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DISCOURS DU PAPE PIE XII
AU PREMIER AMBASSADEUR DU SALVADOR PRÈS LE SAINT-SIÈGE,
S.E.M. HÉCTOR ESCOBAR SERRANO
*

Mardi 25 mars 1952

Monsieur l’Ambassadeur,

C’est avec la plus vive satisfaction que Nous avons entendu de la bouche du nouveau Représentant de la République du Salvador que l’élévation de la précédente mission au rang d’ambassade a son inspiration et sa raison d’être dans la ferme volonté d’un peuple, pour ainsi dire intégralement catholique, qui désire donner ainsi un témoignage de la profonde vénération et de la filiale dévotion qu’il professe à l’égard du Siège Apostolique, reconnu par lui comme l’institution particulière, œuvre de la main du Seigneur, dont le destin est de faciliter à l’humanité tout entière la réalisation de ses plus hautes fins ; une institution qui « en ces moments de trouble dans le monde, – comme a dit Votre Excellence avec une phrase aussi vraie qu’exacte, – représente une voie lumineuse de paix et de concorde ».

Une semblable attitude est conforme à la qualité qui correspond au digne représentant d’une nation, portant dans son nom la plus haute évocation religieuse et, dans son histoire, l’empreinte indélébile du catholicisme le plus enraciné ; donc, – si Nous voulons laisser de côté les temps semi-nébuleux du mythique Votán ou préhistoriques de l’héroïque Quezalcohualt, – personne ne peut ignorer que votre histoire débute avec ce Pierre de Alvarado, qui, en 1524, plaça ses conquêtes sous la protection de la Sainte Trinité et, en 1528, donna le nom de San Salvador à votre capitale, ni qu’elle entre dans les temps actuels avec une liste de grands personnages Pères de la patrie, dans laquelle on ne peut omettre les noms des prêtres Delgado, Rodriguez, Aguilar et Arce.

Elle n’était donc qu’une conséquence l’adhésion franche et claire du peuple du Salvador à une mission qui est fondamentale dans l’Église de Jésus-Christ et à l’exercice et au succès de laquelle devait demeurer inébranlablement fidèle, – et de fait il l’est demeuré –, son Chef visible, bien que tous les autres, – hommes et institutions, – vacillent dans leurs intentions de paix ou vont jusqu’à les oublier. Cependant il est nécessaire de reconnaître que cette entente acquiert une signification spéciale à l’heure actuelle, quand l’évolution des événements et le cours des conversations mondiales révèlent que l’on s’achemine de plus en plus vers de nouvelles discordes et de plus funestes tensions ; et elle donne en même temps à sa première intervention officielle en ce centre de la chrétienté un profond contenu moral, dont Nous sommes reconnaissants envers monsieur le Président de la République, dont la confiance vous a envoyé auprès de Nous ; envers tout le cher peuple du Salvador et, tout spécialement, envers Votre Excellence qui s’est faite, avec tant de dignité, l’interprète de sentiments si élevés.

En évoquant les paroles, qui ne Nous sont pas inconnues, du message inaugural de votre chef d’État, vous avez manifesté, Excellence, votre souhait que le but ultime des harmonieuses et fécondes relations entre l’Église et l’État dans votre pays soit fixé dans l’extension à toutes les catégories de votre bon peuple d’un haut niveau intellectuel et moral, en exprimant, en même temps, la confiance de pouvoir compter, pour cette fin, sur Notre bienveillant appui. Nous vous le garantissons, avec Notre cœur de Père débordant de joie et d’espérance et en vous priant de vouloir recourir à lui largement et constamment.

Si, d’un regard rétrospectif qui embrasse ces derniers temps, Nous voulons considérer la vie de votre pays, sans pour cela détourner les yeux attentifs et vigilants, des temps présents, il serait facile de prédire que grâce à une intelligence réciproque et sereine, soutenue par la pureté des intentions et par le sincère désir de réalisation, on ne manquerait pas de trouver les occasions où pourrait se démontrer de la part de votre gouvernement une compréhension effective, à l’égard du peuple fidèle du Salvador, dans toutes ses classes, de tout ce qui a trait à la réalisation de ses plus légitimes aspirations religieuses et culturelles.

Quant à ce qui touche à l’Église, l’évolution de la situation constitutionnelle et législative ne s’est pas toujours réalisée dans votre patrie, comme dans d’autres nations, en accord avec les principes et les critériums que paraissaient réclamer les sentiments religieux du peuple et les exigences inéluctables d’un bien commun justement entendu.

Sous l’influence pernicieuse de certaines idées, dont la futilité est chaque jour plus évidente, se succédèrent dans votre nation, entre certaines organisations bien orientées, des reculs et des heurts, dont souffre encore sensiblement de leurs effets une bonne partie de votre peuple.

Quoi qu’il en soit, Nous comprenons bien qu’il est toujours plus facile de constater l’existence de telles déficiences que de les surmonter avec sérénité et prudence en s’engageant sur une voie nouvelle et bienfaisante. Mais il est également certain que tout gouvernement, disposé à tirer les enseignements opportuns des expériences du passé et à tenir compte des légitimes aspirations de l’immense majorité de la population, trouve toujours, précisément dans la rencontre de ces mêmes éléments, le moyens sûr de commencer, pour le moins, le travail de correction et d’entreprendre l’exécution du programme ardemment souhaité, dont les effets salutaires se feront aussitôt noter par des fruits permanents.

Le Salvador, Monsieur l’Ambassadeur, ne peut manquer de tenir compte de la position détachée et transcendantale que lui concèdent sa situation et ses caractéristiques géographiques. Il pourrait sembler à certains un petit pays; mais, en revanche, tout le monde est d’accord pour lui reconnaître une notable et forte singularité dans cette sorte de ferveur de vie que dénotent la haute densité de sa population, le caractère industrieux de ses fils et la nature accidentée et variée de son sol, – par cela même plus pittoresque, plus attrayant et plus riche ; – sans oublier la beauté sans pareille de ses vallées ouvertes sur la mer et du haut desquelles la vue se récrée sur un horizon illimité de verdure, plein d’enchantement et de promesses.

Et comme dans le matériel, il l’est beaucoup plus dans le spirituel. Les forces latentes du peuple catholique du Salvador, après avoir éliminé résolument les empêchements reconnus par tous spécialement dans le domaine de l’enseignement, doivent se relever puissantes et accourir, bienfaisantes, à tous les centres vitaux de la nation, déjà préparée pour cette élévation morale, culturelle et spirituelle ; d’un tel relèvement aucune administration prudente n’a rien à redouter, mais elle a au contraire beaucoup à espérer.

Dans la conviction, Monsieur l’Ambassadeur, que votre mission, si heureusement commencée aujourd’hui, doit arriver pour l’intérêt commun et dans le sens que Nous avons indiqué, à aplanir le chemin vers des résultats de plus en plus élevés, Nous envoyons à tous Nos très chers fils de votre magnifique pays, unis à Nous par le lien de la foi, la Bénédiction apostolique.


* L’Osservatore Romano. Édition hebdomadaire en langue française n.14 p.4

Documents Pontificaux 1952, p.94-97



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