Index   Back Top Print

[ DE  - EN  - ES  - FR  - IT  - PL  - PT ]

PÈLERINAGE EN TERRE SAINTE À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE
DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM ENTRE LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE ATHÉNAGORAS

(24-26 MAI 2014)

CONFÉRENCE DE PRESSE DU PAPE FRANÇOIS
AU COURS DU VOL DE RETOUR DE TERRE SAINTE

Vol papal
Lundi 26 mai 2014

 

(Père Lombardi)

Maintenant, nous remercions beaucoup le Pape d’être ici : après un voyage aussi exténuant, il est à disposition pour nous rencontrer. Donc, nous lui en sommes très reconnaissants.

Alors, nous nous sommes organisés – les agents de l’information se sont organisés entre eux – par principaux groupes linguistiques, pour qu’ils présentent des personnes qui feront les demandes. Je n’ai pas donné de limites car je sais que vous voulez travailler sans restriction, à moins que vous vouliez dire d’abord quelque chose en introduction…Répondons aux questions.

Alors, la première question est posée par le groupe italien :

Q. Saint-Père, ces jours-ci vous avez accompli des gestes qui se sont propagés dans le monde entier : la main sur le mur de Bethléem, le signe de la croix, le baiser aux survivants, aujourd’hui à Yad Vashem, mais aussi le baiser au Saint Sépulcre, hier à Jérusalem, avec Bartholomée, et tant d’autres. Nous voulions vous demander si tous ces gestes vous y aviez pensé, voulus ; pourquoi y avez-vous pensé et ensuite quelles seront, selon vous, les retombées que pourront avoir ces gestes, en particulier – naturellement – celui, très grand, d’avoir invité Peres et Abu Mazen au Vatican…

R. (Le Saint-Père)

Les gestes, ceux qui sont les plus authentiques, sont ceux auxquels on ne pense pas, ceux qui viennent comme ça, non ? J’ai pensé : on pourrait faire quelque chose… , mais le geste concret, aucun de ceux-ci n’a été pensé ainsi. Certaines choses, par exemple l’invitation aux deux Présidents à la prière, on avait pensé un peu à le faire, mais il y avait tellement de problèmes logistiques, tellement ; parce qu’ils doivent aussi tenir compte du territoire, où on le fait, et ce n’est pas facile. Cela, on y avait pensé un peu, à une réunion, mais à la fin est sortie cette invitation ; et j’espère que ce sera bien. Mais ils n’ont pas été réfléchis et… je ne sais pas, il me vient à l’idée de faire quelque chose, mais c’est spontané, c’est ainsi. Au moins, pour dire la vérité, quelqu’un avait dit… ‘on pourrait faire quelque chose’ mais concrètement cela ne me vient pas.Par exemple, à Yad Vashem, rien ; et ensuite c’est venu. C’est ainsi.

(Père Lombardi)

Bien, Alors, une seconde question, de la part du groupe de langue anglaise :

Q. Vous avez parlé avec des paroles très dures contre les abus sexuels des mineurs de la part des clercs, des prêtres. Vous avez créé une commission spéciale pour mieux affronter ce problème au niveau de l’Église universelle. Pratiquement, nous savons désormais que, dans toutes les Églises locales, il y a des normes qui imposent l’obligation morale, et souvent légale, de collaborer d’une manière ou d’une autre avec les autorités civiles locales. Que ferez vous si un Evêque, clairement, n’a pas observé ces obligations ?

