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JEAN-PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 6 septembre 2000

 

 

Lecture:  Lc 9, 57-60

1. La rencontre avec le Christ change radicalement la vie d'une personne, elle la pousse à la metánoia ou conversion profonde de l'esprit et du coeur et établit une communion de vie qui revient à se mettre à la suite du Christ. Dans les Evangiles ce chemin est exprimé  par  deux  attitudes:  la première consiste à "prendre la route" avec le Christ (akoloutheîn); la seconde, à "marcher à la suite" du Christ qui sert de guide, en suivant ses traces et sa direction (érchesthai opíso). C'est ainsi que naît la figure du disciple qui se réalise de manières différentes. Il y a ceux qui le suivent de façon anonyme et superficielle, comme la foule (cf. Mc 3, 7; 5, 24; Mt 8, 1.10; 14, 13; 19, 2; 20, 29). Il y a les pécheurs (cf. Mc 2, 14-15); de même sont indiquées à plusieurs reprises les femmes qui soutiennent par leur service concret la mission de Jésus (cf. Lc 8, 2-3; Mc 15, 41). Certains reçoivent un appel spécifique de la part du Christ et, parmi eux, une place particulière est réservée aux Douze.

La typologie des appelés est donc très variée:  des personnes qui se consacrent à la pêche et des percepteurs des impôts, des personnes honnêtes et des pécheurs, des personnes mariées et des personnes seules, des pauvres et des riches comme Joseph d'Arimathie (cf. Jn 19, 38), des hommes et des femmes. Il y a même le zélote Simon (cf. Lc 6, 15), c'est-à-dire un membre de l'opposition révolutionnaire anti-romaine. Il y a également ceux qui refusent l'invitation, comme le jeune riche, qui devant les paroles exigeantes du Christ, s'attriste et s'en va affligé "car il avait de grands biens" (Mc 10, 22).

2. Les conditions pour parcourir la même route que Jésus sont peu nombreuses mais fondamentales. Comme nous l'avons entendu dans le passage évangélique qui vient d'être lu, il faut laisser le passé derrière soi, en effectuant une coupure nette, une metánoia au sens profond du terme:  un changement d'esprit et de vie. Le chemin que le Christ propose est étroit, il exige sacrifice et don total de soi:  "Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive" (Mc 8, 34). C'est un chemin qui connaît les épines des épreuves et des persécutions:  "S'ils m'ont persécuté, vous aussi ils vous persécuteront" (Jn 15, 20). C'est un chemin qui rend missionnaires et témoins de la parole du Christ, mais qui exige des apôtres qu'ils ne prennent "ni pain, ni besace, ni menue monnaie pour la ceinture" (Mc 6, 8; cf. Mt 10, 9-10).

3. Marcher à la suite du Christ n'est donc pas un voyage aisé sur une route plate. On peut également connaître des moments de découragement à tel  point que, à un certain moment "beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n'allaient plus avec lui" (Jn 6, 66), c'est-à-dire avec Jésus, qui fut obligé d'interpeller les Douze avec une question décisive:  "Voulez-vous partir, vous aussi?" (Jn 6, 67). Dans une autre circonstance Pierre lui-même est brusquement repris, lorsqu'il se rebelle à la perspective de la croix, par une parole qui, selon les nuances du texte original, pourrait être une invitation à se placer à nouveau "derrière" Jésus, après avoir tenté de refuser l'objectif de la croix:  "Passe derrière moi, Satan! car tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes!" (Mc 8, 33).

La tentation de la trahison restera possible pour Pierre qui, à la fin, suivra cependant son Maître et Seigneur dans l'amour le plus généreux. En effet, au bord des rives du lac de Tibériade Pierre fera sa profession d'amour:  "Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t'aime". Et Jésus lui annoncera "le genre de mort par lequel Pierre devait glorifier Dieu", ajoutant par deux fois:  "Suis-moi!" (Jn 21, 17.19.22).

Marcher à la suite du Christ s'exprime de façon particulière chez le disciple bien-aimé, qui entre dans l'intimité du Christ, en reçoit sa Mère en don et le reconnaît ressuscité (cf. Cf. Jn 13, 23-26; 18, 15-16; 19, 26-27; 20, 2-8; 21, 2.7.20-24).

