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DISCOURS DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
AUX PARTICIPANTS À L
’ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE
DU CONSEIL PONTIFICAL POUR LES LAÏC
S

Jeudi, 14 mai 1992

 

Messieurs les Cardinaux,
Chers Frères dans l’Épiscopat,
Chers amis,

1. Au terme de deux réunions complémentaires, je suis heureux d’accueillir ensemble les membres du Conseil pontifical pour les Laïcs et les représentants de quelque quatre-vingt-dix associations ou mouvements laïcs. Après l’Assemblée plénière du dicastère au Vatican, la semaine dernière, consacrée à l’approfondissement des aspects fondamentaux de la spiritualité des fidèles laïcs, le thème des Journées internationales d’étude de Rocca di Papa en a été un prolongement naturel, puisque vous avez réfléchi à votre expérience de la pratique missionnaire des associations de fidèles, en choisissant pour titre la belle et dense parole de Paul: «Annoncer aux païens l’insondable richesse du Christ»[1]. Se placer ainsi sous le patronage de l’Apôtre des Nations, c’est déjà un véritable engagement.

2. Je remercie M. le Cardinal Eduardo Pironio de m’avoir présenté à la fois les travaux du dicastère qu’il préside, assisté de Mgr Paul Cordes, et les échanges du colloque de Rocca di Papa. Ma gratitude va à tous les membres et collaborateurs du Conseil pontifical pour les Laïcs qui accomplissent, au nom du Saint-Siège, un service très utile d’accueil et d’écoute, de dialogue et de collaboration, d’orientation et de soutien à l’égard des fidèles laïcs, groupés pour prendre ensemble leur part de la mission de l’Église. Par leur vie et leur action commune, ils contribuent à présenter au monde le signe de l’union avec Dieu et de l’unité du genre humain qu’est l’Église, pour m’inspirer des termes mêmes du Concile Vatican II, au début de la constitution sur l’Église[2].

Vous qui êtes venus de tous les continents, je vois en vous une manifestation claire de l’attitude catholique qui sait réunir les personnes nombreuses et très diverses que sont les fidèles laïcs dans l’Église, et qui sait rester ouverte aux appels du monde. Vous témoignez de la richesse des dons que l’Esprit répand parmi les fidèles, des «charismes» qui sont à la source de toute véritable expérience associative. Il s’agit pour vous de servir l’unité dans la foi, à travers les multiples manières d’exprimer sa foi et de la vivre. Votre réunion manifeste aussi la liberté des personnes et la liberté d’association à l’intérieur d’un même mystère de communion, en cette «nouvelle époque d’association des fidèles laïcs» que soulignait l’exhortation post-synodale Christifideles Laici[3]. Votre action suscite, chez les baptisés, de nombreuses formes de participation responsable à l’édification de l’Église, afin que se renforce en eux l’élan missionnaire qui répond à la «grâce qui nous a été confiée d’annoncer aux païens l’insondable richesse du Christ»[4].

Travaillant ensemble de plus en plus, dans le cadre de la rencontre qui s’achève comme dans vos diverses régions, vous faites un chemin fort utile qui vous conduit à mieux vous connaître, à accueillir avec reconnaissance les dons et les fruits portés dans d’autres expériences associatives. On se rend compte que bien des préjugés ou des oppositions ont été dépassés. Pour tous, il s’agit de s’unir pour vivre de manière plus transparente la communion, pour s’enrichir mutuellement et pour prendre plus activement chacun sa part dans l’unique mission de l’Église. Je vous sais gré d’avoir répondu positivement à l’invitation du Conseil pour les Laïcs, donnant ainsi une nouvelle preuve de votre fidélité au Successeur de Pierre, inséparable de votre fidélité confiante au ministère des évêques qui, en communion avec le Pape, président les Églises particulières dans le monde entier.

3. Votre rassemblement de nombreux mouvements laïcs n’a évidemment pas pour objectif de présenter une force que nous croirions imposante. Ce serait vouloir se rassurer d’une manière malheureuse, en se trompant sur la véritable force qui nous anime. L’Apôtre qui inspire vos réflexions ne s’est-il pas écrié: «Je sais en qui j’ai mis ma foi»[5]? Il importe avant tout de se rappeler qu’«il n’y a qu’un seul Seigneur, Jésus Christ»[6] et qu’«il n’y a pas d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés»[7]: tel est le motif premier de votre expérience associative, de votre témoignage communautaire et de l’évangélisation que vous êtes appelés à poursuivre. Nous n’adorons pas d’autres «dieux», nous ne suivons pas d’autres «seigneurs». La puissance paradoxale de l’Église – et donc de vos associations – réside dans le mystère de l’Incarnation, quand le Fils de Dieu se fait notre frère, pour sauver et transfigurer notre vie par la richesse insondable de son amour. La rencontre du Christ est si belle et si féconde qu’il faut la communiquer partout, à tout «prochain», en famille, dans son quartier, à l’école, au bureau, à l’usine, dans tous les milieux. Se mettre à la suite du Christ est une expérience si radicale pour ceux à qui elle a été donnée qu’il faut en transmettre la joie, dans l’espérance du salut ouvert à tous les hommes. Ce serait rendre un piètre service que de réduire les «richesses» du message chrétien à «une sagesse purement humaine, en quelque sorte une science pour bien vivre»[8], à des codes de comportement incapables de guérir le «cœur» de l’homme et de le mettre sur la voie de la plénitude de la vie.