R. (Le Saint-Père)

En Argentine, nous disons aux privilégiés : « c’est un fils à papa ». Dans ce problème, il n’y aura pas de fils à papa. En ce moment, trois Evêques sont sous enquête : sous enquête, trois ; et un a déjà été condamné, et on est en train d’évaluer la peine à infliger. Il n’y a pas de privilèges. Cet abus des mineurs est un crime tellement laid, tellement…nous savons que c’est un problème grave partout, mais c’est l’Eglise qui m’intéresse. Un prêtre qui fait ça trahit le Corps du Seigneur, parce que ce prêtre doit porter cet enfant, ce jeune homme cette jeune fille, à la sainteté. Et ce jeune, cet enfant fait confiance ; et lui, au lieu de les conduire à la sainteté, abuse d’eux. Et c’est très grave ! C’est vraiment comme…je ferai seulement une comparaison : c’est comme faire une Messe noire, par exemple. Tu dois le conduire à la sainteté et tu le conduis à un problème qui durera toute la vie… Prochainement il y aura, à Sainte Marthe, une Messe avec quelques personnes qui ont subi des abus, et ensuite une réunion avec eux : moi et eux, avec le Cardinal O’Malley qui est de la commission. Là-dessus on doit aller de l’avant : tolérance zéro.

(Père Lombardi)

Merci beaucoup, Sainteté. Alors, maintenant le groupe de langue espagnole :

Q. Dès le premier jour de votre pontificat, vous avez lancé ce message fort d’une Église pauvre et pour les pauvres, pauvre en simplicité, en austérité. Que voulez-vous faire pour qu’il n’y ait pas de contradictions à ce message d’austérité ? (La question a fait référence à des situations dont on a parlé ces derniers temps, dont une opération à l’IOR, de 15 millions d’euros)

R. (Le Saint-Père)

Le Seigneur Jésus a dit une fois à ses disciples – c’est dans l’Évangile – « il est inévitable qu’il y ait des scandales ». Nous sommes humains, tous pécheurs. Et il y en aura. Il y en aura. Le problème est d’éviter qu’il y en ait davantage ! Dans l’administration économique, honnêteté et transparence. Les deux commissions, celle qui a étudié l’IOR et la commission qui a étudié tout le Vatican, ont donné leurs conclusions et ont proposé des plans ; et maintenant, avec le ministère, disons ainsi, avec le Secrétariat pour l’Economie que dirige le Cardinal Pell, nous ferons aller de l’avant les réformes que ces commissions ont conseillées. Mais il y aura des inconséquences, il y en aura toujours, parce que nous sommes humains, et la réforme doit être continuelle. Les Pères de l’Église disaient : « Ecclesia semper reformanda ». Nous devons être attentifs à réformer chaque jour l’Eglise, parce que nous sommes pécheurs, nous sommes faibles et il y aura des problèmes. L’administration que ce Secrétariat de l’économie porte en avant aidera beaucoup à éviter les scandales, les problèmes…Par exemple, à l’IOR, je crois que, jusqu’à présent, ont été fermés plus ou moins 1.600 comptes de personnes qui n’avaient pas le droit d’avoir un compte à l’IOR. L’IOR est faite pour aider l’Église ; y ont droit les Evêques des diocèses, les employés du Vatican, leurs veuves ou leurs veufs, pour toucher la retraite…C’est ainsi. Mais n’y ont pas droit d’autres personnes privées… Les ambassades, tant que dure l’ambassade, et rien de plus. Ce n’est pas une chose ouverte. Et ça c’est un bon travail : fermer les comptes qui n’ont pas le droit. Je voudrais dire une chose : la demande que vous avez faite ; vous avez mentionné cette affaire des 15 millions. C’est une chose qui est à l’étude ; ce n’est pas clair. Peut-être est-ce vrai, mais pour le moment ce n’est pas définitif, cette question est à l’étude pour être juste. Merci.

(Père Lombardi)

Alors, maintenant donnons la parole au groupe de langue française :

Q. Saint-Père, après le Moyen Orient, retournons maintenant en Europe. Etes-vous préoccupé par la montée du populisme en Europe, qui s’est manifesté encore hier dans les élections européennes ?

R. (Le Saint-Père)

Ces jours-ci j’ai eu juste le temps de prier le Notre Père…, mais je n’ai pas de nouvelles des élections, vraiment. Je n’ai pas les informations ; qui a gagné, qui n’a pas gagné. Je n’ai pas reçu d’informations. Mais le populisme, en quel sens me le dites vous ?

Q. Dans le sens qu’aujourd’hui beaucoup d’Européens ont peur, pensent qu’il n’y a pas d’avenir en Europe. Il y a beaucoup de chômage et le parti anti-européen a beaucoup monté dans ces dernières élections…

R. C’est un sujet dont j’ai entendu parler. L’Europe, la confiance ou la méfiance dans l’Europe. Egalement l’Euro, certains veulent retourner en arrière…Je ne comprend pas bien toutes ces choses. Mais vous avez dit un mot clé : le chômage. Cela est grave. C’est grave parce que je l’interprète ainsi, en simplifiant. Nous sommes dans un système économique mondial où le centre c’est l’argent, ce n’est pas la personne humaine. Dans un vrai système économique, au centre doivent être l’homme et la femme, la personne humaine. Et aujourd’hui, au centre, il y a l’argent. Pour se maintenir, pour s’équilibrer, ce système doit avancer avec des mesures de « rejet ». Et on rejette les enfants – le niveau de naissance en Europe n’est pas très haut. Je crois que l’Italie a 1,2 %, la France, vous avez 2, un peu plus, l’Espagne moins que l’Italie : je ne sais pas si elle arrive à 1…On rejette les enfants. On rejette les personnes âgées : ils ne servent pas, les vieux. En ce moment, passagèrement, on va les trouver parce qu’ils sont retraités, et on en a besoin, mais c’est passager. On rejette les anciens également avec les situations d’euthanasie cachée, dans beaucoup de pays. Ainsi, on donne les médicaments jusqu’à un certain point, et ainsi… Et actuellement on rejette les jeunes, et c’est très grave : c’est très grave. En Italie, je crois que le chômage des jeunes est de presque à 40% , je ne suis pas sûr ; en Espagne, je suis sûr : il est de 50 %. Et en Andalousie, dans le Sud de l’Espagne, il est de 60 % ! Cela signifie qu’il y a toute une génération de « ni-ni » : ils n’étudient pas et ils ne travaillent pas, et cela est très grave ! On rejette une génération de jeunes. Pour moi, cette culture du rejet est très grave. Mais ce n’est pas seulement en Europe : c’est un peu partout, mais en Europe cela se sent très fort. Si on fait la comparaison, il y a 10 ans, avec la culture du bien être. Et cela est tragique. C’est un moment difficile. C’est un système économique inhumain. Je n’ai pas eu peur d’écrire dans l’exhortation « Evangelii gaudium » : ce système économique tue. Et je le répète. Je ne sais pas si j’ai rejoint un peu vos préoccupations… Merci.

(Padre Lombardi)

Alors, maintenant, il y a le groupe de langue portugaise :

Q. Je voudrais vous demander, Sainteté, comment résoudre la « question de Jérusalem » pour obtenir une paix stable, comme vous l’avez dit, et durable ? Merci.

R. (Le Saint-Père)

Il y a beaucoup de propositions sur la question de Jérusalem. L’Église catholique, le Vatican disons, a sa position du point de vue religieux : ce sera la ville de la paix des trois religions. Ceci du point de vue religieux. Les mesures concrètes pour la paix doivent sortir des négociations. On doit négocier. Je serai d’accord pour que des négociations vienne peut-être : cette partie sera capitale d’un État, de l’autre….mais ce sont des hypothèses. Je ne dis pas ‘‘ce doit être ainsi’’ : non, ce sont des hypothèses qu’ils doivent négocier. Vraiment, je ne me sens pas compétent pour dire ‘‘qu’on fasse ceci ou ceci ou cela’’, parce que ce serait une folie, de ma part. Mais je crois qu’on doit emprunter le chemin des négociations avec honnêteté, fraternité et confiance mutuelle. Et là, tout se négocie : tout le territoire, et aussi les relations. Il faut du courage pour faire cela, et moi je prie beaucoup le Seigneur afin que ces deux leaders, ces deux gouvernements aient le courage d’avancer. C’est cela l’unique chemin pour la paix. Je dis seulement ce que l’Église doit dire et a toujours dit : que Jérusalem soit protégée comme capitale des trois religions, comme référence, comme une ville de la paix – il me venait même le mot sacrée, mais ce n’est pas juste – mais de paix et religieuse.

(Père Lombardi)

Merci, Sainteté. Maintenant demandons de venir au représentant de langue allemande.

Q. – Merci, Sainteté. Durant votre pèlerinage, vous avez beaucoup parlé avec le Patriarche Bartholomée et vous l’avez rencontré plusieurs fois. Nous nous demandons si vous avez parlé aussi des pas concrets de rapprochement, et si l’occasion s’est offerte aussi pour en parler. Je me demande aussi si peut-être l’Église catholique pourra apprendre quelque chose des Églises orthodoxes – je me réfère aux prêtres mariés, une question qui tient à cœur à beaucoup de catholiques en Allemagne. Merci.

R. – (Saint-Père)

Mais, l’Église catholique a des prêtres mariés, non ? les grecs catholiques, les coptes catholiques…non ? Il y en a, dans le rite oriental, il y a des prêtres mariés. Parce que le célibat n’est pas un dogme de foi, c’est une règle de vie que moi j’apprécie beaucoup et je crois que c’est un don pour l’Église. N’étant pas un dogme de foi, la porte reste toujours ouverte : en ce moment, nous n’avons pas parlé de cela, comme programme, au moins cette fois-ci. Nous avons des choses plus fortes à entreprendre. Avec Bartholomée, ce thème n’a pas été abordé, parce que c’est secondaire, vraiment, dans les relations avec les orthodoxes. Nous avons parlé de l’unité : mais l’unité se fait au long de la route, l’unité est un chemin. Nous ne pouvons pas réaliser l’unité dans un congrès de théologie. Et lui, il m’a dit que c’est vrai ce que je savais, à savoir qu’Athénagoras avait dit à Paul VI : ‘‘Nous, allons ensemble, tranquilles et tous les théologiens, enfermons-les sur une île, qu’ils discutent entre eux, et nous, avançons dans la vie !’’ C’est vrai : je pensais que c’était… Non, non, c’est vrai ! Bartholomée me l’a dit ces jours-ci. Marcher ensemble, prier ensemble, travailler ensemble, sur tant de choses que nous pouvons faire ensemble, nous entraider. Par exemple, avec les églises. À Rome, et dans de nombreuses villes, beaucoup d’orthodoxes utilisent des églises catholiques selon tel horaire ou tel autre, comme une aide pour cette marche commune. Une autre chose dont nous avons parlé, qui peut-être sera prise en considération dans le Concile pan-orthodoxe, c’est la date de Pâques, parce que c’est un peu ridicule : Dis-moi, ton Christ quand ressuscite-t-il ? – La semaine prochaine. – Eh, le mien est ressuscité la semaine dernière… Oui, la date de Pâques est un signe d’unité. Et avec Bartholomée, nous parlons comme des frères. Nous nous apprécions bien, nous nous racontons des difficultés de notre gouvernement. Et, une chose dont, oui, nous avons beaucoup parlé, c’est le problème de l’écologie : lui, il est très préoccupé, et moi aussi, nous avons beaucoup parlé de réaliser ensemble un travail conjoint sur ce problème. Merci.

(Père Lombardi)

Alors, maintenant, étant donné que nous ne sommes pas uniquement européens ou américains ou ainsi de suite, mais également asiatiques, ici, demandons au représentant du groupe asiatique de poser une question, puisque vous vous préparez à faire aussi des voyages en Asie…

Q. – Votre prochain voyage sera en Corée du Sud et donc je voudrais vous poser une question sur les régions asiatiques. Dans des pays proches de la Corée du Sud il n’y a pas de liberté de religion ni de liberté d’expression. Que pensez-vous faire en faveur des personnes qui souffrent de ces situations ?

