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CHAPELLE PAPALE POUR LES FUNÉRAILLES DU CARDINAL GIUSEPPE CAPRIO

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Mardi 8 octobre 2005

 

"Que votre coeur ne se trouble pas... je vais vous préparer une place" (Jn 14, 1.2).

Chers et vénérés frères, les paroles du Seigneur Jésus nous éclairent et nous réconfortent en cette heure de triste prière, qui nous voit réunis autour de la dépouille mortelle du regretté Cardinal Giuseppe Caprio, auquel nous rendons le dernier hommage. Il nous a quittés samedi dernier, au terme d'un long pèlerinage terrestre, qui l'a conduit d'un petit village de l'Irpinia dans diverses parties du monde et en particulier ici, à Rome, au service du Saint-Siège, pour lequel il a donné sa vie. Dans son testament, nous retrouvons la confiance sereine à laquelle le Christ invite ses disciples. Précisément au début, il écrit:  "Je remercie la Très Sainte Trinité de m'avoir créé, racheté et fait naître dans une famille pauvre en moyens matériels, mais riche de vertus chrétiennes, qui dès les premières années de mon enfance m'a enseigné à aimer Dieu et à obéir à sa sainte loi".

"Je remercie la Très Sainte Trinité...":  n'y a-t-il pas dans ces paroles, comme la synthèse de la vie d'un chrétien? Au terme de la journée terrestre, l'âme se recueille dans une attitude de gratitude intime et émue, reconnaissant tout comme un don et se préparant à l'étreinte définitive avec Dieu-Amour. C'est le même sentiment de confiance intérieure dans le Seigneur dont nous a parlé la première Lecture, tirée du Livre du Siracide:  "Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur sa miséricorde; / ...ayez confiance en lui / ...espérez ses bienfaits, / la joie éternelle et la miséricorde" (2, 7-9). La crainte du Seigneur est le début et la plénitude de la sagesse (cf. Si 1, 12.14). C'est de là que naît la paix (cf. Si 1, 16), synonyme, à son tour, de ce bonheur complet et éternel qui est le fruit de la miséricorde divine. Celui qui vit dans la sainte crainte du Seigneur trouve la paix véritable et, comme le dit encore le Siracide, "au jour de sa mort il sera béni" (1, 13). Que Dieu, dans sa miséricorde, pardonne toute faute éventuelle du bien-aimé Cardinal Caprio et l'accueille dans son royaume de lumière et de paix, car notre frère s'est efforcé de servir fidèlement la sainte Eglise.

"Mon fils, si tu prétends servir le Seigneur... attache-toi à lui, ne t'éloigne pas, afin d'être exalté à ton dernier jour" (Si 2, 1.3). Le jeune Giuseppe Caprio, originaire de Lapìo, se présenta pour servir le Seigneur au séminaire de Bénévent. Il y commença des études, qu'il poursuivit à Rome, à l'Université grégorienne, obtenant une licence en théologie et une maîtrise en droit canonique. En 1938 il fut ordonné prêtre. Nous lisons dans son testament:  "Je rends grâce [à Dieu] le coeur plein de confusion et de reconnaissance, pour m'avoir appelé au sacerdoce". Nous aussi, dans la prière, nous nous associons en ce moment à son action de grâce, alors que nous nous apprêtons à offrir pour son âme le sacrifice eucharistique, centre et forme de la vie sacerdotale. Il me plaît de penser, en particulier en ces journées où toute l'Eglise est comme concentrée sur le mystère eucharistique, que précisément là, à l'autel, la vie et le ministère du Cardinal Caprio ont trouvé leur point de profonde unité, lors des divers déplacements que le service diplomatique du Saint-Siège a comportés pour lui. De Rome à Nankin, à Bruxelles, à Saïgon, à Taipeh, à New Dehli et, enfin, à nouveau à Rome. La présence du Christ ressuscité a certainement été un réconfort dans les moments les plus difficiles, ainsi que le fut, en particulier, la période de résidence forcée à la Nonciature de Nankin, en 1951, et l'obligation qui suivit de quitter la Chine. Dans son testament, il note:  "J'élève ma pensée reconnaissante et pieuse au Souverain Pontife, qui m'a accordé l'honneur insigne de le représenter dans de nombreux pays et que j'ai toujours servi avec fidélité et amour filial". N'est-ce pas de l'Eucharistie que le Cardinal Caprio a pu tirer l'énergie spirituelle pour accepter, jour après jour, la mission qui lui avait été confiée par ses Supérieurs et pour l'accomplir avec amour jusqu'à la fin?

"Pax in virtute":  le regretté Cardinal Caprio choisit cette devise quand, en 1961, le bienheureux Pape Jean XXIII le nomma Archevêque. Après avoir participé au Concile Vatican II, il passa encore une brève période de temps en Inde, en tant que Pro-Nonce, puis il rentra à Rome, directement au service du Saint-Siège, remplissant des fonctions importantes, parmi lesquelles celle de Substitut de la Secrétairerie d'Etat et de Président de l'Administration du Patrimoine. Sa vision d'ensemble des problèmes de l'Eglise et sa préoccupation constante de considérer les aspects administratifs dans leur relation avec les intérêts supérieurs, en adhérant pleinement à l'esprit du Concile, ont été reconnues.

"Le Christ est ressuscité d'entre les morts, prémices de ceux qui se sont endormis" (1 Co 15, 20). La lumière de Jésus ressuscité illumine les ténèbres de la mort, "dernier ennemi" (1 Co 15, 26) à qui nous devons payer la dette contractée avec le péché originel, mais qui ne domine plus les croyants, car le Seigneur l'a vaincue une fois pour toutes. Dans le Christ, tous reçoivent la vie, chacun selon son ordre:  tout d'abord le Christ, qui est prémices; puis, lors de sa venue, ceux qui sont au Christ (cf. 1 Co 15, 22-23). La liturgie applique ce passage paulinien à la Vierge Marie en la solennité de son Assomption au Ciel. J'ai plaisir à témoigner ici de la dévotion mariale du Cardinal Giuseppe Caprio, telle qu'elle ressort de son testament:  "Je confie mon âme - écrit-il - à la Très Sainte Vierge de Pompéi, afin qu'en la présentant à son Fils Jésus Christ, elle obtienne pour moi pardon et miséricorde". Nous faisons nôtre cette prière en ce moment de douleur et de vive espérance. Nous accompagnons avec affection et gratitude notre frère dans son dernier voyage vers l'Orient véritable, c'est-à-dire vers le Christ, soleil sans crépuscule, pleinement confiants dans le fait que Dieu l'accueillera à bras ouverts, lui réservant la place préparée pour ses amis, fidèles serviteurs de l'Evangile et de l'Eglise.

 

 

 

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