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DISCOURS DU PAPE JEAN PAUL II
À S.E. M.
BIRGER DAN NIELSEN,
NOUVEL AMBASSADEUR DU DANEMARK
PRÈS LE SAINT-SIÈGE À L'OCCASION
DE LA PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE*

 Vendredi 12 décembre 2003

 

Votre Excellence,

Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui et d'accepter les Lettres qui vous accréditent en tant qu'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume du Danemark près le Saint-Siège. Bien que ma visite dans votre pays remonte à plusieurs années, je garde encore le souvenir de la cordialité et de l'hospitalité avec lesquelles j'ai été accueilli. Je vous remercie des aimables paroles de salut que vous me transmettez de la part de Sa Majesté la Reine Margrethe II et je vous prie de transmettre à Sa Majesté, au gouvernement et au peuple du Danemark mes meilleurs voeux ainsi que l'assurance de mes prières pour la paix et le bien-être de la nation.

L'engagement permanent du Saint-Siège en vue de promouvoir la dignité de la personne humaine est au coeur de son activité diplomatique. Sans une compréhension authentique de la valeur incomparable des hommes et des femmes, les revendications visant à défendre les droits humains fondamentaux et les efforts en vue d'atteindre une coexistence pacifique entre les peuples seront vains. Ce n'est que dans le respect et la protection de la dignité inviolable de chaque personne que la recherche de la solidarité et de l'harmonie dans notre monde trouve un fondement sûr. En effet, le besoin urgent pour la famille humaine d'exprimer de façon concrète ce que mon prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII, appelait les quatre piliers de la paix - la vérité, la justice, l'amour et la liberté - découle précisément du fait qu'il s'agit d'"exigences de l'esprit humain" (Message pour la Journée mondiale de la Paix 2003, n. 3).

Au sein de la Communauté internationale, le Danemark jouit depuis longtemps d'une grande estime en vertu de la générosité qui caractérise ses relations avec les nations en voie de développement dans le monde. Une expression concrète de cette solidarité apparaît dans la direction danoise des opérations de maintien de la paix, dans l'assistance généreuse aux projets d'aide, et dans la volonté de contribuer à la stabilité internationale et à la sécurité nécessaires au progrès social et économique sur terre. A cet égard, je suis particulièrement heureux de noter la remarque de Votre Excellence en ce qui concerne la façon dont le Danemark et le Saint-Siège ont tous deux soutenu la Déclaration du millénaire. L'engagement exemplaire de votre nation en vue de financer les objectifs de la Déclaration n'est pas passé inaperçu et j'ai l'assurance que le Danemark sera un défenseur convaincu de la nouvelle proposition de Financement international, dont le Saint-Siège salue les initiatives.

La solidarité concrète est toujours l'expression d'un désir solide et persévérant de promouvoir le bien commun. Bien que ce désir trouve un écho profond dans le coeur de tous les hommes et de toutes les femmes, il exige également une détermination à promouvoir activement une culture de la tolérance. A cette fin, votre pays s'est efforcé d'introduire des programmes d'éducation à la paix, de soutenir les projets luttant contre la pauvreté et l'injustice et d'encourager la tolérance en particulier à l'égard des communautés immigrées. A leur niveau le plus significatif, ces initiatives de grand mérite contribuent à souligner la reconnaissance de la nature essentielle de la vie humaine comme don et de notre monde comme famille de personnes. Le véritable engagement à la solidarité humaine au niveau international, en effet, trouve ses racines dans la famille domestique. Si la communion authentique et mûre entre les personnes au sein de la famille - la première et fondamentale école de la vie sociale - n'est pas véritablement appréciée et protégée, alors les relations de solidarité internationale, marquées par le respect, la justice, le dialogue et l'amour, qui servent le bien commun, seront gravement entravées (cf. Exhortation apostolique Familiaris Consortio, n. 43).

Au cours de ma visite au Danemark, j'ai remarqué que votre drapeau, le Dannebrog, est marqué par le signe de la croix. J'ai alors suggéré qu'en étant fidèle à ce symbole historique de votre existence en tant que peuple, le Danemark sera fidèle à lui-même. L'Evangile chrétien fait partie intégrante de votre histoire, et, en tant qu'inspiration et soutien pour votre peuple (cf. Discours d'arrivée, Copenhague 6 juin 1989), il est aussi crucial aujourd'hui qu'il l'a été pendant plus de mille ans. Toutefois, on ne peut s'empêcher de noter qu'une absence du sens de Dieu a projeté une ombre non seulement sur votre propre pays, mais aussi sur d'autres pays du continent européen. De nombreuses personnes sont désorientées, dans l'incertitude, et certaines même sans espoir. Avec un grand nombre d'Européens vivant sans racines spirituelles, il n'est pas surprenant que des mouvements politiques et sociaux veuillent créer une vision de l'Europe qui ignore son héritage religieux, et, en particulier, son âme profondément chrétienne (cf. Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Europa, n. 7). Les défenseurs de ces efforts peu judicieux font valoir les droits des peuples d'Europe et affirment parler en leur nom, et pourtant, ils sont aveugles face à la réalité de la loi objective supérieure inscrite dans le coeur de tout homme et femme et reconnue par la conscience humaine.

Une vision de l'Europe détachée de Dieu ne peut que conduire à la division sociale, à la confusion morale et à la désunion politique. Face aux signes de trouble qui assombrissent l'horizon du continent européen, je désire répéter à nouveau les paroles de l'Ecriture que j'ai prononcées au cours de ma visite dans votre pays:  "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique" [...] la lumière est venue dans le monde [...] celui qui fait la vérité vient à la lumière afin que soit manifesté que ses oeuvres sont faites en Dieu" (Jn 3, 16; 19-21). La vérité du Christ ne déçoit pas. Elle illumine et oriente nos chemins, en dissipant les ombres de la confusion et de la peur. A nouveau, le Christ nous invite tous "à tracer des chemins toujours nouveaux, qui ouvrent sur l'"Europe de l'Esprit", pour en faire une véritable "maison commune" où l'on trouve la joie de vivre" (Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Europa, n. 121).

Avec ces paroles d'encouragement, je vous assure que l'Eglise catholique, dans la communion oecuménique avec ses frères et soeurs chrétiens dans votre pays, continuera d'oeuvrer pour l'enrichissement spirituel et le développement social du peuple danois. A travers le témoignage de la charité, l'Eglise atteint tous les hommes et toutes les femmes, quelles que soient leur ethnie ou leur religion, en facilitant la croissance d'une "culture de la solidarité" et en redonnant vie aux valeurs universelles de l'existence humaine (cf. ibid., n. 85).

Monsieur l'Ambassadeur, je suis certain que la mission que vous commencez aujourd'hui contribuera à renforcer les liens cordiaux de compréhension et de coopération entre le Danemark et le Saint-Siège. Tandis que vous prenez vos nouvelles responsabilités, soyez assurés que les divers bureaux de la Curie romaine seront prêts à vous assister dans l'accomplissement de votre fonction. Sur vous, sur votre famille et sur vos concitoyens, j'invoque une abondance de Bénédictions de Dieu tout-puissant.


*L'Osservatore Romano. Edition hebdomadaire en langue française 2004 n. 2 p.4.

 

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