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DISCOURS DU SAINT-PÈRE JEAN-PAUL II
À S. E. MONSIEUR KIRIL KIRILOV MARITCHKOV,
NOUVEL AMBASSADEUR DE LA RÉPUBLIQUE
DE BULGARIE PRÈS LE SAINT-SIÈGE*

Samedi, 14 novembre 1992

 

Monsieur l’Ambassadeur,

Je suis heureux d’accueillir Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme premier Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Bulgarie auprès du Siège Apostolique. Cette rencontre constitue un jalon important pour les relations entre le Saint-Siège et la noble nation bulgare.

Je suis sensible aux paroles chaleureuses que vous m’avez adressées. Je vous remercie en particulier pour le message d’estime que vous m’avez transmis de la part des autorités de votre pays. Je vous demanderai de leur adresser en retour mes salutations déférentes et les vœux que je forme pour ceux qui ont la haute charge de servir la nation et leurs compatriotes.

Vous avez vous-même évoqué les liens féconds qui ont rapprochés depuis plus d’un millénaire le Siège Apostolique et la Bulgarie, nation au riche passé culturel et religieux. Les saints Cyrille et Méthode, évangélisateurs de l’Europe centrale, sont particulièrement honorés par votre peuple et par ses dirigeants. Ils font partie de votre histoire et de votre tradition. Le pèlerinage annuel à l’église Saint-Clément de Rome, effectué par vos compatriotes, témoigne de l’attachement profond de tout un peuple à ceux qui ont permis que s’affermisse une culture authentiquement slave en annonçant l’Évangile de Jésus Christ dans la langue accessible à tous. Au long des siècles et dans les générations successives, cette culture d’Europe centrale a favorisé la prise de conscience d’appartenir à des populations ayant à réaliser leur unité nationale et capables d’apporter une part spécifique à la cohésion renouvelée dans le continent.

Vous avez rappelé, Monsieur l’Ambassadeur, des événements personnels liés à la présence de Monseigneur Angelo Roncalli dans votre pays. Vos souvenirs rendent manifestes l’affection du peuple bulgare envers la personne de mon vénéré Prédécesseur et la confiance qu’inspirait son œuvre infatigable. On en trouve un signe dans le fait qu’aujourd’hui une rue de la capitale bulgare porte son nom. Votre témoignage fait apparaître aussi une des dimensions essentielles de la vie ecclésiale au sein des sociétés où l’Église exerce sa mission spirituelle, à savoir l’exercice de la charité et de la solidarité nationale. En effet, Monseigneur Roncalli, d’abord Visiteur Apostolique puis Délégué Apostolique à Sofia, a grandement favorisé les œuvres caritatives en faveur des réfugiés et des plus pauvres. On se souvient en particulier qu’il a contribué à aider les victimes du tremblement de terre de 1928. Le futur Pape Jean XXIII, avant de terminer sa mission en Bulgarie, affirmait: «Je quitte votre pays comme un ami... J’emporte avec moi de merveilleux souvenirs de Bulgarie». La hiérarchie et le peuple catholique s’inscrivent dans cette tradition de fraternité et d’amitié. L’Église souhaite se doter de structures diocésaines adéquates en ayant les moyens matériels suffisants pour accomplir sa mission spirituelle d’annoncer l’Évangile, dans le respect fraternel et dans un esprit de collaboration avec la hiérarchie et les communautés orthodoxes.

Les catholiques de Bulgarie sont certes peu nombreux. Mais ils souhaitent participer activement à la vie sociale, grâce à la bienveillance que leur portent vos compatriotes et au bon accueil que leur ont réservé les autorités, et contribuer à promouvoir des relations toujours plus cordiales entre tous les habitants de la terre bulgare, quelles que soient leur origine sociale et ethnique ou leur confession religieuse, en vue d’affermir la conscience nationale qui s’est déjà largement manifestée dans la transition pacifique vers la démocratie. Avec leurs concitoyens, ils désirent promouvoir l’entente cordiale avec les nations voisines, pour que chaque peuple puisse jouir de la paix et de la liberté enfin retrouvées grâce aux changements politiques intervenus récemment dans les Balkans. Les nombreuses années de souffrance et d’épreuve vécues par beaucoup de vos compatriotes n’ont pas étouffé leur dynamisme. Ils possèdent les ressources de ténacité, d’espérance et d’audace nécessaires pour bâtir une société fraternelle. Des personnes d’autres cultures peuvent bénéficier de la proverbiale hospitalité slave et être intégrées dans la nation. Elles apportent leur aide et leur savoir-faire à la vie du pays. Il est important qu’elles soient toujours respectées et reconnues selon les principes qu’inspirent le sens de la justice et le partage équitable de la terre entre les hommes.

Ma pensée rejoint en ce jour tous vos concitoyens. J’exprime le vœu fervent que chaque nation du continent européen connaisse, dans ses frontières, l’unité et la paix auxquelles tous aspirent et participe ainsi à l’édification de la Communauté internationale. Pendant la longue période où le joug communiste a gravement pesé sur de nombreux peuples, vous le savez, l’Église n’a cessé de rappeler à temps et à contretemps le droit des personnes et des peuples de voir leur autonomie reconnue et de jouir de la liberté d’association, d’entreprise et de pratique religieuse. Le Saint-Siège a le souci de favoriser les relations entre les peuples et entre les dirigeants des nations, afin que s’instaure un dialogue constructif et afin que grandisse la confiance entre les États, éléments indispensables à la construction d’un monde fraternel, où chacun pourra avoir la place qui lui revient.

Au moment où commence votre mission de Représentant de la République de Bulgarie auprès du Saint-Siège, je vous offre, Monsieur l’Ambassadeur, mes vœux les meilleurs. Je souhaite que les découvertes de l’histoire romaine que vous pourrez faire vous permettent d’être comme un pont entre la culture latine et la culture slave, pour que se rapprochent et dialoguent intensément des frères du même continent. Pour leur part, les nouvelles relations diplomatiques traduisent des liens qui sont restés vivants à travers les vicissitudes de l’histoire. J’espère qu’ils s’affermiront et s’intensifieront dans la confiance mutuelle. Soyez assuré que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs le soutien attentif et la compréhension cordiale dont vous aurez besoin pour que votre activité soit fructueuse et vous apporte les satisfactions attendues.

Sur Votre Excellence, sur le peuple bulgare et sur ses dirigeants, j’invoque de grand cœur l’abondance des Bénédictions divines.


*Insegnamenti di Giovanni Paolo II, vol. XV, 2 pp. 586-589.

L'Attività della Santa Sede 1992 pp. 732-734.

L’Osservatore Romano 15.11.1992 pp.10,14.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue français n.47 p.7.

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