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DISCOURS DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
AUX PARTICIPANTS À LA XV
e ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DE LA «CARITAS INTERNATIONALIS»

Samedi 13 mai 1995

 

Chers frères dans l’épiscopat,
Chers amis,

1. La quinzième Assemblée générale de Caritas Internationalis qui s’achève me donne l’heureuse occasion de vous accueillir, vous les représentants des hommes et des femmes du monde entier qui constituent l’admirable réseau des «Caritas».

Vous êtes parmi les plus actifs et les plus compétents pour inciter tous les fidèles de l’Eglise à répondre généreusement au commandement fondamental de l’amour du prochain, que le Seigneur a mis au même rang que celui de l’amour de Dieu, pour résumer toute la Loi et pour guider la vie chrétienne[1].

Je remercie votre Président, Monseigneur Affonso Gregory, pour les paroles qu’il vient de m’adresser en votre nom, se faisant l’écho de vos travaux. Au moment où vous venez de le confirmer dans sa charge, je lui offre mes vœux et lui exprime ma confiance.

2. Le Pape Paul VI avait voulu que, près du Successeur de Pierre, le Conseil pontifical Cor Unum assure la coordination harmonieuse des nombreux et divers mouvements qui œuvrent pour une charité concrète dans l’Eglise. Il est heureux que Caritas internationalis figure au premier rang de ceux qui travaillent dans l’esprit qui préside à la mission de ce Conseil qui m’est si proche.

Avant de souligner quelques aspects de votre activité, je voudrais dire toute l’estime et la gratitude de l’Eglise pour l’œuvre accomplie par les différentes Caritas dans le monde entier. Je pense à tous ceux qui se dépensent sans compter dans vos divers organismes, parfois depuis plusieurs décennies, sans jamais se lasser.

Je souhaite la bienvenue aux Caritas fondées récemment en Europe ou en Afrique, qui vous rejoignent dans cette rencontre internationale, ainsi qu’aux responsables du nouveau regroupement établi pour l’Océanie.

Avec les membres de Caritas, je tiens aussi à saluer vos invités, les observateurs présents auprès de vous, qui témoignent de l’étendue et de la diversité de la grande famille de la charité active de l’Eglise.

Et comment ne pas évoquer toute la générosité des donateurs, sans lesquels vous ne pourriez agir? Comment ne pas rappeler l’engagement des permanents et des bénévoles qui, tout près de chez eux comme dans les missions lointaines, savent donner beaucoup d’eux-mêmes pour accueillir et soutenir leur prochain le plus pauvre? Et je pense avec émotion à tant d’hommes et de femmes qui ont payé un prix personnel élevé, maintes fois jusqu’au sacrifice de leur vie, parce qu’ils ont été fidèles jusqu’au bout à leur mission d’amour.

3. Vos assises constituent un lieu d’échanges précieux pour que se développent, sans s’arrêter aux frontières, les collaborations nécessaires en vue d’une meilleure diaconie de la charité à l’échelle du monde. Vous avez à reprendre et approfondir sans cesse les motivations théologiques et spirituelles qui orientent votre action et qui distinguent Caritas d’autres Organisations non-gouvernementales.

4. Pour inspirer et organiser efficacement les diverses formes d’entraide fraternelle, il importe que chaque communauté locale ait ses propres organes caritatifs, sans pour autant déléguer à quelques-uns seulement ce qui reste un devoir essentiel de tous.

Les animateurs, permanents ou bénévoles, de vos divers services ont une responsabilité particulière. Ils ont besoin de recevoir une bonne formation, non seulement en fonction des compétences techniques indispensables, mais aussi pour qu’ils vivent eux-mêmes et communiquent à leurs frères le vrai dynamisme évangélique de la charité. Il s’agit de mettre en œuvre la doctrine sociale de l’Eglise en comprenant bien son esprit; j’ai déjà dit qu’elle «a par elle-même la valeur d’un instrument d’évangélisation»[2]. Et je désire ajouter ici, en cette époque œcuménique, combien il est souhaitable que tous ceux qui se reconnaissent disciples du Christ s’unissent pour lutter contre la pauvreté et favoriser le développement intégral de l’homme.

C’est au contact quotidien des réalités les plus humbles de l’humanité et de sa souffrance que vous mesurez la portée réelle de l’enseignement social de l’Eglise, des exigences du respect de la vie et de la dignité de la personne. La charité est d’abord présence attentive et secourable auprès des plus démunis; mais vous savez qu’il faut aussi se préoccuper de soutenir les familles, de sauvegarder le droit au travail et au logement, l’accès aux soins de santé devant les épidémies et les carences de toutes sortes, l’éducation et la formation professionnelle des jeunes. Il vous revient d’être parmi les défenseurs d’une économie saine qui n’écrase pas les pauvres et ne fracture pas la société.

En prenant ces quelques exemples, je pense autant aux actions d’entraide sur le plan local et personnel, qu’à l’influence souhaitable de vos organisations dans des ensembles plus vastes. Que vos compétences et votre sens fraternel fassent de vous des porte-parole convaincants de l’enseignement social de l’Eglise auprès des responsables de l’économie et des autorités civiles. Exprimez avec netteté et discernement les exigences de la justice, qui ne sont d’ailleurs à nos yeux qu’une autre face du respect et de l’amour de l’homme, au nom desquels nous désirons l’amélioration des conditions de vie de tous.

5. Ces dernières années, les épreuves terribles subies par des nations comme la Bosnie-Herzégovine ou le Rwanda, pour ne nommer que celles-là, ont provoqué de la part des chrétiens œuvrant dans les Caritas du monde un élan de solidarité et des interventions remarquables sur le terrain. Mais vous êtes les premiers à souligner que l’action en situation d’urgence reste insuffisante. Nous sommes dans un monde où l’inégalité et même l’injustice restent dramatiques. La pauvreté demeure un fléau grave, dans des pays tout entiers, comme dans des parties notables de la population des pays plus riches. Continuez à agir immédiatement et dans des actions à long terme. Nous ne pouvons nous résigner à voir des millions d’êtres innocents victimes de la malnutrition, chassés de leurs terres, ou affectés de bien d’autres maux que le monde actuel a les moyens de vaincre. Vous êtes des agents efficaces d’une solidarité effective qui ne doit cependant pas dispenser les responsables politiques et économiques d’agir pour le vrai bien des peuples en mobilisant tous les moyens des Etats et de la Communauté internationale.

6. Dans le plan de travail élaboré à l’occasion de votre Assemblée, j’ai noté avec une vive satisfaction que vous entendez inscrire votre activité dans la préparation du grand Jubilé de l’entrée dans le troisième millénaire chrétien. L’année 1999 sera placée particulièrement sous le signe de la charité. Il est encourageant de voir que vous allez contribuer à ce sursaut chrétien si nécessaire en ce temps: car il faut que la voix du Christ soit entendue, que le commandement de l’amour soit un moteur puissant pour l’édification d’une société où la solidarité de tous consolidera la paix.
Chers amis, portez à tous vos frères les encouragements de l’Evêque de Rome. En appelant sur vous de grand cœur la Bénédiction Divine, j’invoque avec vous le Père riche en miséricorde, le Christ Sauveur et l’Esprit d’amour.


[1] Cfr. Matth. 22, 34-40.

[2] Ioannis Pauli PP. II Centesimus Annus, 54.


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