cœur.

En réalité, si la recomposition de la pleine unité des chrétiens est une exigence évangélique indiscutable, elle est aussi une urgence pour le monde de notre temps inquiet et troublé, et qui affronte les tentations de la violence, de la division et de la mort. La guérison de la blessure que la division entre Orient et Occident a causée à la communauté chrétienne sera utile non seulement aux catholiques et aux orthodoxes, mais à toute la communauté chrétienne, et elle aidera grandement à la révélation de l’Evangile dans le monde. L’unité est un bien pour tous et n’implique aucune menace pour personne. L’unité n’est pas absorption d’une communauté par une autre, mais pleine communion de foi dans le respect de la variété des diverses traditions dans la mesure où elles expriment la même foi et incarnent l’unique Evangile dans les cultures locales.

Le dernier synode extraordinaire des évêques de l’Eglise catholique, convoqué pour le vingtième anniversaire du deuxième Concile du Vatican, a réaffirmé l’importance d’une vision de l’Eglise comme communion. La relation finale affirme que “l’ecclésiologie de communion est aussi fondement de l’ordre dans l’Eglise et surtout d’une correcte relation entre unité et pluriformité dans l’Eglise” .

Dans le pèlerinage vers la pleine unité, c’est le Seigneur qui nous guide pour que nous puissions mieux témoigner de son nom parmi les hommes et mieux annoncer au monde la bénédiction de Dieu, la rédemption et l’espérance qui ne déçoit pas.

“Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ: dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une vivante espérance, par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne se peut corrompre, ni souiller, ni flétrir” .

C’est dans ces sentiments de joie, de communion et d’engagement que nous vous recevons aujourd’hui et que je vous prie de porter à mon Frère en Christ, le Patriarche œcuménique Dimitrios Ier l’expression de ma gratitude pour vous avoir envoyés, ainsi que mon respect et mon affection en Jésus Christ.

“Que la grâce et la paix vous soient données en abondance”.

 

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