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DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX MEMBRES DU COMITÉ D’ORGANIZATION DE LA
RENCONTRE PANAFRICAINE DES LAÏCS

Lundi 13 avril 1970

 

Chers Fils d’Afrique,

La session qui vous rassemble à Rome pour préparer les étapes et le programme d’une future Rencontre panafricaine des laïcs Nous donne l’heureuse occasion d’accueillir en vous des représentants qualifiés du laïcat africain. A l’initiative de notre Conseil des Laïcs, vous avez en effet entrepris, sous la responsabilité de vos évêques, de susciter pour la première fois à l’échelle de votre vaste continent une réflexion concertée de délégués des diverses associations catholiques d’Afrique, de Madagascar et d’autres îles subtropicales sur le thème «L’engagement du laïc dans la croissance de l’Eglise et dans le développement intégral de l’Afrique».
Sujet immense en vérité qu’une assemblée de quelques jours ne saurait aborder qu’en surface, s’il n’était inscrit dans le cadre d’une approche apostolique et préparé dans chaque pays par une étude tenant compte de sa situation religieuse, des diverses catégories sociales selon l’âge, la mentalité, l’état de vie qui caractérisent sa population, tenant compte enfin des degrés de formation humaine et apostolique de ses chrétiens.

Aussi bien vos projets, pour une telle rencontre, doivent viser à l’essentiel, à ce qui spécifie l’action des membres laïcs de l’Eglise dans l’oeuvre du développement. Plus qu’aux problèmes socio-économiques et aux programmes que leur solution suggère, c’est à l’esprit, à la motivation, à la finalité de l’engagement chrétien que votre Rencontre pourrait utilement s’attacher. Ce qu’il importe de susciter avant tout parmi vos frères dans la foi c’est le témoignage collectif d’un engagement fondé sur la foi en Jésus-Christ, Seigneur de la Création et Sauveur des hommes. En assumant leur part dans l’effort du développement, les chrétiens ne peuvent oublier les perspectives spirituelles du salut des âmes. Le mieux être de l’homme auquel ils entendent contribuer ne se limite pas pour eux à la satisfaction de ses besoins matériels, mais respectant la dimension de son être naturellement religieux, il doit être conçu et réalisé de manière que cette vocation spirituelle ne soit pas étouffée par la promotion matérielle.

Cette hiérarchie de valeurs, applicable à tout être humain quelle que soit sa religion, revêt pour le catholique une signification bien précise. Le développement intégral pour lui c’est non seulement l’épanouissement des valeurs humaines, mais par dessus tout la réalisation des promesses de l’Evangile dans sa vie, la connaissance et l’amour de plus en plus profonds du Christ Sauveur et leur couronnement dans la béatitude éternelle de l’au-delà. C’est dans cette inspiration religieuse, propagée de groupes en groupes, de familles en familles, de communautés en communautés paroissiales ou diocésaines, que le laïcat catholique d’Afrique pourra rendre compte de la mission à laquelle l’Eglise l’appelle. Le Concile vous trace le chemin, quand il précise aux fidèles «qu’ils doivent, à travers les travaux du siècle, s’aider mutuellement en vue d’une vie plus sainte, afin que le monde s’imprègne de l’esprit du Christ et atteigne plus efficacement sa fin dans la justice, la charité et la paix . . . Qu’ils s’appliquent, poursuit le texte, de toutes leurs forces à obtenir que les biens créés soient cultivés dans l’intérêt d’absolument tous les hommes, selon les fins du Créateur et l’illumination de son Verbe» (Lumen gentium, 36).

Considérez donc, chers Fils, comme votre tâche particulière cette promotion apostolique des laïcs en Afrique. Nous l’avons souligné lors de Notre inoubliable pèlerinage aux Martyrs de l’Ouganda et Nous vous le répétons volontiers aujourd’hui: «A l’impulsion que donnait à la foi l’action missionnaire de Pays étrangers doit s’unir et succéder l’impulsion venant de l’intérieur de l’Afrique». En de nombreuses régions la responsabilité de la construction de l’Eglise repose déjà sur des évêques, des prêtres, des religieux et religieuses issus de leur communauté de race. Mais, vous le savez, l’Eglise ne saurait être implantée sans la participation active de tous ses fils à sa mission, parce que son Message de salut ne saurait profondément s’insérer dans la société des hommes si les laïcs chrétiens qui y sont présents par leur condition normale de vie n’en apportent la révélation à leurs semblables. C’est l’une des convictions affirmées par les Evêques au Concile: « Les pasteurs savent qu’ils n’ont pas été eux-mêmes institués par le Christ pour assumer à eux seuls tout l’ensemble de la mission salutaire de l’Eglise à l’égard du monde, leur tâche magnifique consistant à comprendre leur mission de pasteurs à l’égard des fidèles et à reconnaître les ministères et les grâces propres à ceux-ci» (Lumen gentium, 30).

Que ces affirmations inspirées par la grâce de l’Esprit Saint vous encouragent, chers Fils, à développer sur votre continent la constitution d’un laïcat catholique vivant, actif, soucieux d’apporter la lumière de l’Evangile dans les divers milieux de vie. Avec le concours indispensable de vos évêques et de vos prêtres, consacrez-vous à votre formation et celle de vos semblables dans une connaissance toujours plus profonde de la Personne du Christ qui se révèle dans la méditation de Sa Parole ou dans l’amour et l’attention que nous devons porter en Son Nom à nos frères.
C’est le fruit que Nous attendons de la Rencontre panafricaine que vous préparez et sur laquelle Nous appelons, comme sur chacune de vos personnes, de vos familles et de vos diocèses, la Bénédiction du Seigneur.

                         



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