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DISCOURS DU PAPE PIE XII
AU CONSEIL DE LA FÉDÉRATION
INTERNATIONALE DES HOMMES CATHOLIQUES*

Samedi 8 décembre 1956

 

C'est avec plaisir, Messieurs, que Nous accueillons le Conseil de la Fédération Internationale des Hommes Catholiques, « Unum Omnes », actuellement réuni à Rome.

Depuis la première Assemblée Générale tenue en cette ville pendant l'Année Sainte, avec la participation de 20 nations différentes, d'heureux développements sont venus manifester la vitalité et l'importance de votre Fédération. Le nombre des pays représentés se trouve doublé en six ans, spécialement par l'accession d'organisations du continent américain. Nous souhaitons que l'universalité devienne complète, et que bientôt les chrétientés d'Asie et d'Afrique, où fleurit déjà une jeune et vigoureuse Action Catholique, soient également représentées au sein de la grande famille.

Les paroles mêmes du Seigneur, que vous avez prises pour titre et pour devise, rappellent que l'unité visible des chrétiens vivant intensément leur foi constitue un apostolat massif, s'il est permis d'employer ce mot, un vaste témoignage qui s'impose et qui oblige toutes les âmes de bonne volonté à de salutaires réflexions. Mais, soucieux de donner à votre union toute l'efficacité qui résulte d'efforts méthodiquement concertés, vous cherchez à « favoriser les contacts entre les associations nationales affiliées pour leur permettre, dans un esprit de charité fraternelle, de se mieux connaître, de s'entr'aider, de mettre en commun les études et les expériences réalisées par chacune d'elles, de collaborer, dans le respect mutuel des formes que revêt leur action d'apostolat sur le plan national » (Statuts, art. IV, a). Les Assemblées générales que vous avez tenues successivement tous les deux ans à Rome, Madrid et Paris ont permis de constater les fruits de ce programme. En avril prochain vous comptez vous réunir en Hollande pour étudier deux vastes thèmes également importants : d'une part, les devoirs des catholiques dans la vie civique, syndicale et politique, d'autre part, les problèmes de synthèse, paroisse, milieu et profession. Vos échanges précédents vous ont en effet révélé les progrès souhaitables sur les divers points, et Nous avons tout lieu d'espérer que la confrontation de réflexions et de réalisations, qui se poursuivent ainsi avec grande joie et générosité à l'échelle mondiale, apportera aux diverses associations nationales le réconfort d'une plus grande lumière et d'exemples encourageants.

Avec patience et compétence vous réunissez l'information étendue et sûre, nécessaire pour entreprendre les actions de longue haleine qui doivent être les vôtres ; c'est ainsi, par exemple, que vous suivez attentivement les questions familiales, car la famille est la cellule de la chrétienté, comme elle est un élément vital de la société naturelle ; le père doit y exercer son rôle de chef, il doit pouvoir donner à ses enfants l'éducation conforme à ses convictions religieuses, et jouir dans la vie civile d'une autorité proportionée à son importance réelle. De là découlent de multiples problèmes concernant le travail, l'habitation, le rôle de la femme, problèmes sur lesquels les hommes d'Action Catholique ont à prendre position et à mener campagne courageusement avec méthode et unanimité.

Appliqués à des tâches d'apostolat général, vous rencontrez à vos côtés d'autres formes d'Action Catholique, lesquelles ont pour centre d'intérêts une paroisse, un milieu, une profession, une œuvre. Chacune a ses méthodes, et cette légitime diversité doit être respectée. L'uniformité n'est ni possible, ni souhaitable, car elle ne correspondrait ni à la variété des situations ni à la variété des ressources matérielles et humaines. Il est bon toutefois que la répartition des efforts soit judicieusement organisée, et cela suppose de la part de tous les vertus chrétiennes d'humilité et de renoncement, afin que le zèle indiscret de certains ne fasse pas obstacle aux entreprises des autres. Et cela sera d'autant plus facile que chaque groupe se tiendra en liaison plus habituelle et plus filiale avec les représentants de l'Église, qui ont charge d'orienter et d'utiliser leur activité désintéressée. « Il y a, dit saint Paul, diversité de dons spirituels, mais c'est le même Esprit; diversité aussi de ministères, mais c'est le même Seigneur; diversité encore d'opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous » (1 Cor. 12, 4-6). Il vous appartient de promouvoir par vos assemblées générales, vos conseils fédéraux, votre bulletin et tous les moyens collectifs et personnels cet esprit catholique de large collaboration, de compréhension et de discipline, qui permettra aux organisations nationales de déployer une action concordante, d'où il résultera que, s'appuyant les unes sur les autres, elles acquerront une puissance et un rayonnement beaucoup plus grands.

Votre Fédération occupe une place importante dans les Organisations internationales, et à ce titre elle exerce également son influence dans les Organismes Internationaux Officiels. C'est là principalement que vous pouvez vous faire les promoteurs d'une paix conforme aux principes chrétiens, qui surmonte les particularismes, triomphe de certaines passions nationalistes, tout imprégnées de rancune, de jalousie et d'orgueil. Efforcez-vous donc par tous les moyens à votre disposition de créer entre les peuples un climat de confiance, de compréhension, d'organiser leur collaboration sur une base de fraternité et de service mutuel.

Nous vous félicitons en particulier de l'intérêt, que vous portez à vos nombreux frères chrétiens persécutés, spécialement en Europe et en Asie. Vous les soutenez de vos prières; vous protestez en leur faveur au nom de la justice et du droit des gens; vous profitez enfin de leur exemple de fidélité héroïque au Christ et à l'Église. Leur sacrifice, uni à celui du Sauveur, est encore plus précieux aux yeux de Dieu que le zèle des apôtres; et c'est de lui que Nous espérons, au jour de la miséricorde, le retour à l'unité de peuples entiers, aujourd'hui écrasés et séparés violemment de l'unique bercail préparé par le bon Pasteur.

Hors de l'Église, en effet, pas d'unité profonde et durable. Voilà pourquoi votre tâche est si belle et si pressante. Favoriser l'harmonie entre le monde moderne et l'Église, mettre avec une abnégation profonde son travail au service du Royaume de Dieu ; voilà une œuvre digne des plus nobles cœurs. La foi et la charité, qui vous font voir Dieu dans les hommes, soutiennent votre effort, et Nous prions le Père des cieux de la bénir et de la faire fructifier. C'est dans ce but et comme gage de Notre paternelle affection, que Nous vous accordons de grand cœur, chers fils, à vous et à vos familles, à votre Fédération et à tous ses membres, Notre plus large et plus profonde bénédiction apostolique.


* Discours et messages-radio de S.S. Pie XII, XVIII,
 Dix-huitième année de Pontificat, 2 mars 1956 - 1er mars 1957, pp. 703 - 705
 Typographie Polyglotte Vaticane

 



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