Index   Back Top Print

[ FR  - IT ]

VOYAGE APOSTOLIQUE EN EXTRÊME ORIENT ET À MAURICE

RENCONTRE DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
AVEC LES PRÊTRES, LES RELIGIEUX
ET LES REPRÉSENTANTS DU LAÏCAT

Sainte-Croix (Maurice)
Dimanche, 15 octobre 1989

 

Chers Frères et Sœurs,

1. «Ecoutez la voix des guetteurs,... c’est un seul cri de joie; ils voient de leurs yeux le Seigneur qui revient à Sion»[1].

En accomplissant ce pèlerinage au tombeau du bienheureux Jacques Laval, c’est avec joie que je vous rencontre dans la prière et l’action de grâce, vous prêtres, religieux, religieuses, personnes consacrées, laïcs engagés de l’Eglise qui est à Maurice.

Le Père Laval a été ici un merveilleux messager de la Bonne Nouvelle, un de ces guetteurs qui voient le Seigneur consoler son peuple[2]. Et vous tous, par les différentes charges que vous exercez au service de la communauté, vous poursuivez l’apostolat du missionnaire vénéré, héritiers de ce qu’il a fait germer, et nouveaux semeurs pour les générations présentes. L’œuvre ecclésiale continue et se renouvelle, à l’image de l’église où nous sommes rassemblés, que vous avez sans cesse rebâtie quand les cyclones l’avaient ébranlée.

2. Le messager que le prophète Isaïe voit accourir «vient dire à la cité sainte: il est roi, ton Dieu!»[3]. Oui, le Seigneur nous a promis sa présence qui sanctifie le peuple de Dieu qui est à Maurice. Osons le dire: fidèles laïcs, religieux ou prêtres, l’aspect premier de votre vocation, dès votre baptême, c’est l’appel à vous laisser pénétrer par la sainteté de Dieu, par ce don gratuit, bien plus grand que tout ce que nous pouvons réaliser et mériter par nous-mêmes.

L’exigence est grande, car il s’agit de vivre et d’agir en nous conformant à l’Esprit Saint qui nous est donné; mais l’appel est profondément heureux, car, dans notre faiblesse, la grâce surabonde! C’est Dieu qui sanctifie son Eglise. C’est le Fils qui fait de ses frères les membres de son Corps. C’est dans l’assemblée eucharistique que nous sommes unis par son amour suprême.

Alors, répondons en confiance à notre vocation et à la sainteté: «Le Seigneur a consolé son peuple... Toutes les nations, d’un bout à l’autre de la terre, verront le salut de notre Dieu»[4]. Puissions-nous être les intendants fidèles de la grâce que nous avons reçue, solidaires avec l’Eglise répandue dans le monde, dans l’unité fraternelle de chacune de nos communautés, dans l’amour que nous avons pour tout être humain!

3. La vocation à la sainteté, le Père Laval nous en montre le chemin par son humilité autant que par l’énergie persévérante de son action. Qu’il vous inspire, les uns et les autres, dans les rôles complémentaires qui vous reviennent pour remplir la mission de l’Eglise! Me sentant très proche de votre Evêque, mon frère le Cardinal Margéot qui vient de dire ce que vous êtes et ce que vous vivez, je vous encourage et je vous dis la gratitude de toute l’Eglise pour votre dévouement.

Je pense à vous, prêtres diocésains et religieux, aux séminaristes qui se préparent à vous rejoindre. Soyez dans la joie parce qu’il vous est donné d’être pasteurs à la suite du Bon Pasteur, en union avec votre Evêque. Poursuivez avec audace l’œuvre des pionniers, comme Monseigneur Collier ou l’Abbé Masuy. Animateurs de paroisses et de communautés en collaboration avec les religieux et les laïcs, puisez dans la prière la force de porter toujours mieux la Parole, de guider les fidèles, de célébrer avec ferveur les mystères, de réconforter les blessés de la vie, d’être vous-mêmes les premiers acteurs de l’évangélisation. Soyez à votre tour les éveilleurs de vocations nouvelles!

