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DISCOURS DU PAPE PIE XII
AUX CONGRESSISTES DES SOCIÉTÉS NATIONALES
DE GASTROENTÉROLOGIE
*

Samedi 26 avril 1952

Vous avez désiré, Messieurs, Nous informer de vos travaux au terme du IIIe Congrès européen de gastroentérologie, que vous venez de tenir. Sachez combien Nous sommes sensible à votre hommage, et combien volontiers Nous vous accueillons.

Les Sociétés nationales, que vous constituez, se proposent de faire progresser les études concernant les maladies de l'appareil digestif, en profitant des méthodes modernes de recherches et des nouvelles possibilités thérapeutiques. La gastroentérologie est en effet une des branches les plus importantes de la médecine, de laquelle relèvent des maladies extrêmement fréquentes et variées. Celles-ci sont dues en grande partie à une alimentation défectueuse, soit à cause des aliments eux-mêmes, mal choisis ou mal préparés, soit à cause des conditions défavorables, dans lesquelles ils doivent être digérés. Vous constatez chaque jour les funestes effets d'une vie moderne toujours plus trépidante, et votre compétence vous oblige à condamner le rythme de vie anormal et l'alimentation irrationnelle d'une grande partie de l'humanité. Vous ne faites d'ailleurs que reconnaître l'existence des lois naturelles de la nutrition établies par le Créateur, et qu'on ne viole pas impunément. Votre office est d'en formuler le mieux possible les principes ; et surtout, hélas ; d'en guérir les transgressions.

Pour cela vous disposez heureusement de moyens chaque jour plus perfectionnés : dans le domaine de la recherche, de nouveaux appareils d'observation optique ou radioscopique, des microscopes plus puissants, des appareils photographiques plus subtils, vous ont permis de comprendre et de diagnostiquer plus exactement de nombreuses maladies, mais ont prouvé aussi l'extrême complexité de symptômes autrefois réputés simples.

C'est ainsi que vous avez cette année, dans le Congrès qui vient de finir, mis en commun le résultat de vos études sur les maladies du pancréas, cet organe fondamental pour la bonne digestion des aliments, mais si difficile à explorer de la part du médecin. Il a fallu les méthodes d'analyse modernes pour déceler par leurs effets les anomalies de son fonctionnement, et grâce a vos études cliniques vous avez pu faire progresser la cure de ses affections.

Dans le domaine de la thérapeutique en général vous bénéficiez en effet des progrès de la chirurgie et de la pharmacie. La première, toujours plus audacieuse, peut tenter aujourd'hui des ablations que l'on aurait crues jusqu'à ces dernières années impossibles. La seconde a fait des découvertes extraordinaires, celles par exemple des antibiotiques, qui ont déjà sauvé tant d'existences.

Mais il est particulièrement consolant de constater que tant d'efforts et tant de travaux poursuivis dans le monde entier par une armée silencieuse de chercheurs et de serviteurs de la science, aboutissent en quelque sorte à des règles de vie en faveur de la santé. Non contents de guérir les malades, vous vous adressez également à ceux que l'absence de maladie fait croire en bonne santé, et vous leur faites constater par le résultat de vos observations qu'ils pourraient jouir d'une santé notablement meilleure, en réglant plus rationnellement leur alimentation et l'exercice nécessaire à une bonne digestion. La découverte et l'étude continuelle de nouvelles vitamines, par exemple, permettent de préciser les règles anciennes sur le choix, la proportion et la préparation des aliments. D'éminents savant estiment que l'augmentation de la taille moyenne observée en certains pays et due à l'amélioration de la nourriture.

De telles observations ne sont pas négligeables. La doctrine chrétienne concernant l'harmonie du composé humain ne saurait y être indifférente, car il ne s'agit pas seulement d'une augmentation de forces physiques, mais aussi d'une plus grande capacité de travail intellectuel, d'un équilibre supérieur, duquel on peut toujours espérer, avec la grâce de Dieu, que la volonté de l'homme atteigne une plus haute perfection et une plus grande efficacité pour le bien. N'est-ce pas le lieu de rappeler la parabole des talents et les éloges décernés par le Sauveur au serviteur industrieux: nos talents essentiels sont le corps et l'âme, étroitement unis, étroitement dépendants l'un de l'autre; notre premier devoir est d'en tirer parti pour l'honneur de Dieu et le bien du prochain.

C'est la grandeur de votre tâche, Messieurs, d'être de véritables collaborateurs de Dieu dans la défense et l'épanouissement de sa création. C'est en ce sens que la Sainte Écriture dit du médecin que « Dieu l'a créé » (Eccli. 38, 1). Il l'a créé comme un instrument de sa miséricorde, pour adoucir les maux de ses frères, comme un guide et un conseiller pour leur enseigner la sagesse, comme un dépositaire de sa science de l'homme et de sa bonté secourable. Le médecin est un bienfait de Dieu ; à ce titre il a droit non seulement aux honneurs et à l'estime des hommes, mais aussi à leur reconnaissance et à leur confiance.

C'est pourquoi, demandant au Maître de la vie de vous associer toujours plus pleinement à son œuvre, Nous implorons sur vous, sur vos familles, sur vos travaux, sur vos malades, l'abondance des faveurs divines, en gage desquelles Nous vous donnons de tout cœur Notre Bénédiction apostolique.


* Discours et Messages-radio de S.S. Pie XII, XIV,
Quatorzième année de Pontificat, 2 mars 1952 - 1er mars 1953, pp. 105-107
Typographie Polyglotte Vaticane

 



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