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Discurso al Embajador de IRÁN,
Excmo. Sr. Don Mohammad MASJED JAME’I*

20 de junio de 1991



1. Je suis heureux de vous accueillir au Vatican et d'accepter les Lettres de créance qui vous nomment ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République islamique d'Iran. Vous représentez une nation aux riches traditions historiques, culturelles et religieuses, qui donnent la force morale à votre peuple dans sa tâche de reconstruction et de développement. Je vous assure que j'offre mes prières pour la paix et le bien-être de vos concitoyens.

2. La paix est le sommet des aspirations de tous les hommes et de toutes les femmes de bonne volonté. Quand elle manque, non seulement les gens sont exposés à la mort et à la destruction, comme cela vient d'être récemment le cas dans la région du Golfe, mais ils sont aussi profondément blessés dans leur dignité unique d'êtres humains. Ils sont handicapés pour poursuivre leur développement d'êtres raisonnables et spirituels. En outre, pour les croyants, la paix est un don de Dieu. Elle est comme une largesse spéciale de Dieu dans la mesure où elle rend possible la réalisation de tous ses autres dons aux personnes et à la société.

En maintes occasions, j'ai exprimé l'engagement de l'Église à rechercher un dialogue profond et respectueux avec les fidèles de la foi islamique, de façon à augmenter la connaissance mutuelle et la compréhension réciproque, et ainsi mieux servir la cause de l'harmonie et de la paix. Comme je l'ai précisément écrit dans l'encyclique Centesimus annus: «Je suis convaincu que les religions auront aujourd'hui et demain un rôle prépondérant dans la conservation de la paix et dans la construction d'une société digne de l'homme» (n° 60). Le véritable fondement du rétablissement de la justice, de l'établissement et de la consolidation de la paix, et de la promotion de tous les aspects du bien-être humain, doit être un échange sincère et de grande ampleur entre chrétiens et musulmans, basé sur le respect des caractères spécifiques de l'une et l'autre foi. Le monde a besoin du témoignage unanime de nos convictions communes sur la dignité de l'homme créé par Dieu. Nous devons sentir le poids de nos responsabilités puisque c'est avant tout aux croyants que le Créateur a confié «l’œuvre de ses mains», y compris d'une façon spéciale, sa créature par excellence: l'homme investi d'une indéniable dignité.

3. C'est la défense et la promotion de la dignité humaine que le Saint-Siège poursuit par sa présence au sein de la communauté internationale et par ses relations diplomatiques bilatérales avec de nombreux pays. Cette activité qui n'a pas d'autre but que d'être au service du bien de la famille humaine, est caractérisée par un intérêt prédominant pour les aspects éthiques, moraux et humanitaires des relations entre les peuples du monde. Dans cette perspective, je partage totalement le souhait que Votre Excellence a exprimé pour un renforcement futur des liens entre le Saint-Siège et la République islamique d’Iran, afin d'assurer une meilleure compréhension mutuelle et une collaboration réciproque dans ces domaines d'importance fondamentale.

Les graves problèmes qui affectent l'humanité, parmi lesquels la pauvreté et la faim, surtout chez des millions de réfugiés, la destruction des ressources de la terre, l'exploitation des personnes ou des groupes à des fins économiques et politiques, la souffrance infligée par la guerre, sont les signes d'un profond déséquilibre dans le cœur de l'homme. En effet, l'incapacité du monde à affronter ces situations d'une manière sage et généreuse pour les résoudre, dénote une vaste crise spirituelle. Par bien des aspects, les problèmes eux-mêmes, quand ils ne sont pas dus à des calamités naturelle, et à l'absence d'une réponse efficace à leur donner, sont l'expression d'un aveuglement spirituel dans le cœur de l'homme. n ne réussit pas à prendre en compte la volonté du Créateur qui se manifeste dans la nature même de la réalité créée. Il ne réussit pas à voir l'image de Dieu en lui-même et dans les autres, et ainsi manque-t-il de motivation et de force pour promouvoir la dignité inviolable de chaque être et la solidarité nécessaire envers ceux qui sont faibles et sans défense. Un véritable renouveau des valeurs spirituelles est nécessaire si l'on veut obtenir un monde plus juste et plus pacifique.

Les facteurs économiques et politiques seuls ne peuvent pas expliquer pleinement les changements radicaux qui interviennent en ce moment dans les structures de nombreuses nations, avec d'importantes conséquences pour les relations internationales.

Ces changements ne peuvent pas être compris correctement si l'on ne tient pas compte de la demande sous-jacente d'une responsabilité personnelle plus grande dans la poursuite de notre destinée humaine. Ils nous disent ce qu'est la soif de l'homme pour une authentique liberté spirituelle. Ainsi que je l'ai écrit, cette année, dans mon Message pour la Journée de la Paix: «Ces changements rapides attestent d'une manière très claire que la personne ne peut être traitée comme une sorte d'objet dirigé exclusivement par des forces échappant à son contrôle. Bien au contraire, malgré sa fragilité, elle n'est pas privée de la capacité de chercher et de connaître librement le bien, de discerner et de repousser le mal, de choisir la vérité et de s'opposer à l'erreur» ( Message, I) . Cette liberté de pensée, de conscience, et en conséquence de religion, est une base essentielle de la paix et je renouvelle l'espoir que les grandes religions continueront de promouvoir la compréhension mutuelle et le dialogue sur la base des nombreuses valeurs qu'elles partagent, de façon à assurer l'élimination des obstacles qui s'opposent à l'affirmation de cette liberté (cf. ibidem VII:). De cette façon, en suivant la loi de la conscience et les préceptes de leur propre religion, les croyants, bien qu'ayant des points de vue différents sur maint sujet, seront capables de travailler ensemble pour affronter les problèmes urgents que rencontre la famille humaine.

C'est dans cet esprit que je mentionne les communautés chrétiennes bien-aimées qui vivent dans votre pays. Tandis qu'elles demeurent fermes dans leurs convictions religieuses et ont donc besoin des moyens et des possibilités de remplir leurs propres obligations religieuses, d'approfondir et de fortifier leur foi chrétienne, elles sont formées de citoyens fiers de leur patrie et désirent prendre leur part face aux défis que leur pays rencontre actuellement.

Au moment où Votre Excellence commence sa mission diplomatique, je vous souhaite plein succès et vous assure de la coopération des différents Dicastères du Saint-Siège. Je vous prie de faire parvenir mes salutations au Président, au gouvernement et au Peuple de la République islamique d'Iran, sur lesquels j'invoque les bénédictions abondantes de Dieu et tout puissant.


*La Documentation catholique n.2033 pp.727-728.

 

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