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DISCOURS DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
À LA DÉLÉGATION DU PATRIARCAT
ŒCUMÉNIQUE DE CONSTANTINOPL
E

Solennité des saints Apôtres Pierre et Paul
Mardi, 29 juin 1993

 

Chers Frères,

De tout cœur, je vous souhaite la bienvenue. En vous accueillant avec une profonde affection, je désire aussitôt remercier ceux que vous représentez: Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée I, ainsi que le Saint Synode de l’Eglise de Constantinople. Cette année, ils ont délégué auprès de nous le Métropolite de l’Eglise grecque orthodoxe en France, en Espagne et au Portugal, dont je connais l’activité pastorale conduite en excellente collaboration avec les évêques catholiques de ces pays. Je le salue bien cordialement.

Comme chaque année, la présence de la délégation du Patriarcat œcuménique aux fêtes des saints Pierre et Paul est un motif de joie pour moi et pour l’Eglise de Rome. Je suis convaincu que les relations étroites entretenues par les pasteurs de nos Eglises sont – et devront être toujours plus – un élément décisif pour progresser dans notre commune recherche de la pleine unité: « Par-dessus toute chose, qu’il y ait entre vous l’amour: c’est lui qui fait l’unité dans la perfection. Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés pour former en lui un seul corps »[1].

La coutume qui s’est instaurée par un consentement mutuel de célébrer en commun les fêtes des patrons de nos Eglises respectives, saint Pierre et saint Paul d’une part et saint André d’autre part, s’avère, au fur et à mesure qu’elle s’affermit, plus féconde que nous l’avions espéré au moment où la décision a été prise.

Pierre et André étaient frères. D’après saint Jean, André fut appelé le premier[2]. Et les deux frères reçurent le même appel à suivre le Seigneur. Ils y répondirent immédiatement, laissant leurs filets dans la mer car ils étaient pêcheurs[3]. A partir de ce moment, ils ont suivi le Seigneur pendant toute leur vie. A son exemple et pour lui, ils ont effectivement mis en pratique sa parole: « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime »[4]. Jusqu’à leur dernier jour, ils ont été fidèles au mandat reçu du Seigneur ressuscité: « Allez donc! De toutes les nations faites des disciples..., leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit »[5]. L’un et l’autre ont travaillé, chacun selon le don qui fut le sien, à rassembler l’unique famille du Christ. Maintenant qu’ils sont réunis dans la même gloire et dans la même vénération, nous sommes unis pour les célébrer et rendre, grâce au Seigneur, car nous avons reçu, par eux et par leurs successeurs, l’Evangile du salut et le nom de chrétiens que nous sommes fiers de porter.

Mais l’union héritée des deux saints frères, nous le savons, n’a malheureusement pas encore abouti à l’unité complète que le Christ veut pour les siens. Si profonds que soient les liens de communion qui unissent nos Eglises, nous ne sommes pas encore arrivés à retrouver la pleine communion entre nous. Dans notre célébration de ce jour et dans la prière que, toute l’année, nous faisons monter vers le Seigneur, nous lui demandons de nous guider et de hâter notre marche vers ce but qu’ils nous demande d’atteindre.

En ces jours qui suivent la septième session plénière de la Commission mixte de dialogue théologique entre l’Eglise catholique et l’Église orthodoxe, nous avons une raison particulière de rendre grâce au Seigneur, car une nouvelle étape a été franchie. Nous savons qu’elle l’a été dans une atmosphère de profonde charité fraternelle et de confiance mutuelle, fruits du dialogue de la charité qu’il faut continuer à développer et à approfondir afin d’accompagner le dialogue théologique et de permettre son progrès. Les résultats de la réunion de Balamand devraient aider toutes les Eglises locales orthodoxes et toutes les Églises locales catholiques, latines et orientales, qui vivent dans une même région, à s’engager davantage dans le dialogue de la charité et à instaurer ou à poursuivre des relations de collaboration dans le domaine de leur action pastorale. Il est vrai que notre marche en avant ne peut pas être facile, car il s’agit d’infléchir d’anciennes habitudes et, comme l’a dit le deuxième Concile du Vatican, ce changement ne peut être que le fruit d’une profonde conversion du cœur et d’un effort continuel de renouveau de nos Eglises pour une fidélité toujours plus exigeante à la volonté de leur Seigneur. Nous savons aussi que l’Adversaire[6] fera tout ce qui est en son pouvoir pour nous empêcher de progresser vers notre but. Mais nous savons et nous croyons que « Celui qui est en (nous) est plus grand que celui qui est dans le monde »[7]. Cette conviction doit intensifier notre prière et, pour ma part, j’ai demandé à tous les catholiques d’implorer le Seigneur pour que ce dialogue porte du fruit, car le Maître de la vigne est le seul qui peut donner la croissance.

C’est dans des sentiments de joie, de charité fraternelle et d’action de grâce que je vous accueille aujourd’hui. Je vous demande de transmettre mes salutations les plus fraternelles à Sa Sainteté le Patriarche Bartholomée I et au Saint Synode. Les saints Apôtres Pierre et André, nous n’en doutons pas, nous soutiennent par leur constante intercession. En suivant immédiatement le Seigneur[8], ils ont su nous montrer l’exemple. Ne tardons pas à nous mettre encore davantage à l’écoute de la parole du Seigneur: c’est là un facteur décisif sur notre chemin vers la pleine unité.


[1] Col. 3, 14-15.

[2] Cfr. Io. 1, 40-42.

[3] Cfr. Matth. 4, 18.

[4] Io. 1, 13.

[5] Matth. 28, 19-20.

[6] Cfr. 2 Thess. 2, 4.

[7] 1 Io. 4, 4.

[8] Cfr. Matth. 4, 20.


 

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