Index   Back Top Print

[ ES  - FR  - IT ]

 DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ITALIENNE,
M. ANTONIO SEGNI*

Mercredi 24 juillet 1963

 

Monsieur le Président,

La visite dont Votre Excellence Nous honore, à quelques jours seulement de Notre élévation au souverain Pontificat, et les paroles par lesquelles vous exprimez le sens et précisez la valeur de cet acte de courtoisie et d’hommage, touchent profondément Notre cœur.

Nous ne pouvons oublier que c’est la troisième fois, dans le court espace d’un peu plus d’une année, que Votre Excellence se rend dans cette demeure du Pape pour des motifs également élevés : par deux fois, dans ces mêmes salles, vous avez rencontré Notre illustre et vénéré Prédécesseur, et ces rencontres ont revêtu, non moins que la présente, la solennité et le cérémonial qui leur convenaient et convenaient à la sincère cordialité qui les inspirait, et que la caractéristique et souriante bonté paternelle du Pape Jean XXIII, d’heureuse mémoire, savait rendre si spontanée et si expansive.

La présente rencontre, du fait précisément qu’elle suit si rapidement et si régulièrement celles que Nous venons de mentionner, est pour Nous la preuve, comme elle l’est aussi pour quiconque veut en saisir l’aspect incontestablement plus remarquable et plus saillant, des rapports parfaitement normaux qui existent entre le Saint-Siège et l’État italien. Votre présence, monsieur le Président, l’attention qui la motive, le caractère officiel qu’elle revêt et les honneurs eux-mêmes avec lesquels Nous entendons l’accueillir et lui faire honneur sont une claire preuve de l’heureux et pacifique équilibre que les accords du Latran, si laborieusement réalisé mais acquis désormais à l’histoire présente et future, ont établi entre les deux pouvoirs suprêmes, l’ecclésiastique et le civil, en ce point, unique au monde, de leur convergence caractéristique et de leur coexistence délicate qui est Rome.

Ainsi, tandis que vous, monsieur le Président, vous venez au siège bien réduit de Notre souveraineté temporelle, signe et instrument de l’indépendance de Notre mission spirituelle universelle, pour Nous apporter le salut et l’hommage du peuple italien, Nous, Nous sommes heureux, sans attendre à Notre tour, de rendre son hommage et son salut à la nation italienne elle-même, en reconnaissant et en honorant en votre personne son souverain et digne président, et son illustre et si cher, à Nous aussi, représentant suprême.

À Notre avis, cela signifia que là où les termes juridiques, solennellement et très clairement, définissent et distinguent respectivement les sphères sacrées et intangibles de l’Église et de l’État, les termes historiques, culturels et religieux, en un mot humains et réels de ces deux mêmes entités révèlent et exigent une profonde communion morale qu’il serait antihistorique et funeste de méconnaître, et qui constituera, au contraire, un mutuel devoir et un mutuel intérêt de cultiver noblement et de promouvoir.

C’est précisément dans ce sens que vont Nos vœux pour la très chère Italie, dont vous personnifiez, en ce moment, la présence ! Oui, puisse l’Italie, libre et indépendante, avoir toujours clairement conscience de son incomparable patrimoine moral et religieux ; puisse-t-elle le considérer non comme un fardeau des siècles écoulés, mais plutôt comme une source d’énergies toujours jeunes pour sa culture nouvelle et son développement moderne, une sorte de stimulant à la concorde nationale et de guide pour son renouveau social, une sorte de glorieuse recommandation et de soutien pour son incorporation dans le plus vaste concert international, que désormais le monde réclame. Que ce soit une gloire et un bonheur pour l’Italie, non seulement de se dire, mais encore de se sentir catholique et de l’être réellement.

Tel sera, croyons-Nous et souhaitons-Nous, le titre le plus haut pour sa grandeur et pour sa prospérité; tel sera toujours le motif le plus cordial et le plus puissant qui Nous fera réserver, comme aujourd’hui Nous le faisons de tout cœur, à l’Italie, à son chef, à ses autorités, à ses instituions et à ses citoyens, Notre plus sincère et paternelle Bénédiction.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.31 p.8.

La Documentation catholique, n.1406 col.1068-1069.

 



Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana