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DISCOURS DU PAPE PAUL VI
AUX PARTICIPANTS AU V CONGRÈS INTERNATIONAL
DE L’HYGIÈNE ET DE LA MÉDECINE PRÉVENTIVE

Mercredi 9 octobre 1968

 

Chers Messieurs,

Nous sommes très heureux de vous souhaiter la bienvenue dans Notre demeure, à vous tous qui vous êtes réunis à Rome, en venant de 52 nations de divers continents, pour travailler au meilleur service de la santé humaine.

Votre souci est celui de l’hygiène et de la médecine préventive. C’est un champ immense qui s’ouvre là à vos investigations et à vos réalisations pour le plus grand bénéfice de l’homme. Qui ne le voit en effet? Il vaut mieux s’efforcer d’empêcher quelqu’un de devenir malade, que de s’employer à le guérir: cela vaut mieux, et pour lui, et pour la société à laquelle il appartient!

Aussi Nous réjouissons-Nous de voir tant de praticiens mettre en commun leur expérience et leur savoir, en- ce domaine de la santé si important pour l’homme, c’est-à-dire pour chaque personne, pour chaque nation, et pour l’humanité tout entière. Aussi bien est-ce au service des personnes comme des communautés que vous entendez œuvrer, et cette double exigence commande votre réflexion et votre action.

Il est hors de doute que l’ampleur des problèmes auxquels vous êtes affrontés vous impose des actions d’ensemble, et que le rôle des pouvoirs publics est primordial dans la médecine préventive, alors qu’il n’en est pas de même dans la médecine curative. C’est dire d’ailleurs qu’en tout premier lieu, la première exigence des responsables est de lutter contre les fléaux sociaux et de créer des conditions de vie et de travail favorables à la santé de tous: Nous le redisions encore récemment aux participants du colloque romain sur l’ergonomie. Il reste encore beaucoup à faire en cet immense domaine.

Quant aux ‘mesures qu’il vous appartient de conseiller et de mettre en application, avec les moyens plus ou moins puissants qui sont mis à cet effet à votre disposition par les diverses communautés, il importe de ne jamais perdre de vue le primat de la liberté et de la responsabilité personnelles, qu’il s’agisse d’organisations administratives ou d’installations techniques. Il ne faudrait pas en effet que, par son ampleur, la médecine collective devienne inhumaine, et que l’hôpital - qui fait l’objet légitime de votre attention - ne devienne, comme on l’a dit parfois, une usine à soins. Qu’en toutes ces mesures si nécessaires de dépistage et de contrôle, on ne perde jamais de vue le caractère réservé, l’intimité légitime de tout ce qui s’attache au corps, et qui impose une limite aux contraintes qu’un spécialiste voudrait Parfois instaurer pour le bien.

C’est dire combien il est nécessaire que tous les responsables, techniciens de toutes branches, organisateurs divers, travaillent en étroit contact pour servir le bien commun sans léser les exigences légitimes de la personne, et réussissent à créer des structures institutionnelles dont la constitution et le fonctionnement permettent de garder un visage humain aux services d’hygiène et de santé. Aussi vos recherches techniques doivent-elles toujours s’accompagner d’études psycho-sociologiques des divers milieux, et d’un effort constant d’éducation des usagers, pour solliciter l’adhésion de leur liberté aux disciplines qui -leur sont proposées pour leur propre bien, comme pour celui de la communauté à laquelle ils appartiennent. Il ne faut pas en effet que l’on dépouille trop facilement un chacun de la responsabilité de sa propre vie et de celle des siens, ni qu’on lui donne l’impression confuse de se voir appliquer au nom du progrès des techniques anonymes, sans souci de sa personnalité physique et morale.

Nous aurions certes beaucoup à vous dire sur ce dernier point, et ne pouvons aujourd’hui qu’y faire allusion. Au reste n’êtes-vous pas tout pénétrés de ces devoirs? Si l’on a pu dire du médecin qu’il ne guérit jamais une maladie, mais que c’est toujours un malade qu’il soigne, il est aussi vrai d’affirmer que les mesures d’hygiène ou préventives que vous promouvez ne s’appliquent jamais seulement à un corps, mais qu’elles touchent une personne, donc un sujet qui a droit à Notre infini respect - et le chrétien ajoute: quelqu’un qui a été créé à l’image et à la ressemblance du créateur, qui est racheté par le sang du Christ, qui est appelé à connaître et aimer Dieu, et à vivre dans son intimité bienheureuse.

Toute technique ne sera donc toujours qu’un instrument dont l’application demeure soumise aux règles morales supérieures qui régissent la vie humaine. Et tout perfectionnement ne remplacera jamais le souci des personnes, qui ont un immense besoin d’un véritable amour.

N’est-ce pas, au demeurant, à travers vos recherches, cet amour de l’homme qui vous guide, et qui suscite vos expériences et tentatives, avec tout ce qu’elles comportent de risque et d’espérance? Avec vous Nous Nous en réjouissons, et de grand cœur Nous appelons sur vos travaux, comme sur vos personnes, l’abondance des divines bénédictions.

 



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