R. - (Saint-Père)

En ce qui concerne l’Asie, il y a au programme deux voyages : celui en Corée du Sud, pour la rencontre des jeunes asiatiques, et puis en janvier prochain, un voyage de deux jours au Sri Lanka et ensuite aux Philippines, dans la région qui a subi le typhon. Le problème du manque de liberté pour pratiquer la religion n’est pas seulement dans quelques pays asiatiques : dans quelques uns, oui, mais aussi en d’autres pays du monde. La liberté religieuse est une chose que tous les pays n’ont pas. Certains ont un contrôle plus ou moins léger, tranquille, d’autres adoptent des mesures qui débouchent sur une vraie persécution des croyants. Il y a des martyrs. Il y a des martyrs, aujourd’hui, des martyrs chrétiens. Catholiques et non catholiques, mais martyrs. Et à certains endroits, on ne peut pas porter le Crucifix et tu ne peux avoir une Bible. Tu ne peux pas enseigner le catéchisme aux enfants : aujourd’hui ! Et moi je crois - mais je crois ne pas me tromper - qu’à notre époque il y a plus de martyrs qu’aux premiers temps de l’Église. Nous devons nous approcher, à certains endroits avec prudence, pour aller les aider ; nous devons prier beaucoup pour ces Églises qui souffrent : elles souffrent beaucoup. Et puis les Évêques, et aussi le Saint-Siège travaillent avec discrétion pour aider ces pays, les chrétiens de ces pays. Mais ce n’est pas une chose facile. Par exemple, je te dis une chose. Dans un pays, il est interdit de prier ensemble : c’est interdit. Mais les chrétiens qui sont là veulent célébrer l’Eucharistie ! Et c’est un tel, qui travaille comme ouvrier, qui est prêtre. Et il va là, à table, ils feignent de prendre le thé, et célèbrent l’Eucharistie. Si les policiers arrivent, ils cachent immédiatement les livres et ils sont en train de prendre le thé. Ceci arrive aujourd’hui. Ce n’est pas facile.

(Père Lombardi)

Alors, continuons avec la série du groupe de langue italienne :

Q. - Sainteté, dans votre pontificat, vous faites face à un grand nombre d’engagements et vous le faites même de manière très soutenue, comme nous l’avons vu ces jours-ci. Si demain, disons un jour lointain, vous deviez sentir que vous n’avez plus la force pour accomplir votre ministère, pensez-vous que vous feriez le même choix que votre prédécesseur, c’est-à-dire, que vous abandonneriez le pontificat ?

R. – (Saint-Père)

Je ferai ce que le Seigneur me dira de faire : prier, chercher la volonté de Dieu. Mais je crois que Benoît XVI n’est pas un cas unique. Il est arrivé qu’il n’avait plus les forces et honnêtement, - c’est un homme de foi, très humble - il a pris cette décision. Moi, je crois qu’il est une institution : il y a 70 ans, les Évêques émérites n’existaient presque pas. Et maintenant, il y en a de nombreux. Que se passera-t-il avec les Papes émérites ? Je crois que nous devons le regarder comme une institution. Il a ouvert une porte, la porte des Papes émérites. Y en aura-t-il d’autres, ou non ? Dieu le sait. Mais cette porte est ouverte : moi je crois qu’un Évêque de Rome, un Pape qui sent ses forces diminuer – parce que maintenant on vit longtemps - doit se poser les mêmes questions que le Pape Benoît.

(Père Lombardi)

A présent, revenons aux groupes de langue anglaise :

Q. – Saint-Père, aujourd’hui même vous avez rencontré un groupe de survivants de l’Holocauste. Évidemment, vous savez bien qu’une figure qui suscite encore de la perplexité pour son rôle durant l’Holocauste, est votre prédécesseur, le Pape Pie XII. Avant votre pontificat vous avez écrit ou dit que vous estimiez Pie XII mais que vous auriez voulu voir les archives ouvertes avant d’arriver à une conclusion définitive. Donc, nous voudrions savoir si vous avez l’intention de poursuivre la cause de Pie XII, ou d’attendre un autre retournement dans la procédure avant de prendre une décision. Merci.

R. – (Saint-Père)

Merci à vous. La cause de Pie XII est ouverte. Je me suis informé : il n’y a encore aucun miracle, et s’il n’y a pas de miracles, on ne peut pas avancer. Elle est arrêtée là. Nous devons attendre la réalité, comment évolue la réalité de cette cause, et puis penser à prendre des décisions. Mais voici la vérité : il n’y a aucun miracle et au moins un est nécessaire pour la béatification. Voilà où en est aujourd’hui la cause de Pie XII. Et moi, je ne peux pas penser : ‘‘Je béatifie ou non’’, parce que le processus est lent. Merci.