Aux religieux, aux religieuses et aux membres des Instituts séculiers, je voudrais dire combien leur généreuse réponse à l’appel du Seigneur a d’importance. Avec le Cardinal Jean Margéot, je salue la mémoire de la fondatrice que fut Mère Marie-Augustine, fille de cette terre. Vous êtes, par le témoignage de votre pauvreté, de votre chasteté, de votre obéissance et de votre prière, des signes éloquents; votre simple disponibilité, votre labeur compétent et désintéressé dans de nombreux domaines attestent aux yeux de vos frères que l’amour de Dieu et l’amour du prochain ne font qu’un; que tout donner pour suivre le Christ est source de joie profonde.

Laïcs qui prenez votre part de responsabilité dans les communautés ecclésiales de base ou les mouvements, vous épanouissez les dons reçus à votre baptême et à votre confirmation. Vous êtes les successeurs des hommes et des femmes que le Père Laval avait chargés d’étendre et d’appuyer l’évangélisation. De manières différents actuellement, vous êtes appelés à pénétrer d’esprit évangélique les activités professionnelles et sociales où vous collaborez avec des hommes et des femmes autrement croyants. Soyez, en toutes circonstances, des artisans de paix et d’unité; témoignez du respect dû à tout être humain quelle que soit sa condition; défendez, par votre façon de vivre, les valeurs morales et spirituelles sans lesquelles l’homme s’amoindrit. Votre présence chrétienne au monde n’est pas un choix qui exclut votre présence responsable dans les diverses instances de l’Eglise. Ces deux formes d’action sont complémentaires, et toutes deux nécessaires.

Le conseil pastoral diocésain, institution qui découle des orientations données par le Concile Vatican II, vous aide, les uns et les autres, à bien situer votre vocation et votre mission, en même temps qu’il aide l’Evêque dans l’exercice de sa responsabilité pastorale. Je suis heureux de voir que votre Conseil est constitué et qu’il est un lieu de collaboration constructive des forces vives de l’Eglise diocésaine.

4. Dans le cadre de notre rencontre, je ne puis évoquer tous les aspects de votre activité pastorale ni de la vie spirituelle personnelle qui vous permet de la mener selon votre vocation. Mais il est un sujet sur lequel j’aimerais insister, celui de l’éducation des jeunes chrétiens.

Depuis longtemps, vous avez fourni des efforts considérables pour donner à vos jeunes un enseignement de qualité allant de pair avec la formation chrétienne. Je souhaite que, dans une bonne relation avec les autorités responsables, vous puissiez répondre ainsi à l’attente des familles dans les écoles catholiques.

Il reste à veiller à ce que l’ensemble des jeunes baptisés soient ouverts à la foi par une catéchèse vivante au long de leur adolescence. La tâche n’est pas aisée, car l’attention des jeunes est sollicitée ailleurs dans une société qui les disperse. Il faut que beaucoup d’adultes acceptent de donner de leur temps, de suivre une formation de catéchiste. Et, plus profondément, il faut que la communauté entière se sente responsable de proposer aux générations nouvelles la rencontre du Christ, la participation à la vie de l’Eglise, la réflexion sur les règles de conduite, un éclairage sur les grandes questions de notre temps qui mettent en cause le sens même de leur vie.

Une telle mission ne peut être remplie par quelques spécialistes; c’est l’affaire de tous les chrétiens, appuyés par les responsables diocésains. Beaucoup d’entre vous prennent leur part de cette tâche. Je souhaite qu’ils entraînent d’autres bonnes volontés, c’est une réelle nécessité.

5. En concluant, je voudrais vous dire mes vœux et mes encouragements pour toutes vos tâches et tous vos ministères. On compte sur vous pour entraîner l’ensemble de vos frères et sœurs à progresser dans la foi et la charité, à servir avec prédilection les petits et les pauvres affrontés aux fléaux de ce temps. Soyez les ministres confiants et inlassables de l’espérance, de la vie plus forte que la mort!

Le successeur de Pierre, venu parmi vous, se réjouit de la vitalité et de la générosité de votre Eglise. Les nombreux missionnaires partis de Maurice pour annoncer l’Evangile ailleurs en sont un heureux fruit.

Avec le prophète Isaïe, rendons grâce:

«Comme il est beau de voir courir sur les montagnes / le messager qui annonce la paix, / le messager de la bonne nouvelle, / qui annonce le salut!»[5].


[1] Is. 52, 8.

[2] Cfr. ibid. 52, 7-9.

[3] Ibid. 52, 7.

[4] Cfr. ibid. 52, 9-10.

[5] Ibid. 52, 7.

 

© Copyright 1989 - Libreria Editrice Vaticana

 



Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana