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DISCOURS DU PAPE PAUL VI AUX PARTICIPANTS
AU XI CONGRÈS INTERNATIONAL DE RADIOLOGIE

Samedi 25 septembre 1965

 

Chers Messieurs,

Quelle assemblée imposante vous formez devant nos yeux! Imposante à plus d’un titre: par le nombre tout d’abord; par l’origine ensuite, puisque, à travers vos personnes, c’est presque le monde entier qui est là présent; par votre activité surtout de radiologues, qui est la raison même de ce rassemblement extraordinaire, de spécialistes de tous pays réunis à Rome pour le onzième Congrès international de radiologie. Avec un grand intérêt – trop rapidement à Notre gré, mais vous savez bien Nos lourdes tâches en tette période conciliaire –, Nous avons pris connaissance du programme de vos travaux scientifiques, de la liste des participants, et du titre des principales interventions.

Nous avons été impressionné par le nombre et la variété de ces rapports, par le sérieux des thèmes abordés, et aussi, par l’esprit de collaboration que ce programme manifeste, et qui vient de porter ses fruits, tous ces jours-ci, au tours de colloques féconds. Aussi est-ce avec satisfaction que Nous avons accueilli votre désir d’être reçus par Nous en audience. Nous sommes honoré de votre démarche, et Nous vous en remercions.

Vous n’attendez certes pas de Nous que Nous entrions dans le domaine de vos hautes compétences: Radiodiagnostique, Radiothérapie, Radiobiologie, Médecine nucléaire, Physique, Technique, et problèmes généraux de radiologie, ainsi que les conséquences dramatiques des radiations atomiques. Mais ce simple énoncé suffit à légitimer l’intérêt profond que Nous portons à votre réunion de savants et de praticiens. Car comment pourrions-Nous ne pas Nous réjouir de voir tant de personnalités – et si éminentes – mettre en commun le fruit de leurs laborieuses recherches scientifiques au service de la médecine, c’est-à-dire de l’homme qui souffre?

Chacun sait quelle attention, quelle patience, quel don de soi pour tout dire, exigent les études radiologiques et leurs applications thérapeutiques, et souvent aussi quels sacrifices de la part de ceux qui manipulent ces instruments aussi prodigieux que périlleux. Il n’est personne non plus qui ignore quels services considérables et multiples la radiologie a rendus pour le diagnostic et le traitement des maladies. Et que d’espoirs fondés suscite aujourd’hui l’emploi de la radiologie, tant pour la détection des maladies que pour le soin des malades. Le chemin parcouru est vraiment immense, – comme le rappelait si éloquemment tout à l’heure votre éminent Président, le Professeur Luigi Turano –, depuis la découverte faite il y aura bientôt soixante-dix ans par Wilhelm Conrad Röntgen, découverte suivie de celles d’Henri Becquerel et de Pierre et Marie Curie.

Ce chemin d’une ère nouvelle pour la science comme pour l’humanité a été malheureusement marqué – c’est encore votre Président qui le soulignait en des termes d’une belle élévation spirituelle – par d’effrayantes catastrophes dues au génie destructeur de l’humanité. Mais c’est, Messieurs, votre honneur, de manifester à la face du monde que des savants de tous pays, au lieu de mettre leurs talents à la disposition de politiques de destruction, entendent au contraire les unir en un faisceau de bonnes volontés et de compétences uniquement dirig6 vers le soin de ceux qui souffrent.

Oui, tout ce qui a pour objet la santé des hommes mérite vraiment d’être admiré et encouragé. Et particulièrement quand il s’agit de la radiologie, qui exige des qualités professionnelles très sérieuses, entraîne de graves obligations, et fait du radiologue, non seulement un homme de sciences initié à des études difficiles et à des méthodes délicates, mais encore un praticien qui inspire respect et confiance.

Vous êtes ainsi appelés, Messieurs, à une vertu supérieure de service et d’amour à l’égard de vos patients, cette vertu que les chrétiens appellent charité et qui se caractérise par le respect envers celui qui souffre, considéré comme l’image mystérieuse du Christ lui-même. Ce malade, qui est notre prochain, d’une manière toute spéciale, parce qu’il est dans le malheur, qu’il souffre, qu’il a besoin de nous, qu’il nous demande soutien, aide et réconfort, nous voulons l’assister, le soulager dans ses souffrances, l’aider, le guérir si possible, non seulement pour des motifs humains et des mobiles professionnels, si nobles déjà et auxquels Nous tenons à rendre devant vous, Messieurs, un hommage particulièrement mérité; mais encore pour une motivation religieuse, l’amour de Dieu qui est la racine et la source de l’amour du prochain.

Que d’exemples d’amour désintéressé des autres nous seraient apportés, si tous ceux qui ont recouru à vous pouvaient se réunir et raconter tout ce qu’ils vous doivent et que vous leur avez donné, non seulement au plan de vos obligations professionnelles consciencieusement remplies, mais aussi et encore parce qu’ils ont trouvé en même temps en vous des hommes compatissants et un prochain secourable. Vous donnez là, – en union avec tous ceux qui, dans leur spécialité comme dans l’exercice de la médecine générale, se consacrent au soin de l’humanité souffrante –, vous donnez là un magnifique exemple de solidarité et d’humanité, qui remplit les hommes de bien d’une grande espérance. Et Nous aimons à ce propos évoquer la figure du docteur Albert Schweitzer, qui vient de nous quitter, après une longue vie toute consacrée aux plus déshérités, dans l’exercice de la médecine et des œuvres de miséricorde. Oui, l’homme peut réaliser de grandes choses, quand il est animé par un noble idéal, capable d’inspirer des sacrifices héroïques, et de susciter des collaborations enthousiastes.

Telles sont, Messieurs, quelques-unes des pensées que Nous suggère votre présence auprès de Nous ce soir. Vous allez maintenant reprendre votre travail, bien souvent humble et modeste, dans vos cliniques, vos hôpitaux, vos ambulances, loin des feux de l’actualité qui font plus volontiers briller les événements qui agitent l’humanité. Mais vous n’avez certes pas besoin de cette lumière passagère. Il en est une autre, dans vos cœurs, qui vous conduit vers vos frères souffrants, et vous entraîne dans un sillage de bonté et d’amour. Soyez toujours fidèles à cette noble vocation, c’est là Notre vœu pour vous. Et de grand cœur Nous appelons sur vos personnes et vos familles, ainsi que sur votre activité secourable, l’abondance des divines grâces, en gage desquelles Nous vous donnons une particulière Bénédiction Apostolique.

                                               



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