(Père Lombardi)

Alors maintenant nous allons en Argentine, une autre question du groupe de langue espagnole.

Q. Vous êtes devenu un leader spirituel, même un leader politique, et vous êtes en train d’ouvrir beaucoup d’attentes aussi bien à l’intérieur de l’Église que dans la communauté internationale. Dans l’Église par exemple, qu’arrivera-t-il avec la communion aux divorcés remariés, et dans la communauté internationale, cette médiation avec laquelle vous avez surpris le monde, pour laquelle il y aura cette rencontre au Vatican… La question est : ne craignez-vous pas un échec, en soulevant beaucoup d’attentes : ne craignez-vous pas qu’il puisse y avoir quelque échec ? Merci.

R. (Saint-Père)

D’abord, je ferai un éclaircissement sur cette rencontre au Vatican : ce sera une rencontre de prière, ce ne sera pas pour faire une médiation ou chercher des solutions : non. Nous nous réunirons pour prier, seulement. Et puis, chacun retourne chez soi. Mais je crois que la prière est importante et prier ensemble, sans faire de discussions d’un autre type, cela aide. Peut-être que je ne me suis pas bien expliqué, au début, comment cela pourrait être. Ce sera une rencontre de prière : il y aura un rabbin, il y aura un musulman et il y aura moi. J’ai demandé au Custode de Terre Sainte d’organiser un peu les choses pratiques.

Deuxièmement, et merci pour la question sur les divorcés. Le Synode sera sur la famille, sur le problème de la famille, sur les richesses de la famille, sur la situation actuelle de la famille. L’exposé préliminaire qu’a fait le cardinal Kasper avait cinq chapitres : quatre sur la famille, les belles choses de la famille, le fondement théologique, certaines problématiques familiales ; et le cinquième chapitre, le problème pastoral des séparations, des nullités matrimoniales, les divorcés… Dans ce problème rentre celui de la communion. Et il ne m’a pas plu que beaucoup de personnes – même dans l’Église, des prêtres – aient dit : « Ah, le Synode pour donner la communion aux divorcés », et il sont allés vraiment jusque , à ce point. J’ai senti comme si tout se réduisait à une casuistique. Non, la chose est bien plus vaste. Aujourd’hui, tous nous le savons, la famille est en crise : elle est en crise mondiale. Les jeunes ne veulent plus se marier, ou ils ne se marient plus ou ils vivent ensemble ; le mariage est en crise, et aussi la famille. Et je ne voudrais pas que nous tombions dans cette casuistique : on pourra, on ne pourra pas ?... Pour cela je remercie beaucoup pour cette question, parce qu’elle me donne l’opportunité de clarifier cela. Le problème pastoral de la famille est très, très vaste, très vaste. Et on doit l’étudier cas par cas. Une chose que le Pape Benoît a dite par trois fois sur les divorcés m’aide beaucoup. Une fois, dans le Val d’Aoste, une autre fois à Milan, et la troisième lors du Consistoire, le dernier Consistoire public qu’il a fait pour la création des Cardinaux : étudier les procédures de nullité matrimoniale, étudier la foi avec laquelle une personne va se marier et clarifier le fait que les divorcés ne sont pas excommuniés, alors que bien des fois ils sont traités comme des excommuniés. Et c’est une chose sérieuse. Voilà sur la casuistique de ce problème. Le Synode sera sur la famille : les richesses, les problèmes de la famille. Solutions, nullité, tout cela. Et il y aura aussi ce problème, mais dans l’ensemble. Maintenant je voudrais vous dire pourquoi un Synode sur la famille : cela a été une expérience spirituelle très forte pour moi. Au second mois du pontificat, Monseigneur Eterovic, alors secrétaire du Synode, est venu chez moi avec trois thèmes que le Conseil post-synodal proposait pour le prochain Synode. Le premier était très fort, bon : l’apport de Jésus Christ à l’homme d’aujourd’hui. C’était le titre. Et dans la continuité du Synode sur l’évangélisation. J’ai dit oui, nous avons parlé un peu sur la réforme de la méthodologie et à la fin, j’ai dit : « Mettons quelque chose de plus : l’apport de Jésus Christ à l’homme d’aujourd’hui et à la famille ». Cela allait bien. Puis, je suis allé à la première réunion du Conseil post-synodal, et j’ai vu qu’on disait le titre tout entier, complètement mais lentement on disait : « Oui, oui, l’apport à la famille », « Qu’apporte Jésus Christ à la famille »…, et sans s’en apercevoir, la commission post-synodale a fini en parlant de la famille. Je suis sûr que cela a été l’Esprit du Seigneur qui nous a guidés jusqu’au choix de ce titre : j’en suis sûr, parce qu’aujourd’hui, vraiment la famille a besoin de beaucoup d’aides pastorales. Merci.

