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PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA
MAISON SAINTE-MARTHE

Nous sommes des serviteurs

Vendredi 2 juin 2017

 

(L'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 025 du 22 juin 2017)  

«La tête en bas», précisément comme Pierre a demandé à être crucifié, conscient d’être «le plus pécheur des apôtres» — au point d’avoir «renié le Seigneur» — mais d’avoir été choisi «pour paître avec amour le peuple». Telle est l’une des icônes que le Pape François a identifiées en partant du dialogue entre Jésus et Pierre tel qu’il est raconté par Jean dans le passage évangélique (21, 15-19) proposé par la liturgie du jour. «Ce dialogue entre le Seigneur et Pierre est un dialogue tranquille, entre amis, un dialogue serein, pudique, sur la rive du lac où Pierre avait été appelé au début». Il est animé par des «mots» comme «amour, paître, mes brebis, suis moi: des paroles sereines, des paroles de cette atmosphère de résurrection», que «le Seigneur porte de l’avant». «Un dialogue entre amis», donc. Et en effet, Jésus dit à Pierre: «M’aimes-tu? Aimes. Toi aussi tu veux être mon ami? Tu es mon ami?». François a choisi de «souligner trois choses», précisément à propos de «ce dialogue». La «première» est précisément «ce “suis-moi”». Jésus «choisit le plus pécheur des apôtres: les autres se sont enfuis, lui l’a renié». Mais voici que «Jésus lui pose une question: “M’aimes-tu plus que ceux-là?”». «Jésus choisit le plus pécheur». A ce propos, a-t-il confié, «me vient à l’esprit un dialogue d’une sainte du XVIIe siècle avec Jésus. Une sainte à laquelle Jésus avait fait tant de faveurs. «Mais Seigneur, à moi qui suis si petite, si pécheresse». Et le Seigneur lui dit: «Si j’avais trouvé un plus pécheur que toi, je lui aurais donné cela». Le «deuxième point est «le mot “amour”» qui «revient dans ce dialogue: “pais”, parce que tu m’aimes “pais”, parce que tu es mon ami, “pais”». Donc «paître avec amour». Et «Pierre reprend cela dans sa première lettre: il a appris». Il ne faut pas «paître la tête en haut, comme le grand dominateur, non: paître avec humilité, avec amour, comme l’a fait Jésus». Et «cela est la mission que Jésus donne à Pierre: oui, avec les péchés, avec les erreurs». Au point que «précisément après ce dialogue, Pierre glisse, commet une erreur: il est tenté par la curiosité et dit au Seigneur: «Mais cet autre disciple, où ira-t-il, que fera-t-il?». Mais «avec amour, au milieu de ses erreurs, de ses péchés, mais avec amour». Parce que «“ces brebis ne sont pas tes brebis, ce sont mes brebis”, dit le Seigneur». Donc «aime, si tu es mon ami, tu dois être leur ami». La troisième chose qui découle du dialogue entre Jésus et Pierre est contenue dans «deux icônes». Il y a celle «du Jeudi saint, quand Pierre, sûr de lui, avec la même assurance que celle avec laquelle il avait dit “Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant”, dit à la servante du souverain prêtre: “Je ne connais pas cet homme, je n’appartiens pas au groupe de cet homme”». En somme, «Pierre qui renie Jésus puis les regards se croisent: quand Jésus sort, il le regarde, et Pierre, courageux, courageux même en le reniant, est capable de pleurer amèrement». Et «ensuite toute la vie au service du Seigneur, il finit comme le Seigneur: en croix. Mais il demande: “S’il vous plaît, mettez-moi en croix la tête en bas, pour qu’au moins ainsi, on voie que je ne suis pas le Seigneur, je suis le serviteur”». «C’est ce que nous pouvons tirer de ce dialogue si beau, si serein, si amical, si pudique». En souhaitant «que le Seigneur nous donne toujours la grâce d’aller dans la vie la tête en bas: la tête en haut pour la dignité que Dieu nous donne, mais la tête en bas, sachant que nous sommes pécheurs et que l’unique Seigneur est Jésus: nous sommes serviteurs».

 



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