4. La gloire est le but ultime de la marche à la suite du Christ. Le chemin est celui de l'"imitation du Christ", qui a vécu dans l'amour et qui est mort par amour sur la croix. Le disciple "doit, pour ainsi dire, entrer dans le Christ avec tout son être, il doit "s'approprier" et assimiler toute la réalité de l'Incarnation et de la Rédemption pour se retrouver soi-même" (Redemptor hominis, n. 10). Le Christ doit entrer en lui pour le libérer de l'égoïsme et de l'orgueil comme le dit à ce propos saint Ambroise:  "Que le Christ entre dans ton âme, que Jésus prenne demeure dans tes pensées Jésus, pour ne laisser aucune place au péché dans la tente sacrée de la vertu" (Commentaire au Psaume CXVIII, lettre "daleth", 26).

5. La croix, signe d'amour et de don total est donc l'emblème du disciple appelé à se configurer au Christ glorieux. Un Père de l'Eglise d'Orient, qui est également un poète inspiré, Romain le Mélode, interpelle ainsi le disciple:  "Tu possèdes la croix comme bâton, appuies sur celle-ci ta jeunesse. Porte-la dans ta prière, porte-la à la table commune, porte-la dans ton lit et partout comme ton titre de gloire. Dis à ton époux qui s'est à présent uni à toi:  Je me jette à tes pieds. Donne dans ta grande miséricorde la paix à ton univers, aux Eglises ton aide, aux pasteurs la sollicitude, au troupeau la concorde afin que tous, toujours, nous chantions notre résurrection" (Hymne 52 "Aux nouveaux baptisés", strophes 19 et 22).

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Parmi les pèlerins qui assistaient à l'Audience générale du 6 septembre 2000, se trouvaient les groupes suivants auxquels le Saint-Père s'est adressé en français: 

De France:  Fraternité de Marie Reine Immaculée, Sainte-Anne d'Auray; pèlerinage du diocèse de Nice; Association "Amis de la consolation", de Draguignan; groupe de pèlerins de Paris, de Vergt, de Teyran.

Du Luxembourg:  Groupe de pèlerins de Bascharage.

De Suisse:  Pèlerins de Genève.

Du Canada:  Groupe de pèlerins.

Du Viêt-nam:  Groupe de fidèles vietnamiens de l'archidiocèse de Hôchiminh-Ville.


Chers frères et soeurs,

Pour marcher à la suite du Christ, il est nécessaire d'opérer un profond changement de mentalité et de vie. Le chemin que Jésus propose est étroit et il exige sacrifice et don total de soi. C'est un chemin qui connaît des épreuves et des persécutions. Des disciples il fait des missionnaires et des témoins de la parole du Christ, qui ne doivent rien emporter pour le voyage.

Ce voyage peut connaître des moments difficiles où le disciple est tenté d'abandonner le Maître. Se mettre à la suite du Christ, pour parvenir à la gloire, exige de l'imiter, lui qui a vécu dans l'amour et qui est mort par amour sur la croix. Le disciple "doit pour ainsi dire, entrer dans le Christ avec tout son être, et il doit "s'approprier" et assimiler toute la réalité de l'Incarnation et de la Rédemption pour se retrouver soi-même" (Redemptor hominis, n. 10). Le Christ doit entrer en lui pour le libérer de l'égoïsme et de l'orgueil. La croix, signe d'amour et de don total, est donc l'emblème du disciple appelé à se configurer au Christ glorieux.

Je suis heureux d'accueillir les francophones présents ce matin, en particulier les pèlerins vietnamiens et ceux du diocèse de Nice. Je salue cordialement les Soeurs Salésiennes missionnaires de Marie Immaculée, réunies à Rome pour affermir les engagements de leur Congrégation au service de la mission de l'Eglise. Que Dieu élargisse toujours plus votre regard de foi vers des horizons nouveaux pour l'annonce de Jésus-Christ, unique Sauveur des hommes! A tous je donne de grand coeur la Bénédiction apostolique.

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