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DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX PARTICIPANTS AU V CONGRÈS MONDIAL
DE PHYSIOPATHOLOGIE THYROÏDIENNE

Mardi 25 mai 1965

 

Chers Messieurs,

Venus à Rome pour participer au Cinquième Congrès Mondial de Physiopathologie thyroïdienne, vous avez voulu Nous rendre visite. Soyez assurés que Nous sommes très touché de votre geste, dont Nous apprécions la signification, et que c’est pour Nous un plaisir de vous accueillir en tette demeure.

Il n’est pas dans Notre intention ni dans Notre compétence d’entrer dans les difficiles questions médicales qui sont à l’ordre du jour de votre assemblée. Nous voulons seulement profiter de votre présente ici pour rappeler brièvement quelques vérités chrétiennes sur le corps humain, ce corps dont vous connaissez si bien la complexité et auquel vous consacrez de façon admirable votre temps et vos labeurs.

Contrairement à la pensée platonicienne, ou encore à la théorie hindouiste professant que le corps est un des lieux successifs de l’expiation d’une âme coupable, la doctrine chrétienne affirme que le corps n’est pas la prison de l’âme. Bien au contraire, l’homme, créé par Dieu à son image, comprend, dans l’unité d’une même personne, un corps et une âme spirituelle, étroitement unis l’un a l’autre. Le corps, qui a l’âme pour principe vital, lui sert aussi d’instrument. Il apporte à celle-ci la connaissance sensible du monde extérieur et lui permet de s’exprimer, Ce jeu d’interdépendance, dont l’existence est une donnée bien établie par l’expérience, constitue à lui seul un grand problème et un sujet qui a passionné les chercheurs au cours des siècles.

La grandeur de la pensée chrétienne sur le corps tient en ce qu’affirme saint Paul aux fidèles de Corinthe pour les arracher à l’ambiance pervertie de cette ville cosmopolite: «le corps n’est pas fait pour la fornication, il est pour le Seigneur». Le corps doit ressusciter comme le Seigneur; il est membre du Christ, temple du Saint-Esprit (cf. 1 Cor. 6, 13-20). Il faut donc glorifier Dieu dans son corps. Aussi bien l’incomparable dignité du corps humain tient à ce qu’il n’est pas ensemble de chair et d’os, mais enveloppe de l’âme et, par la grâce, habitacle du Saint-Esprit. Destiné à grandir, à s’épanouir dans sa beauté fonctionnelle, à être pour l’âme un indispensable compagnon malgré les blessures du péché, le corps doit passer par la destruction avant de se retrouver, après la résurrection finale, dans le rayonnement de la gloire de l’âme.

On voit bien dès lors que les chrétiens ne sauraient faire leur une doctrine manichéenne d’un corps mauvais et d’une âme bonne. Ils ne peuvent pas non plus, à l’inverse, avoir une conception purement biologique et hygiénique du corps. Celui-ci n’a pas sa fin en lui-même, il est ordonné à une destinée, lié à l’âme, qui le dépasse et lui procure sa plénitude dans la résurrection, irradiation béatifiante de la gloire de l’âme dans le Seigneur Jésus.

Ainsi s’explique l’attitude du chrétien vis-à-vis du corps. Elle est, certes, recherche de la santé et du plein épanouissement; elle favorise le développement harmonieux de toutes les virtualités physiques, mais elle est aussi maîtrise de soi et ascèse.

Que de réflexions salutaires trouveraient place dans ces perspectives! Et c’est précisément là que se situe la profession médicale avec son utilité et sa grandeur. C’est là que vos efforts et vos recherches trouvent leur plus haute valeur: favoriser de toutes manières le développement et la sauvegarde du corps; retarder son vieillissement et sa destruction, afin qu’il soit plus dispos au service de Dieu et des hommes.

Aussi, quelle que soit votre spécialité, Nous apprécions vivement vos travaux, chers Messieurs, et Nous vous encourageons à poursuivre, dans le plus grand respect du corps humain et de l’âme qui y réside, les nobles et belles tâches qui sont les vôtres. Que Notre bénédiction vous soit le gage de Nos vœux fervents et des faveurs célestes sur vous-mêmes et sur ceux qui vous sont chers.

Ladies and Gentlemen,

It is an honour for us to welcome you to Our home, and to receive the visit of so many eminent physicians and scientists.

The Eternal City of Rome is host to your Congress, and the Catholic Church applauds your contribution to the progress of human knowledge, the elimination of desease and the fuller development of man’s potentialities.

You assemble here from many lands, from nations of diverse race and language, of differing regimes and ideologies. What unites you is a profoundly human sentiment, the desire to serve your fellow men and all of humanity. Your programme of study and work is a heavy one, but We are confident that you are devoting your full energies and enthusiasm to its successful completion. In this, you have Our complete approval and encouragement. It is God Who created the sublime mysteries of the human body; it is He Who enables you to discover its functions and heal its disorders; and it is God from Whom you should request the guidance and light you need to fulfil your mission.

We pray for the success of your deliberations, and We invoke upon you, your colleagues, your families and loved ones, God’s choicest graces and blessings.

                                            



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