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DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II
À S.E. M. ALBERT MBONERANE
, NOUVEL AMBASSADEUR
DE LA RÉPUBLIQUE DU BURUNDI PRÈS LE SAINT-SIÈGE
À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION
DES LETTRES DE CRÉANCE*

 Jeudi 13 janvier 1994

  

Monsieur l’Ambassadeur,

Soyez le bienvenu en cette demeure, où j’ai la satisfaction d’accueillir Votre Excellence à l’occasion de la présentation des Lettres qui L’accréditent comme Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Burundi près le Saint-Siège.

Ce cérémonial, que nous aurions aimé voir se dérouler dans une atmosphère toute sereine, est malheureusement empreint d’une certaine tristesse en raison du drame que vit le peuple burundais. Lors de mon inoubliable visite pastorale de septembre 1990, qui m’avait permis d’apprécier la chaleureuse hospitalité de vos compatriotes, le sérieux le leur réflexion et la ferveur de la foi des catholiques, j’avais espéré que le peuple du Burundi se serait résolument engagé sur le chemin de la réconciliation fraternelle et de l’unité, pour vaincre les obstacles de la pauvreté et poursuivre l’œuvre de développement national, dans la fidélité aux nobles traditions ancestrales.

Les événements atroces d’octobre dernier ont mis un frein à ces objectifs et, pour reprendre vos propres termes, les démons de la division semblent avoir repris du terrain. Cependant, dans le prolongement du message que j’ai fait parvenir à Madame le Premier Ministre à l’occasion des funérailles du Président de la République, je voudrais inviter une fois encore tous les Burundais à la réconciliation et à la confiance réciproque. Je souhaite qu’ils s’unissent pour reconstruire ensemble la nation, combler le vide institutionnel qui a déstabilisé le pays et faire du Burundi un Etat de droit qui garantisse les libertés fondamentales et professe le respect des droits de l’homme.

Ainsi que l’a proclamé mon Envoyé spécial, Monsieur le Cardinal Roger Etchegaray, dans son homélie à la cathédrale de Bujumbura le 24 décembre, il faut maintenant décréter « l’état d’espérance » afin que revienne le goût de vivre et de bâtir, que la sécurité s’installe et que les exilés prennent le chemin du retour, dans la certitude consolante d’être accueillis sur leur propre sol par leurs frères et sœurs.

Par votre intermédiaire, je voudrais, Monsieur l’Ambassadeur, adresser mon salut affectueux à la chère communauté catholique. En particulier, vous me permettrez de remercier mes frères dans l’épiscopat ainsi que mon Représentant personnel à Bujumbura pour les efforts qu’ils ont déployés en vue d’apaiser la violence et d’encourager le retour à l’ordre. De grand cœur, j’exhorte les catholiques à contribuer de toutes leurs forces à faire tomber les murs de la haine et à mettre en pratique le commandement de l’amour fraternel que nous a légué le Christ. Que les communautés chrétiennes se présentent comme les fruits mûrs d’une réconciliation vraie!

Je puis vous assurer, Monsieur l’Ambassadeur, que les membres de l’Eglise catholique demeurent désireux d’apporter, comme par le passé, leur contribution à l’édification d’une société burundaise juste et fraternelle. Sous la conduite de leurs évêques, ils ont à cœur d’instaurer, particulièrement chez les jeunes, le climat de vérité, de justice, de solidarité, de réconciliation et de fraternité qui permettra à la nation de progresser harmonieusement. Par ses institutions confessionnelles, l’Eglise catholique souhaite continuer à œuvrer à la promotion de la personne humaine, à se dévouer au service de la santé et de l’éducation, à soutenir l’existence de familles au service de la vie. Elle désire coopérer dans tous ces domaines avec les croyants des autres confessions chrétiennes ou des autres religions.

Alors que vous inaugurez votre mission, Monsieur l’Ambassadeur, je vous offre mes vœux les meilleurs. Je vous assure que vous trouverez toujours ici un accueil attentif et une compréhension cordiale auprès de mes collaborateurs.

Sur Votre Excellence et sur toutes les familles burundaises, en particulier celles qui sont encore dans la douleur, j’invoque avec ferveur le réconfort, le soutien et la vivifiante présence du Dieu de la paix.


*Insegnamenti di Giovanni Paolo II, vol. XVII, 1 p.108-110.

Att. SS. 1994 pp. 50-51.

L'Osservatore Romano14.1.1994 p.9.

L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française n.5 p.7.

 

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