4. Chers amis, alors que la foi n’est plus aujourd’hui un patrimoine commun, mais seulement une semence souvent oubliée, souvent menacée par les «dieux» et les «seigneurs» de ce monde, vos associations et vos mouvements ont beaucoup à faire pour prendre soin de cette semence et la faire croître, pour qu’elle puisse porter des fruits en abondance, en somme, pour «planter» l’Église en tout lieu humain. Cette mission résulte de la grâce baptismale, en vertu de laquelle aucun des Christifideles ne devrait rester inactif dans la vigne du Seigneur qu’est le monde. Cette mission est toujours à reprendre, allant de personne à personne, d’expérience en expérience. Elle peut s’exercer dans tous les milieux et dans tous les domaines de la vie sociale où vous avez été placés.

Dans la dynamique missionnaire animée par la grâce, vous êtes appelés et envoyés pour annoncer Jésus Christ dans de nombreux «aréopages» d’un monde qui s’éloigne de son Créateur et Sauveur. Suivez l’exemple des premiers témoins et des premiers disciples, après la Pentecôte; rendus forts par l’Esprit du Seigneur, ils surmontent les obstacles et franchissent les frontières!

La mission commence où l’on vit. Mais la mission ad gentes est plus que jamais demandée aux fidèles laïcs aussi, à leurs associations et à leurs mouvements. Que la grâce qui vous a été confiée vous convertisse en pèlerins, capables de quitter vos maisons et votre sécurité pour aller partager les insondables richesses du Christ là où le Seigneur vous appelle, là où l’Église a besoin de vous. Je pense à l’œuvre missionnaire accomplie dans de nombreux pays où Jésus Christ reste un inconnu, où parfois la présence institutionnelle de l’Église est interdite et comporte de réels dangers. Je pense aux communautés chrétiennes qui entreprennent leur reconstruction, après le temps où l’on a tenté d’éteindre le sens religieux et de faire taire la Bonne Nouvelle. Je pense aussi à tant de lieux où les pauvres attendent une solidarité active pour obtenir la justice et la dignité humaine, grâce à la charité créative qui témoigne de la vérité et de la fécondité humaine du message de salut.

Sous toutes ses formes, l’engagement missionnaire ne peut être absent aujourd’hui de la participation des fidèles laïcs à la vie de l’Église, en raison même de leur confirmation. Il faut donc faire progresser la conscience que la mission concerne tous les chrétiens, les diocèses et les paroisses, les institutions et les associations ecclésiales. Plus que jamais, la foi doit être proposée à la libre adhésion de tout homme, en tout peuple et nation, parce que «les multitudes ont le droit de connaître la richesse du mystère du Christ, dans laquelle nous croyons que toute l’humanité peut trouver, avec une plénitude insoupçonnable, tout ce qu’elle cherche à tâtons au sujet de Dieu, de l’homme et de son destin, de la vie et de la mort, de la vérité»[9].

5. In your presence I wish to affirm once more the importance which I attach to World Youth Day by reason of its significance in creating among young people a sense of belonging to the Church, God’s pilgrim people, gathered from every nation, race and culture. The last World Meeting of Youth, held at Czêstochowa last August, was a wonderful and particularly fruitful ecclesial and missionary experience. I am confident that, with the combined efforts of the associations and movements which you represent, the next Meeting, to be held in Denver in the United States in August 1993, will likewise be a time of grace. I pray that it will enable many young people to gain a deeper awareness of their role and responsibility in extending the kingdom of our Lord and Saviour Jesus Christ in the world. The theme, "I came that they may have life, and have it abundantly"[10], points to the profound spiritual content of the reflection, discernment and commitment which the Meeting is intended to propose to the youth of the world. The Council for the Laity, in cooperation with the Church in the United States, will coordinate the great effort involved in preparing the successful celebration of this important event.

6. Antes de terminar este encuentro, deseo agradecer vivamente el trabajo llevado a cabo por el Pontificio Consejo sobre la espiritualidad de los laicos, objeto principal de la asamblea plenaria celebrada estos días. En efecto, el tema responde a una necesidad real: toda participación auténtica en la comunión y la misión eclesial requiere, por parte de los fieles, el encuentro con Cristo, la adhesión de la propia fe madurada en la vida espiritual, según la vocación de cada uno. Conviene, por tanto, que todos los bautizados tengan acceso a una experiencia espiritual que alimente su fe, dé sentido a su vida e inspire su acción. Los miembros de las asociaciones y movimientos que están en contacto con el Pontificio Consejo para los Laicos deben contribuir a esta reflexión común con la aportación del propio carisma. Ya desde ahora, os manifiesto mi gratitud por vuestras valiosas aportaciones, que serán de gran ayuda para todos.

En vous saluant tous cordialement, je reprends le souhait de saint Paul: «Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous»[11]!

De grand cœur, j’invoque sur vous et sur l’ensemble des fidèles que vous représentez la Bénédiction de Dieu.


[1] Ep 3, 8.

[2] Cf. Lumen gentium, n.1.

[3] N. 29.

[4] Ep 3, 8.

[5] 2 Tm 1, 12.

[6] 1 Co 8, 6.

[7] Ac 4, 12.

[8] Redemptoris missio, n. 11.

[9] Pauli VI, Evangelii nuntiandi, n. 53; cf. Redemptoris missio, n. 7.

[10] Jn 10:10.

[11] 1 Th 5, 28.


 

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