(Père Lombardi)

Alors maintenant nous avons encore le groupe français :

Q. Pouvez-vous nous dire, Sainteté, quels sont les obstacles à votre réforme de la Curie romaine, et à quel point nous en sommes aujourd’hui ?

R. (Saint-Père)

Mais le premier obstacle c’est moi… [il rit]. Non… nous sommes à un bon point, parce que je crois que… je ne me rappelle pas la date, mais trois mois… ou un peu moins après l’élection a été nommé le Conseil des huit cardinaux…

(Père Lombardi)

… un mois après l’élection…

R. (Saint-Père)

… un mois après l’élection. Puis, les premiers jours de juillet nous nous sommes réunis pour la première fois et depuis ce moment, on travaille. Que fait le Conseil ? Le Conseil étudie toute la constitution « Pastor Bonus » et la Curie romaine. Il a fait des consultations avec tout le monde, avec toute la Curie et il commence à étudier certaines choses. « Ceci peut se faire de cette façon, cela d’une autre façon… ». Regrouper certains dicastères, par exemple, pour alléger un peu l’organisation… Un des points clé a été l’économique, et ce dicastère de l’économie aidera beaucoup. Il doit travailler avec la Secrétairerie d’État, parce que les choses sont liées, tout se fait ensemble… Maintenant nous avons, en juillet, quatre jours de travail avec cette commission, et puis en septembre, je crois, quatre autres. Mais on travaille, on travaille beaucoup. Et les résultats ne se voient pas encore tous, mais la partie économique est celle qui est apparue d’abord parce qu’il y avait certains problèmes dont la presse a beaucoup parlé, et nous devons les voir. Les obstacles sont les obstacles normaux de tout le processus. Étudier la route… La persuasion est très importante. Un travail de persuasion, d’aide. Il y a quelques personnes qui n’y voient pas clair, mais toute réforme comporte ces choses. Mais je suis content : vraiment, je suis content. On a beaucoup travaillé et cette commission nous aide beaucoup. Merci.

(Père Lombardi)

Sainteté, merci pour votre disponibilité, excusez-moi si j’interromps votre conversation : vous avez été très généreux d’autant plus après un voyage extraordinaire qui nous a tous émus, je ne dis pas comme vous, mais presque. Nous avons suivi intensément les moments d’émotion spirituelle que vous avez vécus dans les Lieux Saints et nous l’avons ressentie, et cela nous a touchés. Nous vous souhaitons de bien poursuivre ce voyage et l’infinité d’autres choses que vous mettez continuellement en route, en particulier cette rencontre de prière, qui est la continuation naturelle et le complément de ce voyage : qu’elle puisse porter les fruits que vous en désirez et que tous nous désirons, je crois, pour la paix dans le monde. Merci de tout cœur, Sainteté !

(Saint-Père)

Je vous remercie beaucoup pour la compagnie, pour la bienveillance… et s’il vous plaît, je vous demande de prier pour moi. J’en ai besoin, beaucoup ! Merci.



Copyright © Dicastero per la Comunicazione - Libreria Editrice Vaticana