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DISCOURS DU PAPE JEAN PAUL II 
À LA RÉUNION PLÉNIÈRE DU SECRÉTARIAT 
POUR LA PROMOTION DE L'UNITÉ DES CHRÉTIENS

Samedi 18 novembre 1978

 

Chers frères dans l’épiscopat, 
Chers fils, 

Il me semble très significatif qu’à peine un mois après mon accession au siège de Rome, je puisse vous recevoir, vous qui êtes venus des cinq continents pour prendre part à la réunion plénière du Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens. En effet la restauration de l’unité entre tous les chrétiens était l’un des buts principaux du deuxième Concile du Vatican et, dès mon élection, je me suis engagé formellement à promouvoir l’exécution de ses normes et de ses orientations, considérant que c’était là pour moi un devoir primordial. Votre présence ici aujourd’hui a donc une valeur symbolique. Elle manifeste que l’Eglise catholique, fidèle à l’orientation prise au Concile, non seulement veut continuer à avancer sur la voie qui mène vers la restauration de l’unité, mais désire, dans la mesure de ses moyens et en pleine docilité aux suggestions de l’Esprit Saint, intensifier à tous les niveaux sa contribution à ce grand « mouvement » de tous les chrétiens. 

Un mouvement ne s’arrête pas, ne doit pas s’arrêter avant d’avoir atteint son but. Or nous ne sommes pas encore arrivés, même si nous devons remercier Dieu du chemin parcouru depuis le Concile. Vous êtes précisément réunis pour faire le point, pour voir où nous en sommes. Après ces années d’efforts multiples animés par une immense bonne volonté et une inlassable générosité, nourris de tant de prières et de sacrifices, il était bon de faire ce tour d’horizon pour évaluer les résultats obtenus et discerner les meilleures voies pour continuer à progresser. Car c’est de cela qu’il s’agit. Il faut, comme l’apôtre nous le conseille, être tout entier tendu en avant pour poursuivre notre course, avec une foi qui ignore la peur car elle sait en qui elle croit et sur qui elle compte. Mais notre hâte d’arriver, l’urgence de mettre un terme à l’intolérable scandale de la division des chrétiens, nous imposent d’éviter « toute légèreté, tout zèle imprudent qui pourraient nuire au progrès de l’unité ». On ne guérit pas un mal en administrant des analgésiques mais en s’attaquant à ses causes. En particulier, je voudrais rappeler ici que le Concile était persuadé que l’Eglise se manifeste principalement dans le rassemblement de tous les siens pour la célébration d’une même eucharistie autour de l’autel unique où préside l’évêque entouré de son presbyterium et de ses ministres. Même si une telle célébration eucharistique solennelle ne peut se réaliser que rarement dans notre monde moderne, il n’en reste pas moins vrai que dans chaque célébration eucharistique c’est toute la foi de l’Eglise qui entre en acte; c’est la communion ecclésiale dans toutes ses dimensions qui se manifeste et se réalise. On ne peut en dissocier arbitrairement les composantes. Agir ainsi serait faire preuve de cette légèreté que le Concile nous demande d’éviter. Ce serait ne pas percevoir toutes les richesses, les exigences et les étroites relations de l’eucharistie et de l’unité de l’Eglise. Je sais que, plus nous nous retrouvons comme frères dans la charité du Christ, plus il nous est pénible de ne pouvoir participer ensemble à ce grand mystère. N’ai-je pas dit que les divisions entre chrétiens deviennent intolérables? Cette souffrance doit nous stimuler à surmonter les obstacles qui nous séparent encore de l’unanime profession de la même foi, de la réunification, par un même ministère sacramentel, de nos communautés divisées. On ne peut se dispenser de résoudre ensemble ces questions qui ont divisé les chrétiens. Ce serait une charité bien mal éclairée qui voudrait s’exprimer aux dépens de la vérité. Rechercher la vérité dans la charité était un principe qu’aimait répéter le premier Président du Secrétariat, le vénéré Cardinal Bea, dont vous avez célébré ces jours-ci le dixième anniversaire de la mort. 

Depuis treize ans déjà, en étroite et confiante collaboration avec nos frères des autres Eglises, le Secrétariat se consacre à cette recherche d’un accord sur les points qui nous divisent encore, en même temps qu’il s’efforce de promouvoir, à l’intérieur de l’Eglise catholique, une mentalité, un esprit, une fidélité conformes aux désirs du Concile et sans lesquels les résultats positifs obtenus dans les divers dialogues ne pourraient être reçus par le peuple fidèle. Il faut rappeler ici que le Concile demandait qu’un effort particulier soit fait dans l’enseignement de la théologie et la formation de la mentalité des futurs prêtres. C’est particulièrement important de nos jours où cet enseignement ne peut pas ignorer les travaux des dialogues en cours. Comment, une fois engagés dans le ministère, ces prêtres pourraient-ils trouver, sous la direction de leur évêques la manière pastoralement responsable et prudente d’informer le peuple fidèle sur les dialogues et leur progrès, si eux-mêmes n’y avaient pas été initiés durant leur période de formation? En effet, il ne doit pas y avoir de décalage, et encore moins d’opposition, entre l’approfondissement de l’unité de l’Eglise par son renouveau et la recherche de la restauration de l’unité entre les chrétiens divisés. Il s’agit de cette même unité pour laquelle le Christ a prié et qui est réalisée par l’Esprit Saint; il doit donc y avoir une incessante interaction entre les deux aspects inséparables d’un même effort pastoral qui doit être celui de toute l’Eglise. Vous le savez, vous qui venez de vos diocèses pour nous aider à expliciter, à la lumière de vos expériences, tout ce qu’implique le Concile dans le domaine de l’unité, et en vue de faire face aux exigences nées des circonstances nouvelles que le progrès même du mouvement œcuménique a créées. Je vous remercie de tout cœur être venus et de m’avoir donné ce temps dont je sais combien il est précieux. 

A ceux qui achèvent leur service de l’unité comme membres du Secrétariat, je veux exprimer ma gratitude d’une manière toute particulière et espérer qu’ils seront dans leurs diocèses et leurs Conférences épiscopales des promoteurs avisés et ardents de l’engagement œcuménique au plan local et régional. Les constants efforts et la vigilance de tous sont requis pour promouvoir et approfondir sans cesse cette unité qui est au cœur du ministère de l’Eglise. L’Eglise n’est-elle pas, « dans le Christ, en quelque sorte le sacrement c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain »? Servir l’Eglise c’est servir le Christ dans son dessein de « réunir dans l’unité les enfants de Dieu dispersés », de tout renouveler et récapituler en lui afin qu’il puisse tout soumettre à son Père et que nous soyons tous, dans l’Esprit, éternellement à la louange de sa gloire. Ce service est grand! Il mérite toutes nos énergies. Il dépasse vraiment nos propres forces. Il exige notre continuelle prière. Que le Seigneur vous inspire et vous fortifie. En son nom, je vous bénis. 

 

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