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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Doctrine et idéologie

Vendredi 19 mai 2017

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 023 du 8 juin 2017)

«L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé...»: l’incipt de la lettre que les apôtres écrivent aux chrétiens «d’Antioche, de Syrie et de Pisidie», après avoir discuté entre eux lors de ce qui a été le premier vrai concile de l’histoire de l’Eglise, n’a rien perdu de son actualité. C’est précisément ces mots, rapportés dans les Actes des apôtres, que François a voulu reprendre en demandant «la grâce de l’obéissance mûre au magistère de l’Eglise», d’être fidèles «à Pierre, aux évêques» et «à l’Esprit Saint qui guide et soutient ce processus». Le Pape n’a pas manqué de mettre en garde de «transformer la doctrine en idéologie», en créant des difficultés et des divisions. «Dans l’Eglise, il y a eu des difficultés dès le début». «Il y a toujours eu des problèmes: nous sommes humains, nous sommes pécheurs et les difficultés existent, même dans l’Eglise, entre nous, toujours». Et, «dans un certain sens, être pécheurs nous conduit à l’humilité et à nous rapprocher du Seigneur, comme sauveur de nos péchés». Pour cette raison, «c’est une grâce de se sentir pécheurs, c’est une grâce». «Mais il y a d’autres problèmes plus grands, pas ceux de tous les jours» «Le problème de ce passage (Ac 15, 22-31) est la suite du problème qui a commencé avec Pierre: quand Pierre va chez Corneille, un païen, et baptise Corneille». Et «là, l’histoire a trait à la même question: Paul et Barnabé, à Antioche, ont beaucoup souffert, parce que c’est vrai que Jésus avait dit: “D’autres peuples viendront”; c’est vrai, mais il n’a pas dit comment ces peuples devaient entrer dans l’Eglise». C’est pourquoi, «certains disaient: “non, ils doivent d’abord devenir juifs et ensuite entrer”. Tel est le noyau du problème». En simplifiant le raisonnement, François a expliqué que «d’une part» il y avait «ceux qui voulaient que, d’abord, ils deviennent juifs et ensuite qu’ils soient baptisés». Et «de l’autre», en revanche, il y avait «ceux qui pensaient: “Non, le Seigneur les appelle? Qu’ils viennent”». Voilà alors que «quand Pierre explique cela, la vision qu’il a eue, et quand il voit ensuite que l’Esprit Saint descend sur Corneille et sur sa famille, il dit cette phrase: “Qui suis-je pour fermer la porte à l’Esprit Saint?”». Tout cela «a lieu à Antioche: ensuite Paul est lapidé, il est laissé pour mort». Ils sont «persécutés». Ainsi, «à la fin, les apôtres se réunissent pour étudier ce problème: que faisons-nous avec les païens, ceux qui veulent devenir chrétiens, ceux que l’Esprit Saint appelle à devenir chrétiens?». Et les apôtres «veulent traiter la chose en présence de Dieu». «Et ainsi, nous nous trouvons devant deux groupes de personnes»: «Le groupe des apôtres qui veulent discuter de la question et les autres qui viennent et créent des problèmes, qui divisent, qui divisent l’Eglise, ils disent que ce que prêchent les apôtres n’est pas ce que Jésus a dit, que ce n’est pas la vérité». Pour leur part, «les apôtres discutent de la chose et à la fin, nous avons entendu comment ils se mettent d’accord». Le Pape a également fait remarquer que «c’est d’une belle manière que commence cette lettre» des apôtres: «“L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé”: l’Esprit et eux se mettent d’accord». Et «cela est le premier concile de l’Eglise, pour éclaircir la doctrine». Ensuite, il y «en a eu beaucoup, jusqu’à Vatican ii, qui ont éclairé la doctrine. En effet, «c’est un devoir de l’Eglise d’éclaircir la doctrine, pour que l’on comprenne bien ce que Jésus a dit dans les Evangiles, quel est l’Esprit des Evangiles». «Mais il y a toujours eu ces gens qui, sans aucun mandat, vont troubler la communauté chrétienne avec des discours qui bouleversent les âmes». «C’est le problème: quand la doctrine de l’Eglise, celle qui vient de l’Evangile, celle qu’inspire l’Esprit Saint — parce que Jésus a dit: “Il nous enseignera et vous fera vous souvenir de ce que j’ai enseigné” — devient idéologie». Voilà «la grande erreur de ces gens: ceux qui allaient là n’étaient pas croyants, ils étaient idéologisés, ils avaient une idéologie qui fermait leur cœur à l’œuvre de l’Esprit Saint». En revanche, «les apôtres avaient le cœur ouvert à ce que l’Esprit disait». Voilà pourquoi, «après la discussion», ils commencent leur lettre en écrivant: «L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé». «Nous ne devons pas nous effrayer quand nous entendons ces opinions des idéologues de la doctrine». «L’Eglise a son propre magistère, le magistère du Pape, des évêques, des conciles, et nous devons aller sur cette route qui vient de la prédication de Jésus et de l’enseignement et de l’assistance de l’Esprit Saint: elle est toujours ouverte, toujours libre». «Telle est la liberté de l’Esprit, mais dans la doctrine». «Aujourd’hui, j’ai envie de demander la grâce de l’obéissance mûre au magistère de l’Eglise, cette obéissance à ce que l’Eglise nous a toujours enseigné et continue à nous enseigner». Le Pape a ainsi invité «également à prier pour ceux qui transforment la doctrine en idéologie, pour que le Seigneur lui donne la grâce de la conversion à l’unité de l’Eglise, à l’Esprit et à la véritable doctrine».

 



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